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Commentaire de Roungalashinga

sur Les méfaits de la « nouvelle laïcité »


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Rounga Roungalashinga 7 novembre 2011 11:03

Elle implique un être humain divisé entre un espace public aseptisé où l’expression de toute particularité serait un danger de contamination et un espace privé où le citoyen pourrait exprimer toutes ces composantes. C’est intenable pour l’individu. C’est intenable pour une collectivité qui ne peut considérer l’expression de groupes comme une maladie, comprenant un risque de contagion. Il faudrait à terme se comporter dans l’espace public comme des robots, tout manquement à la neutralité pouvant agresser les autres citoyens. De quoi seront faits nos échanges ? De quoi parlerons-nous ?


Je trouve moi aussi assez fumeuse cette distinction entre un espace public privé de toute référence religieuse et un espace privé dans lequel les préférences spirituelles de chaque individu pourraient s’épanouir. Ca veut dire quoi, pratiquer sa religion uniquement dans la sphère privée ? J’aimerais bien le savoir. Chez toi, tu as une relation particulière avec Dieu, tu souscris à des dogmes, des normes éthiques, mais dehors tu laisses ça de côté et tu t’en fous ? Ca n’a pas de sens. En réalité, ce discours sert surtout à fermer la gueule des personnes croyantes qui s’opposent à des mesures qui heurtent leur conviction. Un exemple est la polémique de l’enseignement de la théorie du gender : on a vu des personnes chrétiennes (et d’autres, d’ailleurs), protester contre cette décision, et il s’est trouvé des personnes (entre autre sur ce site) pour leur dire « vous dites ça parce que vous êtes chrétiens, donc vous n’avez pas à vous exprimer publiquement sur ce sujet ». Le délire laïque actuel n’est en réalité rien de plus que la détestation radicale de toute forme de foi.

 

Dans la rue, on voit de plus en plus de citoyennes porter sur la tête des fichus liés à l’Islam. On voit de plus en plus de citoyens porter la kippa. La « philosophe » Elisabeth Badinter le déplorait naïvement dans une interview du 28 septembre dernier au Monde des religions : « Je ne comprends pas ce besoin actuel d’exhiber une identité religieuse… »

En ce qui concerne le voile islamique, il faut bien dire et redire que le but n’est pas de montrer, mais de cacher. Ca éviterait bien des contresens si on commençait par là. Après, je me rends bien compte que dans la plupart des cas de voile musulman à l’école sont le fait de têtes à claques qui veulent juste se faire remarquer, mais alors cela relève plus de l’individualisme identitaire qui s’est développé en Occident pendant les deux ou trois dernières décennies. Je suis un individu unique, j’exprime ma différence au yeux de tous pour me sentir exister pleinement et échapper à tout moule dans lequel on voudrait me faire rentrer. L’expression de mon identité est donc un acte anticonformiste, et donc un acte de liberté. Le raisonnement peut faire illusion, sauf qu’il conduit en général à rentrer dans un moule encore plus étroit et qu’il nous coupe des autres qui expriment une autre « différence ». Dans un mond où tout le monde se veut anticonformiste, seuls les « normaux » échappent réellement au formatage. On a donc là une mentalité que n’a, à ma connaissance, jamais encouragé aucune religion.


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