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Commentaire de Anthony

sur Le prix du livre a fait la fortune de la Fnac


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Anthony (---.---.80.120) 19 janvier 2007 12:55

Je vis au Canada après avoir vécu en France et en Belgique. Je pense donc avoir un aperçu fidèle de l’offre dont peut bénéficier un lecteur dans quelques grands centres urbains. J’essaierai de dégonfler quelques baudruches lancées par cet article qui aime tant le marché du livre à l’américaine :

1. En Belgique, le prix unique du livre n’existe pas. Qui fait donc fortune sur les quelques titres qui rapportent de l’argent (le reste ne constituant que des marges de profit infimes) ? Les grandes surfaces, qui vendent tout (c’est-à-dire des mauvais polars, le Da Vinci Code et Marc Lévy) à -15%.

2. La menace que font peser les grands groupes sur l’édition, la diffusion et la librairie sont difficiles à contester. L’auteur de l’article devrait peut-être aller se promener un jour dans une ville moyenne américaine ou canadienne (pas un trou perdu, mais pas NY ni Toronto, càd là où vit la grande majorité de la population) et il verra que le seul accès direct au livre est par les supermarchés du livre, disposant d’un choix très mince (hors les romans Arlequin) et d’un roulement d’une semaine au plus. Vous voulez autre chose ? Allez sur Amazon ! Quant aux éditeurs, allez lire les livres d’André Schiffrin (L’édition sans éditeur) : vous verrez chiffres à l’appui que les grands groupes (Bertelsmann, Hachette,...) possèdent des secteurs presque à 100 % (les dictionnaires, les livres scolaires) et mettent la main petit à petit sur tout le reste, ne laissant survivre que des minuscules maisons obligées pour survivre... de vendre des livres chers. Voyez-vous là un modèle d’égalité ?

3. Annuler le prix unique du livre ne revient pas à baisser le prix du livre. A défaut de connaissance économique, un peu de jugeote nous le fait comprendre : cela fait baisser le prix des livres qui rattrapent cette baisse de bénéfice par la masse des ventes (Marc Lévy..., ainsi que les lectures obligatoires dans les écoles, type Maxi-Livres ou Penguin) et cela fait monter le prix de tout le reste (adieu philosophie, essais littéraires, sciences sociales...)

4. Bien sûr, le prix unique du livre ne résout pas tout, et cette mesure n’arrête pas les multinationales dans leur soif d’hégémonie (encore une fois, plutôt sur les dicos que sur la poésie, puisque c’est là que le profit est possible). Le cas Hachette en France en témoigne. Mais c’est tout prendre à l’envers que d’accuser le prix unique du livre du succès (en baisse) des librairies FNAC au détriment des petits libraires !


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