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Commentaire de easy

sur Un premier bilan de l'occupation de La Défense


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easy easy 27 novembre 2011 19:15

Une Révolution, ça survient lorsque des gens réclament quelque chose de légitime (et d’illégal, bien entendu), que cette chose a des arguments entendables de façon universelle, et que ces gens soient nombreux (encore que les diverses révolutions françaises se sont accomplies sans ras-de-marrée consensuel, loin de là).
 
Or la problématique Wall Street, si elle nous envoie bel et bien dans le mur résulte d’une réclamation amont et plus ancienne qui allait à exiger pour tous, le droit d’emprunter.


J’explicite :
Quand on exige le droit de participer à la gestion de l’Etat, qui semble ne pouvoir se réaliser que par petit nombre d’opérateurs aux commandes, cette demande, si elle n’est pas légale, peut sembler légitime à bien des gens sur la Planète (à toute époque)
Les princes et leurs bâtards s’étant toujours disputé légitimement le pouvoir, il peut sembler légitime à un gueux de disputer le pouvoir pourvu qu’il sache lire et écrire un peu.
Cette réclamation peut coaguler beaucoup de gens.

De plus, une révolution ne portant que sur le droit de participer au gouvernement, si elle chamboule fortement les situations antérieures, elle ne renverse pas spécialement l’ordre naturel des choses qui veut que pour obtenir un bien matériel, il faille le produire.


Il se trouve, hélas, que nos révolutions, si elles ont réussi (mais il avait fallu remettre le couvert plusieurs fois, 1789, 1792, 1830, 1848), si elles ont semblé motivées par une réclamation sur le point du droit de chacun de participer au gouvernement, se sont faites contre des maîtres riches. Du coup, elles ont également été motivée mais de manière bien plus sourde, par une envie de chacun de renverser l’ordre des choses du point de vue des possessions de biens.

Dans un premier temps, on sera allé à spolier les biens des aristocrates et de l’église pour les refiler soit à l’Etat soit à des roturiers riches et opportunistes. Dans un second temps, on sera allé à dire que n’importe qui (même les anciens aristos) avait le droit d’accéder à la richesse des biens.


Soudain des millions de Français se sont mis à fantasmer de devenir riches alors que leurs parents n’y avaient même pas rêvé. Les parents paysans se satisfaisaient de continuer, leurs enfants scolarisés fantasmaient de changer le monde et d’abord le leur.

Si ce désir d’enrichissement, ce droit d’être riche s’était formalisé lentement ça n’aurait sans doute pas posé de problèmes fondamentaux. Mais va savoir pourquoi, chacun est devenu très pressé d’avoir des valets et des demeures énormes comme les anciens aristos qui eux, n’étaient riches qu’au fil des générations.

Le crédit ouvert à tous les pressés a alors explosé.
Chacun réclamait le droit d’avoir un crédit. Seul biais légal pour s’enrichir très vite. Moyennant quoi des tailleurs sont devenus banquiers et milliardaires.

Car ici, contrairement en terre d’islam, le taux zéro était mort avec la chrétienté. Ici, le prêt avec intérêts était considéré comme sain (pourvu seulement qu’ils ne dépassassent pas par exemple 60% par an)

En 1860, il poussait des banques comme des champignons en automne. Jamais dans le Monde antérieur, alors que l’argent existait, alors que le prêt existait, il n’y avait eu une telle explosion du métier de banquier. Avec le jeu de la masse et de la concurrence, les taux ont été très bas par rapport aux taux de 100% par an qui s’étaient pratiqués à Venise du temps de sa gloire.
Sans cette incroyable démocratisation du crédit, sans ce principe devenu inconstestable du taux X par an, pas de Canal de Suez ni de Panama, pas d’industrie, pas d’autoroutes, pas de Boeing, pas de bourse, pas de Titanic, pas de commerce délirant à travers les océans.

Sans devenir jamais un droit (donc inconditionnel), le crédit à taux X (sous conditions) est devenu très accessible à tous et les taux sont restés faibles. La machine folle du consumérisme était lancée et les crises économiques ont alors surgi. Une moindre variation du taux bas faisait tout tomber en dominos.

Ces crises furent tout juste résolues par des guerres. Chaque fois que les trésoriers disaient à Napoléon que les caisses étaient trop vides pour faire la guerre, il répondait « Raison de plus pour la gagner ». Hitler itou. Eisenhower itou

A côté des guerres qui devinrent nécessaires pour résoudre les crises économiques dues au consumérisme naissant, le colonialisme devint lui aussi indispensable.
Ces solutions en guerre et en colonialisme allaient forcément avouer un jour au l’autre leur stupidité.
Mais il s’est ajouté un autre révélateur de cette absurdité, celui de l’épuisement des ressources.

Le bilan du taux X accessible à tous et du quasi droit de chacun de l’obtenir c’est la catastrophe actuelle.



Alors le mouvement occupy WS, que vise-t-il de légitime (qui ne serait donc pas légal) qui plairait à tous ou à beaucoup et qui serait une alternative au crash contre le mur actuel ?

Rien.

Ce que réclame Occupy WS est essentiellement le non consumérisme. Ce qui serait très clairement une bonne chose. Mais cette réclamation n’est qu’une excellente chose (pour le monde entier), elle n’est pas une légitimité individuelle comme l’était le droit de chacun de participer au gouvernement ou le droit de chacun de s’enrichir très vite par le crédit.


Au contraire, la réclamation d’Occupy WS est une non légitimité individuelle.
C’est, je le répète une excellente chose que de sortir du consumérisme, c’est à la rigueur légitime pour la Terre, c’est salavateur pour tous mais ce n’’est pas légitime pour chaque individu, pour l’individualisme (et encore moins pour les individus du Monde qui sont pauvres et n’ont jamais consommé comme des fous)

Disons, pour rester très politique, que le renoncement au consumérisme, qui est indispensable à la Terre et à l’Humanité, doit entraîner avec lui le renoncement à l’individualisme qui était né en 1789. Occupy WS nous oblige a beaucoup de communisme (ou de mise au pot commun) et il est donc incompatible avec le libéralisme, avec le fantasme de chacun de devenir le maître du monde.

D’où son insuccès.

Sortir du consumérisme est la seule solution viable pour l’Humanité mais les individus qui croient encore en leur chance de posséder un jour une Ferrari n’en veulent pas.


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