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Commentaire de bigglop

sur Euro-obligations : et si Angela Merkel avait raison ?


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bigglop bigglop 26 novembre 2011 17:32

Bonjour à tous,

Le compte à rebours a commencé.
Les modifications des traités, décidées par Merkel, Monri, Draghi (dans la coulisse) vont être appliquées sans aucune consultation par référendum des citoyens européens alors qu’elle serait démocratiquement indispensable.
Comme le 16/12/2010, Van Rompuy utilisa la procédure simplifiée de l’article 48 du TFUE et deux amendements pour éviter une consultation référendaire sur la transformation de FESF et du MES en institutions permanentes.
Le 11 mars 2011, les représentants européens ont validé cette modification sans informer les citoyens des conséquences et engagements.

Le parallèle ne peut pas manquer d’être tracé, tant il est flagrant : les républicains bloquent tout compromis avec les démocrates sur la réduction de la dette américaine, au nom de leur refus principiel de toute augmentation des impôts ; les partisans allemands de ce qu’Angela Merkel a appelé « une solution politique » contribuent à l’effondrement de la zone euro tout en préconisant son renforcement, allant jusqu’à voir dans l’approfondissement de la crise une opportunité de l’obtenir.

Dans les ceux cas, des certitudes doctrinales inébranlables et une cécité d’ordre idéologique sont à la source de la même intransigeance et précipitent vers des désastres. A court terme en Europe, par la suite aux États-Unis.

En poussant à l’accession au pouvoir de Lucas Papadémos et de Mario Monti, et en applaudissant à tout rompre la victoire de Mariano Rajoy, les dirigeants européens ont brûlé leurs dernières cartouches. Ils pensaient avoir trouvé les meilleurs candidats possibles pour appliquer leur programme de réduction des programmes sociaux, de réformes structurelles et de privatisations. Mais la dynamique de la crise a, en l’espace d’un seul matin, tout fait voler en éclats hier lundi. Les marchés ont une fois de plus tranché, les taux obligataires espagnols se sont à leur tour envolés et les menaces sur la notation AAA de la France ont été à nouveau formulées.

L’Espagne a pris la corde dans la compétition qui l’oppose à l’Italie, dont l’enjeu est de tomber le premier dans le trou. Comme il était prévisible, la France a pris sa place sur la ligne de départ, avec l’Autriche à ses côtés, qui est affectée par l’exposition de ses banques en Europe centrale et de l’Est. Jacek Rostowski, le ministre polonais des finances, a déclaré à la Frankfurter Allgemeine Zeitung « Nous sommes devant un choix horrible. Dans l’ordre des horreurs, l’alternative est la suivante : soit une intervention massive de la BCE, soit la catastrophe ». Jean Peyrelevade, désormais président de la banque d’affaires européenne Leonardo, après avoir été celui du Crédit Lyonnais, estime que « si l’on ne fait pas intervenir la BCE, tout pétera », la création d’euro-obligations ne servant désormais plus à rien, « car toutes les dettes des États sont attaquées ».

En Allemagne, la Bundesbank ne se contente pas seulement de s’opposer des plus catégoriquement à cette éventualité, elle est également à l’offensive contre le manque d’ambition de la politique économique de Wolfgang Schäuble, le ministre des finances, dévoilant qu’au lieu de diminuer son déficit, le gouvernement allait l’augmenter cette année et la suivante. Parallèlement, la Bundesbank a diminué ses prévisions de croissance pour l’Allemagne, les réduisant de 1,8 % à une fourchette comprise entre 0,5 et 1 % pour l’an prochain.

Selon Jens Weidmann, son président, l’Allemagne est le « pilier de la stabilité » de l’Europe, détenteur d’une « responsabilité particulière ». Elle doit donner le « bon exemple » et être gardienne d’une « politique monétaire européenne de stabilité ». A cet égard, la Bundesbank reste opposée à toute émission d’euro-obligations, tardivement préconisées suivant différentes versions à la carte par la Commission de Bruxelles, qui tente de se trouver un rôle. Chaque pays doit se présenter seul devant les marchés pour recueillir sa confiance, selon Jens Weidmann : « La pression que fait naître le paiement de taux d’intérêts élevés peut être salutaire et est une incitation forte à des réformes et des finances publiques saines », tire-t-il comme conclusion, montrant où il place son sens des responsabilités.

Ne se cachant plus, les pressions en faveur du déblocage de l’intervention de la BCE sont désormais généralisées à toute l’Europe. Aux Britanniques, Français, Espagnols et Italiens, qui poussent au déblocage de la situation, se sont plus discrètement joint la Commission, dont l’un des membres voit la BCE comme « l’alternative principale » à la contagion de la crise, ainsi que l’Ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, qui vient d’évoquer « le potentiel qu’elle a de faire davantage ».

Mais les Allemands restent intraitables ! La Fédération allemande des banques privées (BdB) a expliqué que ce serait «  une atteinte directe à l’idée de l’union monétaire comme union de stabilité » et que, si l’Europe se trouve bien placée à un tournant, c’est aux politiques de le négocier, réaffirmant la conviction d’Angela Merkel que seules des mesures de consolidation budgétaire et des réformes structurelles pouvaient permettre de le négocier.

Rendu public par le Telegraph, un document de travail du gouvernement allemand éclaire la vision allemande, systématisant ses propositions de révision des Traités et les précisant. Il liste les moyens dont l’Europe devrait se doter afin « d’ancrer fermement et définitivement une solide culture budgétaire », pour que la zone euro devienne à long terme « financièrement stable et économiquement viable ». Les sanctions financières prises à l’encontre d’un pays en déficit excessif seraient automatiques et pourraient même être prises à titre préventif par la Commission, sans en référer au Conseil européen (qui regroupe les chef d’État et de gouvernement).

Il serait également possible pour tout pays de porter plainte contre un autre devant la Cour de justice européenne. En cas d’aide du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui doit entrer en vigueur en 2013 et prendre la succession du FESF, une réduction de souveraineté serait automatique pour qui aurait fait appel au mécanisme. Enfin, une procédure de faillite ordonnée serait mise en place pour les États qui ne parviendraient pas à rétablir leurs finances, ce qui impliquerait les intérêts privés. Conformément à l’article 48 du Traité de l’Union européenne, la « procédure  simplifiée » de sa révision pourrait être adoptée, réclamant sa ratification par une « convention » formée de représentants des parlements nationaux, du parlement européen, des gouvernements et de la Commission.

A l’heure présente, ce sont autant de châteaux en Espagne. Le bras de fer qui est engagé peut très facilement déraper et devenir incontrôlable. La réponse très négative donnée par les marchés à la victoire de la droite espagnole montre que la stratégie de réduction à marche forcée des déficits n’est pour eux pas crédible. Ils donnent une leçon sans appel aux dirigeants européens qui veulent encore croire à leur stratégie. L’intervention de la BCE, si elle devait finalement intervenir devant l’imminence de la catastrophe, alignerait la crise de la dette européenne sur celle des États-Unis, qui bénéficient du soutien de la Fed. Elle permettrait de gagner du temps, mais ne réglerait elle aussi rien pour autant.

Sans être annoncés, les préparatifs et plans en vue d’un brutal passage à une phase aiguë de la crise battent leur plein dans les établissements financiers, au sein des gouvernements… et des rédactions. Parmi ceux-ci figurent la réduction, qui se poursuit et s’intensifie, de l’exposition des fonds monétaires américains aux banques françaises. Car si la zone euro devait éclater, les banques européennes en subiraient de plein fouet les effets, accroissant notamment les risques sur les obligations souveraines qu’elles détiennent.

Angela Merkel, Mario Monti et Nicolas Sarkozy avaient affirmé jeudi dernier prendre « toutes leurs responsabilités afin d’assurer la stabilité, la prospérité et la force de la zone euro dans son ensemble ». Ils vont avoir une occasion de le montrer – qui pourrait être la dernière – jeudi prochain à Strasbourg, où ils vont tenir un mini-sommet. Les ministres des finances se réuniront le 29 novembre prochain, le prochain sommet européen aura lieu le 9 décembre. Réglons nos montres !

 


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