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Commentaire de Illel Kieser ’l Baz

sur Autisme et psychanalyse : le député Fasquelle joue au Lyssenko


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Illel Kieser ’l Baz 16 février 2012 07:51

Sur le fond, l’article de Bernard Dugué pose le problème de l’emprise du politique sur le pensée et, de ce point de vue, cela mérite un débat. Les politiques tentent de refaire l’Histoire, d’imposer un diktat sur les contenus des enseignements. Sous prétexte de combattre la « pensée unique » on constate que, de plus en plus, une certaine représentation du monde est mise en place au cœur des transmissions des savoirs.
Oui, il y a problème !
Je n’ai aucune sympathie pour l’exercice dogmatique de la psychanalyse et je l’ai payé assez cher mais on doit reconnaître que la polémique actuelle est dévoyée. On cherche à exclure la pratique de la psychanalyse - son emprise dogmatique, son exclusivisme, son refus de toute critique ne pouvaient que que susciter de telles réactions - et la remplacer par des thérapies qui, à terme, finiront par poser les mêmes problèmes.
La polémique a été réveillée par les associations des parents d’enfants autistes qui dénonçaient
1 - un défaut dans l’évaluation des symptômes,
2 - des pratiques systématiques qui reposent sur des concepts approximatifs,
3 - la mise en cause des parents, principalement la mère, dans l’étiologie de ces symptômes.
Jusque là, l’expérience, la connaissance du terrain nous portent à les soutenir. Mais ces associations vont jusqu’à proposer des pratiques substitutives supposées plus efficaces, en tout cas, qui, réintroduisant les parents dans la chaîne des soins et de la prise en charge, porraient échapper à toute forme d’évaluation.
Qu’il faille humaniser la pratique clinique, notamment par la prise en compte de la parole des parents, engager la relation avec l’enfant autiste en tentant d’abord de saisir le sens premier de ses comportements et de ses réactions, autrement que comme un objet sans cervelle... était nécessaire.
De là à proposer des pratiques substitutives, il y a un pas que je m’abstiens de franchir, surtout quand il s’agit de porter aux nues des thérapies dont les inventeurs mêmes connaisent les limites.
On connaît le même problème dans la prise en charge des rescapés de traumatismes sexuels d’enfance. La pratique EMDR (fondée sur les mouvements oculaires) est actuellement considérée comme une sorte de miracle. Or ce n’est pas si simple. Une telle pratique peut s’avérer positive dans un moment donné, inutile à d’autre.
La France a pris un tel retard dans la transmission des savoirs psycho cliniques que, même les praticiens se trouvent démunis devant la complexité de l’organisme humain.
La psychanalyse a donc assis sa suprématie sur ces carences. Questions de paresse intellectuelle. Et, en France, j’insiste, nous n’avons pas assez de recul pour évaluer telle ou telle pratique, tout en sachant déjà qu’aucune ne saurait l’emporter sur les autres.
Enfin, la polémique permet à quelques uns de se porter au devant en allant jusqu’à proposer d’interdire la transmission des savoirs psychanalytiques, voire jusqu’à imposer une autre pensée unique. Nous ne sommes plus dans le débat d’idées mais dans une polémique d’ordre religieux et cela ne saurait être toléré. Il appartient à ceux qui demeurent attacher à la liberté de l’enseignement de s’ériger contre de telles dérives dont nous avons dit qu’elles étaient de plus en plus fréquentes.
Il appartient aussi aux praticiens de la psychopathologie de s’affranchir de l’emprise de la psychanalyse pour aborder autrement la multiplicité des pratiques possibles, d’en évaluer la portée pour chaque individu, à chaque moment du processus thérapeutique.

Ps : Concernant les pratiques cliniques, je donne un aperçu de ce que pourrait être une approche dynamique : http://hommes-et-faits.com/Dial/spip.php?article248


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