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Commentaire de easy

sur Le citoyen est-il un animal domestique ?


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easy easy 1er février 2012 01:36

«  »«  »Donner au citoyen son domicile particulier comme seul fief«  »"

Ca me parle.

Mais comme ceux qui n’ont plus que leur domicile comme fiel ne réalisent pas ce que peut être un fief plus grand, je vais en donner un exemple.

Quand j’étais jeune, je faisais partie des 300 personnes qui vivaient à l’année dans une station de sports d’hiver sortie de nulle part (genre La Plagne) Chacun de nous avait son domicile comme fief (où il ne se passait pas grand chose) + son commerce comme fief où il se passait beaucoup de choses, et la sation entière, pistes comprises où il se passait plein de choses et où chacun de nous avait un rôle à jouer.
Chacun de nous se considérait responsable de l’ensemble et veillait à ce que les milliers de touristes s’y sentent heureux lors de leur passage. Bien entendu que nous aménagions notre commerce en conséquence, ça va de soi. Mais l’air de rien, sans atribution officielle, nous nous activions de mille manières à l’extérieur pour que tout se passe bien. C’était comme si, en plus de nos commerces, nous étions tous des GO non officiels d’un énorme Club. Comme nous avions un look sans doute particulier, comme nous nous connaissions et reconnaissions de loin, parfois rien que par la manière de skier, chacun de nous voyait les autres 299 sur les pistes et c’est incroyable comme par magie, nous nous comportions de manière responsable.
Même avant les GSM, nous étions capables, en nous relayant de diverses manières de faire passer extrêmement vite une alerte d’une vallée à une autre en passant par les crêtes. Comme si nous étions des bergers de touristes et tout ça, je le répète, sans aucune fonction officielle. 
Pas question pour aucun d’entre nous de passer à côté de quelqu’un en détresse sans le secourir. Pas question de passer à côté d’un gant égaré sans le ramener. Pas question de ne pas participer à la retraite aux flambeaux, aux recherches après avalanches.

Et le soir venus, dans nos bars, dans nos piano-bars, dans nos restaurants et crêperies, nous discutions de notre domaine entier, des accidents, des couloirs qu’il fallait surveiller, des messages qu’on devait faire passer (jamais nous ne parlions de ce qui se passait en dehors de la station. On aurait pu changer trois fois de Président de la République, nous ne l’aurions pas su)
C’est étrange quand j’y repense.

Et pour chacun de nous, notre fief était donc la station entière avec ses mille et une fonctions et organes, avec des milliers de gens à prendre en charge avec le sourire bronzé jusqu’aux oreilles.


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