• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Christophe

sur La mythologie citoyenne


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Christophe (---.---.223.84) 15 mars 2006 12:28

Mais quels sont les devoirs que vous présentez pour limiter la liberté individuelle rationnelle (L’obéissance au devoir est une résistance à soi-même. Bergson) ? Prôner la liberté individuelle absolue consiste à opter pour la voie de l’anarchie. Les devoirs se tranforment en interdits uniquement pour permettre, à une humanité qui n’a pas atteint l’âge de raison, d’éviter la dérive anarchique.

[...] mais cela n’interdit pas la solidarité ou le refus des injustices ; cela veut simplement dire que la justice est aux service non d’un ordre social intangible sacralisé mais de tous les hommes sans dicrimination.

Vous omettez, à mon sens, que la justice ne peut être vue que dans le champs interprétatif de chaque individu ; particulièrement fonction de ses intérêts propres. La justice est un percept abstrait qui trouve son sens dans le contexte culturel individuel. Le percept de la justice est universel, le concept ne l’est pas ; où alors, vous posez le postulat que les facteurs interprétatifs sont orientés, imposés donc antilibéraux.

La citoyenneté vivante aujourd’hui est individualiste donc mondialement solidaire.

Individualiste dans son sens réel ou fourvoyé ; l’individualisme dans le sens de la reconnaissance de la prééminence de l’individu sur le groupe, la collectivité, la société, ou dans le sens commun se rapportant plus à l’égoïsme, voir l’égocentrisme. Cette dérive sémantique a pour origine la tendance dominante de l’intérêt individuel sur l’intérêt collectif.

Vous semblez poser le postulat de la bonté naturelle de l’Homme en exposant ainsi que l’individualisme conduit à la solidarité mondiale. La citoyenneté unitaire n’est solidaire que si l’individu trouve un intérêt individuel à être solidaire. Nous retrouvons la source du développement communautaire, communautés d’intérêts individuels.

L’individualisme éthique est au fondement de l’idée de droit de l’homme et le narcissisme, que vous semblez détester par préjugé, n’est pas du tout anti-social, car il inclut sous la forme de la citoyenneté la relation positive aux autres e à leurs droits. Qui n’est pas narcissique dès lors qu’il revendique le respect des droits de l’homme pour soi et les autres ?

Pas plus l’auteur que moi-même ne détestions le narcissisme ; encore moins par préjugé. Vous faites là un procès d’intention non constructif. Le narcissisme que vous reconnaissez n’a nulle nécessité d’être associé à l’individualisme ; il permet simplement de montrer que nous ne sommes pas des individualistes, mais que nous avons basculé vers l’égocentrisme ; qui par regroupement dans l’intérêt individuel conduit à l’ethnocentrisme.

Par contre, un narcissique revandiquera pour lui et peut revendiquer pour les autres uniquement si cela lui rapporte. Le narcissique cultive l’amour excessif de soi, associant survalorisation de soi et dévalorisation de l’autre (base psychologique).

Pas de projet commun dites-vous ? Et alors, quelle communauté devrais-je servir pour croire y trouver une identité personnelle ? Une communauté religieuse holiste (communauté=communion) en est seule capable, mais, nous le savons, au prix des libertés.

L’identité personnelle ne se construit pas indépendamment de la cummunauté à laquelle nous appartenons ; mais la démarche d’émancipation permet de s’en détacher par l’esprit. La justice elle-même restreint les libertés pour un bien commun ; ce bien commun ne peut être défini que dans un environnement donné. une communauté holiste peut ne pas être religieuse ; elle peut regrouper des individus ayant un même point de vue qui certes peut être vue sous l’angle de la doctrine. La mondialisation répond-t-elle, pour vous à la volonté d’une communauté holiste ?

Etre philosophe c’est toujours soumettre la politique à l’exigence d’universalité qui seule peut donner sens rationnel à l’idée de justice. Votre position me paraît nostalgiquement régressive et pour tout dire liberticide, car négatrice du primat des droits de l’homme (et de la femme) sur la vie politique. Etre citoyen aujourd’hui c’est aussi lutter pour la reconnaissance du droit des étrangers et revendiquer le droit de vote pour les étrangers vivants en France, au nom des droits de tous les hommes.

Etre philosophe, à mon sens, c’est toujours soumettre l’Homme à l’exigence de l’universalité perceptuelle qui seule peut donner un sens à la vie. J’insiste donc sur la notion de percept et non de concept ; entre les deux, il existe un élément que l’on nomme interprétation, mécanisme de base qui reste donc le premier processus soumis à la notion de liberté, celle de penser. Le rationalisme, dans ce contexte, est une doctrine qui enferme et limite la prétendue liberté.

Quant à votre jugement, un de plus, concernant la vision régressive, cela ne démontre que votre vision de la philosophie est quelque peut restrictive. A l’inverse de vos propos à notre égard, nous ne devrions pas initier notre discours par des préconceptions ; la philosophie évolue par le questionnement et non par les certitudes. Ces dernières ont tendance à fermer le champs d’investigation de la pensée.

Qui a peur de la liberté « individuelle » est condamné à se donner, voire à imposer, une nouvelle religion théologico-politique nationaliste, contre les autres..

Actuellement, dans les propos tenus ne transparait aucune crainte de la liberté individuelle. Nous pouvons recevoir les propos constructifs, détachés de toute vision restreinte, pour mener à bien un dialogue polémique sans émettre de jugement de valeur sur les intervenants. Cette dérive, que nous constatons chaque jour sur ce journal citoyen met en évidence non pas la volonté de convaincre ; ce qui sur ce sujet précis n’est pas mon but ; mais uniquement de démontrer que chacun porte en lui une vérité absolue, si cela possède un sens réaliste.

Mon propos ne repose donc pas sur le postulat qu’il existe une vérité absolue exprimée par tel ou tel intervenant. Il existe un seul monde, mais il existe une foultitude d’interprétation de ce même monde. L’échange peut être enrichissant uniquement si nous avons la capacité d’exposer nos idées sereinement, en occultant nos certitudes qui sont un frein à une approche intelligible.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès