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Commentaire de Alexandre Santos

sur La croissance est-elle un mythe ?


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Alexandre Santos (---.---.240.165) 15 octobre 2005 09:25

Je pense que le problème de la notion de croissance est qu’elle a perdu de sa pertinence dans un monde aux ressources limitées par rapport aux demandes actuelles.

Poser les questions économiques en terme de croissance classique nous focalise sur les mauvais enjeux, et nous aveugle sur le plus important.

Les données du problème sont simples : Si tous les habitants de la terre avaient le niveau de vie des Américains ou Européens, il faudrait plus de ressources dont dispose la Terre actuellement.

Contre ce genre de données il n’y a pas beaucoup d’arguments. Au fur et à mesure que les Chinois, Indiens, Africains, etc se développeront, la demande sur le pétrole ET les matières premières (c’est une erreur de limiter la question au pétrole) va augmenter fabuleusement, et avec cette demande aussi le prix des marchandises.

Donc la « décroissance » n’est pas une possibilité théorique, elle est inévitable dans le futur. La seule question est de savoir comment se fera la « correction » du système.

Si on laisse faire les choses sans « réforme copernicienne » du modèle économique, les marchandises et l’énergie vont atteindre des prix tels que la « croissance économique » sera étouffée et on retombera dans une recession mondiale et chronique, jusqu’à atteindre le niveau de vie que nous permet notre planète, à chacun de nous.

Avec notre mode de vie actuel, ce niveau de vie moyen sera bas.

L’autre possibilité est (comme dans les années 40) le déclenchement de guerres pour garantir un accès prévilégié aux ressources à une minorité, tandis que la majorité sera maintenue par la force des armes dans un état de misère extrême.

Comment est ce qu’on peut s’en sortir ?

Tout d’abord il faut revoir notre mode de vie et (graduelement) éliminer tout ce qui n’est pas viable sur le long terme. Ainsi par exemple rendre l’agriculture dépendante du pétrole (fertilisants, etc) implique que l’agriculture actuelle deviendra impossible lorsque le prix du pétrole grimpera en flèche. Il faudra donc développer des techniques de culture qui ne dépendent pas de ressources non renouvelables (que ce soit le pétrole ou matières premières rares).

L’agriculture n’est qu’un exemple, très parlant, de toutes les réformes qui devront être faites à tous les niveaux de l’économie.

D’une façon générale, il faudra réduire notre empreinte écologique (les ressources nécessaires pour soutenir notre mode de vie) à un niveau compatible avec la Terre, et ce pour tous ces habitants. Ceci devrait sembler évident, et c’est de là que vient la notion de décroissance.

Réduire l’empreinte écologique ne pourra se faire en abandonnant les techniques modernes et en reprenant les techniques ancestrales. Cela ne serait pas viable pour le niveau de population actuel.

Il faudra donc orienter tous nos efforts pour développer des techniques, des habitudes, une éducation, qui permettent de créer un mode de vie qui garantit une vie agréable à tous les habitants de la Terre au niveau de population actuelle.

Dans ce cadre là, vouloir gérer l’économie en augmentant sans cesse la production, la consommation, etc (système de croissance classique) est exactement le contraire de ce qui est souhaitable.


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