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Commentaire de Connolly

sur Vingtième anniversaire de la chute de l'URSS : quelles leçons tirer de l'histoire ?


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Connolly 22 décembre 2011 17:52

@Eric


"Mais leurs principes sont assez connus et si vous avez la curiosité de regarder le programme du NSDAP ils sont assez semblables",

Le poncif éculé visant à établir une corrélation doctrinale entre les « extrêmes » - en l’occurrence entre le socialisme et le nazisme - a été contredis à maintes reprises, et notamment par des historiens de renom. Voici ce que l’on peut lire sur Wikipédia à ce sujet (passage qui là encore reflète bien ce que j’ai pu lire sur la question) :

"L’idée de mélanger nationalisme et socialisme ne se concrétise cependant pas en un programme d’action réellement défini, bien que Drexler prône une protection sociale pour les travailleurs, et la fin de l’exploitation capitaliste de ces derniers. Le DAP donne ensuite naissance au Parti national-socialiste des travailleurs allemands (Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei, NSDAP) : pour le spécialiste de la période Ian Kershaw le national-socialisme (ou nazisme) fait partie des « mouvements extrémistes antisocialistes  », et le socialisme politique est critiqué par Hitler lui-même. Pour l’historien Aloïs Schumacher, si le programme de 1920 du parti nazi comporte certains points qui l’approchent des thèses socialistes, on ne peut faire du national-socialisme un courant socialiste, Hitler ayant pour sa part défini dès 1922 le « socialisme »comme un dévouement inconditionnel à l’État et à la Nation : « Celui qui est prêt à faire sienne la cause nationale, dans une mesure telle qu’il ne connaît pas d’idéal plus élevé que la prospérité de la nation ; celui qui a compris que notre grand hymne Deutschland über alles signifie que rien, rien dans le vaste monde ne surpasse à ses yeux cette Allemagne, sa terre et son peuple, son peuple et sa terre, celui-là est un socialiste ».

Le nazisme est une idéologie dont la nature même fait l’objet de débats. Pour Ian Kershaw, en dehors du nationalisme et du racisme, le nazisme n’a pas de réelle cohérence politique, du fait notamment de la diversité de sa clientèle électorale et militante. Le national-socialisme n’envisage pas d’éliminer la propriété privée ni les différences de classe, mais de fournir une protection sociale et des salaires décents aux travailleurs. Dans le projet national-socialiste, les classes sociales continueraient d’exister, mais la lutte des classes serait éliminée au profit de l’union de la « communauté du peuple » (Volksgemeinschaft). L’aile gauche du NSDAP, menée notamment par les frères Gregor et Otto Strasser, accorde une place importante au socialisme et à l’anticapitalisme, au contraire d’Hitler qui se montre très hostile envers les influences « marxistes » et n’envisage aucun contrôle ouvrier sur les entreprises. Après la progressive élimination de celle-ci à partir de mi-1930, l’aile gauche du parti nazi disparait complètement, politiquement et physiquement, au cours de la nuit des Longs Couteaux en 1934.

La chute de cette faction montre que le seul intérêt d’Hitler pour le socialisme était la manipulation de cet important courant : après 1934, les représentants gauchisant du parti ne joueront plus qu’un rôle de « leurre social » : si le socialisme et l’anticapitalisme continuent ensuite - en théorie - de faire partie de la propagande nazie, la plupart des objectifs sociaux proclamés ne sont pas concrétisés, les nazis ayant fait de multiples compromis sur ce point avant et après leur arrivée au pouvoir. L’égalité entre les hommes est à l’encontre des idées nazies, qui reposent au contraire sur une croyance en une inégalité fondamentale entre les hommes. Pour Ian Kershaw, la Volksgemeinschaft - basée sur la pureté raciale et le concept de lutte - ne repose sur aucun concept socialiste moderne, mais au contraire sur une forme primaire de darwinisme social et d’idées impérialistes héritées du xixe siècle. L’historien Hajo Holborn souligne qu’Hitler lui-même n’a jamais été socialiste, et que les termes « nationalisme » et « socialisme » ont été utilisés dans ses discours comme des synonymes et de manière interchangeable, leur sens variant d’ailleurs en fonction du public auquel il s’adressait.

Le national-socialisme, en outre, n’entretient aucun rapport avec d’autres mouvements et courants « socialistes », qu’il s’agisse des sociaux-démocrates ou des communistes, sinon une hostilité radicale qui mènera à la violente répression de ces derniers après l’accession des nazis au pouvoir. Les divers courants socialistes — notamment en relation avec la Sopade, direction extérieure en rupture après que certains dirigeants du SPD eurent tenté la conciliation avec les nazis — ont été très actifs au sein de la résistance allemande au nazisme"

Suite au prochain numéro...


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