@Eric
"Mais
leurs principes sont assez connus et si vous avez la curiosité de
regarder le programme du NSDAP ils sont assez semblables",
Le
poncif éculé visant à établir une corrélation doctrinale entre
les « extrêmes » - en l’occurrence entre le socialisme et le
nazisme - a été contredis à maintes reprises, et notamment par des
historiens de renom. Voici ce que l’on peut lire sur Wikipédia
à ce sujet (passage qui là encore reflète bien ce que j’ai pu lire
sur la question) :
"L’idée
de mélanger nationalisme et socialisme ne se concrétise cependant
pas en un programme d’action réellement défini, bien que Drexler
prône une protection sociale pour les travailleurs, et la fin de
l’exploitation capitaliste de ces derniers. Le DAP donne ensuite
naissance au Parti
national-socialiste des travailleurs
allemands (Nationalsozialistische
deutsche Arbeiterpartei, NSDAP) : pour le spécialiste de la
période Ian
Kershaw le
national-socialisme (ou nazisme) fait partie des « mouvements
extrémistes antisocialistes
»,
et le socialisme politique est critiqué par Hitler lui-même. Pour
l’historien Aloïs Schumacher, si le programme de 1920 du parti nazi
comporte certains points qui l’approchent des thèses socialistes, on
ne peut faire du national-socialisme un courant socialiste, Hitler
ayant pour sa part défini dès 1922 le « socialisme »comme
un dévouement inconditionnel à l’État et à la Nation :
« Celui qui est prêt à faire sienne la cause nationale, dans
une mesure telle qu’il ne connaît pas d’idéal plus élevé que la
prospérité de la nation ; celui qui a compris que notre grand
hymne Deutschland
über alles signifie
que rien, rien dans le vaste monde ne surpasse à ses yeux cette
Allemagne, sa terre et son peuple, son peuple et sa terre, celui-là
est un socialiste ».
Le
nazisme est une idéologie dont la nature même fait l’objet de
débats. Pour Ian Kershaw, en dehors du nationalisme et du racisme,
le nazisme n’a pas de réelle cohérence politique, du fait notamment
de la diversité de sa clientèle électorale et militante. Le
national-socialisme n’envisage pas d’éliminer la propriété privée
ni les différences de classe, mais de fournir une protection sociale
et des salaires décents aux travailleurs.
Dans le projet national-socialiste, les classes sociales
continueraient d’exister, mais la lutte
des classes serait
éliminée au profit de l’union de la « communauté du
peuple » (Volksgemeinschaft).
L’aile gauche du NSDAP, menée notamment par les
frères Gregor et Otto
Strasser,
accorde une place importante au socialisme et à l’anticapitalisme,
au contraire d’Hitler qui se montre très hostile envers les
influences « marxistes » et n’envisage aucun
contrôle ouvrier sur les entreprises.
Après la progressive élimination de celle-ci à partir de mi-1930,
l’aile gauche du parti nazi disparait complètement, politiquement
et
physiquement, au cours de la nuit
des Longs Couteaux en 1934.
La
chute de cette faction montre que le seul intérêt d’Hitler pour le
socialisme était la manipulation de cet important courant :
après 1934, les représentants gauchisant du parti ne joueront plus
qu’un rôle de « leurre social » : si le socialisme
et l’anticapitalisme continuent ensuite - en théorie - de faire
partie de la propagande
nazie,
la plupart des objectifs sociaux proclamés ne sont pas concrétisés,
les nazis ayant fait de multiples compromis sur ce point avant et
après leur arrivée au pouvoir. L’égalité entre les hommes est à
l’encontre des idées nazies, qui reposent au contraire sur une
croyance en une inégalité fondamentale entre les hommes. Pour Ian
Kershaw, la Volksgemeinschaft -
basée sur la pureté raciale et le concept de lutte - ne repose sur
aucun concept socialiste moderne, mais au contraire sur une forme
primaire de darwinisme
social et d’idées impérialistes héritées
du xixe siècle. L’historien Hajo Holborn souligne
qu’Hitler lui-même n’a jamais été socialiste, et que les
termes « nationalisme » et « socialisme » ont
été utilisés dans ses discours comme des synonymes et de manière
interchangeable, leur sens variant d’ailleurs en fonction du public
auquel il s’adressait.
Le
national-socialisme, en outre, n’entretient aucun rapport avec
d’autres mouvements et courants « socialistes »,
qu’il s’agisse des sociaux-démocrates ou des communistes, sinon une
hostilité radicale qui mènera à la violente répression de ces
derniers après l’accession des nazis au pouvoir. Les divers courants
socialistes — notamment en relation avec la Sopade,
direction extérieure en rupture après que certains dirigeants du
SPD eurent tenté la conciliation avec les nazis — ont été très
actifs au sein de la résistance
allemande au nazisme"
Suite
au prochain numéro...