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Commentaire de easy

sur L'homme du 16ème siècle a tout inventé !


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easy easy 19 juillet 2012 10:45

Je vois en votre oeuvre une forme qui me semble consistante et conséquente.
Je respecte cette innovation et la crois digne d’intérêt. 
(d’autant que plus ça va, plus des gens se contentent d’un smartphone et les écrans étant trop petits, la forme audio ressort paradoxalement plus pratique)

Vous avez évité le luchinisme et ça m’est grand soulagement.
Je vous féliciterai de viser constamment la sobriété maximale dans cette formule de présentation. (D’autant que les auteurs que vous lisez abondaient déjà de fioritures)



Concernant le fond.
Laissons de côté le « Ils avaient déjà tout inventé » qui n’est pas de premier intérêt.

Examinons plutôt deux points.
Pourquoi ces hommes n’ont-ils pas su dire deux mots contre l’abjection du genre humain qu’est la perversité à torturer autrui, fût-il coupable de quelque crime ?

Pourquoi Montaigne qui aurait été le premier philosophe du Monde à essayer de dire le cas individuel non l’universalisme se sera-t-il arrêté à peine lancé ?


Car il pourrait y avoir deux principes pour nous guider.
Soit celui de l’universalisme qui consiste à toujours rechercher de manière névrotique les équations dans lesquelles ont peut mettre tout le genre humain en boîte « J’ai trouvé la formule de l’homme »
Soit celui du particularisme qui s’efforcerait de démontrer qu’il n’y a que des cas particuliers.

Le choix entre ces deux principes est déterminant de tout nos comportements relatifs et de nos sévérités (sévérité de la part des criminels, sévérités de la part des juges, tous baignant dans l’universalisme)

Or c’est toujours le premier principe qui est travaillé. Ca fait trois mille ans que nos lumières n’ont jamais rien fait d’autre que de rechercher la quadrature de l’homme. Vu le résultat, je crois qu’il faudrait arrêter.
Il n’y a pas de formule humaine, il n’y a que des cas.
Déjà les bestioles se distinguent beaucoup en manières d’être selon les espèces et variétés. Mais au sein d’un groupe, il est vrai qu’elles nous semblent identiques.
Or l’homme a une pensée fort complexe où la part de réflexion consciente est grande. Alors il ne peut pas y avoir deux hommes identiques.
Surtout aux yeux des hommes.

Car si nous voyons les chiens de mer identiques, entre eux, ils se voient différents (les couples ne se séparent plus). Si les bestioles se voient différentes entre elles alors qu’elles sont moins pensantes que nous, il est logique que nous nous voyons très différemment les uns les autres.

Il faut donc cesser de rechercher l’équation universelle de l’homme et renoncer à nous faire rentrer dans des cubes identiques. Nous sommes des pommes de terre toutes différentes, il ne faut pas faire de nous des frites.



Montaigne aura semblé démarrer une auto mise en examen de son cas (on dira alors qu’il s’agit d’un égocentrisme utile à tous puisqu’il l’expose visiblement à des fins didactiques) mais qu’expose-t-il alors de lui sinon des banalités ?
L’exposé des intimités d’une personne ne nous instruit de rien sur la nature humaine s’il censure ses crimes.

Nous attendons non le Christ, non un autre homme parfait qui nous rendra encore plus sévères envers nos criminels donc envers nous tous, mais le premier d’entre nous qui avouera ses crimes et qui, sans les excuser, aura suffisamment réfléchi et enquêté sur lui pour nous indiquer comment des faisceaux de forces ou pressions l’ont conduit à ce qu’il reconnaît être des erreurs.
 
L’autocritique de soi ne doit pas être obligatoire, elle ne doit pas être forcée. En aucun cas on ne peut obtenir des aveux sous la menace. On doit donc laisser chacun prendre cette initiative ou pas, à sa convenance. Mais nous gagnerions tous à ce que des pionniers de l’auto critique nous exposassent la mécanique complexe qui les aura conduits à des erreurs ou excès. Pour obtenir ces très enrichissantes confessions libres, il nous faut d’abord exposer notre tolérance .

Hélas, si depuis 5 000 ans personne n’a encore osé faire son auto critique, c’est que nous sommes constamment menaçants et tortionnaires pervers envers quiconque est criminel.

Les écrivains tentent parfois de dire leur propre fond mais au travers de personnages de fiction alors ça n’a aucun intérêt de preuve.
Est-il normal que nous ayons sous les yeux un million de romans où apparaissent des gens ayant commis des crimes mais que nous n’ayons jamais le moindre auteur se reconnaissant criminel ?

Pourquoi même Sade, en prison, n’a-t-il pas écrit exactement sur sa personne et pourquoi n’a-t-il rien écrit exprimant un quelconque regret. Pourquoi si peu d’auto critique ?

Quant aux prétendues autobiographies, elles sont régulièrement javellisées et hagiographiques ; on peut en lire mille et ne rien en retirer.

Peu m’importent les mille ors des décors des textes, ils ne sont que mensonges à mes yeux. J’attends encore la vraie confession d’un homme, son regard distancié sur ce qu’il aura fait, non une glorification de ses actes ou transgressions. Je veux lire une auto analyse sans complaisance avec une explication des sources. « J’ai été cupide, lâche, retors, assassin, inconséquent, excessif, j’ai cédé à l’hybris, je le regrette et il me semble que ça vient du fait que... »



Les analyses ou critiques de gens réalisées par d’autres, du genre de celle de l’homme aux loups par Freud me semblent complètement inintéressantes. C’est ce que cet homme pourrait dire de lui ou ce que Freud pourrait dire de lui-même, en leurs profondeurs et regrets qui m’intéresserait.

Si un jour vous découvrez une telle confession, veuillez me la faire connaître, je vous en saurais gré.


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