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Commentaire de cassios

sur Numerus Clausus et mauvais calcul


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cassios 25 octobre 2012 14:50
Etant marié à un médecin spécialiste, je me permets de venir donner un avis un peu plus nuancé.

Déjà concernant le secteur 2, il faut savoir que la sécurité sociale rembourse 28 euros à une consultation du secteur 1 tandis qu’elle rembourse 23 pour une du secteur 2. Donc le trou de la sécu est moins impacté par la médecine secteur 2 que secteur 1. Par contre, reste le problème de l’accès aux soins pour ceux n’ayant pas de mutuelles.

Ensuite, concernant le fait d’augmenter le numérus clausus, cela n’est pas si simple. En effet, la formation des médecins se déroule en grosse partie à l’hopital, sur le terrain. Hors, depuis des années, l’état ferme des hopitaux, limitant du coup la place disponible pour former les nouveaux médecins. Du coup, augmenter le numérus clausus ne sert à rien si l’état ne rouvre pas de nouveaux hopitaux !!!

Concernant la rémunération des médecins du secteur 2, il serait peut-être interessant de calculer leur taux horaire et non pas voir uniquement leur rémunération mensuelle. En effet, un médecin qui gagnerait 10000 euros brut par mois avec 70 heures par semaine (sans compter qu’une partie de ces heures peuvent se faire la nuit s’ils font des gardes) ne me semble pas scandaleux. Rapporté à 35 heures par semaine, cela ferait 5000 euros par mois, ce qui n’est pas choquant pour des qualifications et responsabilités de ce niveau.

Si nous fonctionnarisons les médecins, ils vont demander à être à 35 ou 40 heures par semaine comme les autres fonctionnaires alors que dans beaucoup de spécialités, en faisant 70 heures par semaine, ils refusent des patients (c’est le cas de ma femme). Les patients en seraient pour leurs frais ou alors il faudrait obliger les médecins à faire 70 heures par semaine en tant que fonctionnaires avec le même salaire (mettons 5000 euros par mois). J’ai peur que cela passe mal.

Si nous nous contentons par exemple de supprimer le secteur 2, ne laissant plus que le secteur 1 et le secteur 3, il ne se passera pas un an avant que 90% des médecins soient tous passés en secteur 3, les 10% restant étant débordés. Donc il ne faudrait laisser que le secteur 1 sinon on va finir à l’anglaise.

On pourrait aussi essayer de limiter les revenus des médecins du secteur 2. Mais on risquerait d’avoir des surprises car les médecins tenteraient alors de limiter au maximum leurs frais. Prenons un exemple concret, un gynécologue a le choix entre 2 assurances, une très chère s’il fait des accouchements et une beaucoup moins chère s’il ne fait pas (accouchements = risque de procès puissance 10). On commencerait à avoir pas mal de gynéco qui ne feraient plus d’accouchements, c’est déjà un problème actuellement car de plus en plus, ils ne font plus que de la gynécologie de ville car assurance moins chère, plus besoin de se lever la nuit pour les accouchements. On pourrait faire un loi pour les forcer à faire les accouchements mais d’un coup, on découvrira que si vous avez moins de 50 ans, le rendez est dans 9 mois....

Il y aurait aussi des médecins qui fonctionneraient sans secrétaires, faisant la paperasse eux même et donc faisant beaucoup moins de consultations. Retour à l’engorgement pour les patients et bienvenue aux secrétaires médicales au pôle emploi.

Bref de manière générale, les médecins réduiraient tous leurs frais pratiquant par là moins d’actes médicaux alors qu’ils sont en sous nombre. Bref les patients devraient prendre leur mal en patience.

Concernant les déserts médicaux, je vais vous donner un exemple concret, mon couple. Ma femme et moi étions d’accord pour aller dans une petite ville de province, beaucoup d’entre elles ayant besoin d’une gynéco pour le petit hopital de la ville. Malheureusement, s’il y avait du travail pour ma femme dans ces villes, il n’y en avait pas pour moi, les emplois étant très rares. Il y avait bien quelques emplois de fonctionnaires territoriaux mais ils étaient réservés par les élus pour les enfants des familles plus influentes de la ville (ben oui, pour être réélus....). Mais trouver un emploi, même à temps partiel, pour qu’un médecin puisse venir dans la ville, impossible sacrifice de la part d’un élu.
Au bout de 6 mois, on en a conclu qu’aller dans une ville de province signifiait le chomage pour le conjoint/e du médecin et on a laissé tomber.
Voilà comment un gynécologue qui voulait travailler dans un hopital de province s’est retrouvé en secteur 2 dans une grande ville, pour que son conjoint ne soit pas chomeur.
Un travail pour le conjoint ou conjointe est un des obstacles majeurs à l’installation de médecins dans les déserts médicaux......

Dans cette histoire, les politiques prennent les gens pour des idiots.
Déjà ils ne parlent que de salaire mensuel ou annuel des médecins sans parler du salaire horaire (qui fait tout de suite moins scandaleux). Ils font donc du populisme.

Ensuite Ils parlent de remonter le numérus clausus en oubliant de préciser que cela ne sert à rien puisqu’ils ont fermé pleins d’hopitaux qui servent, entre autres, à former les médecins. Encore du populisme

Pour continuer, ils refusent de faire en sorte que le conjoint du médecin trouve du travail dans les déserts médicaux pour que les médecins viennent, notamment en bloquant des postes de fonctionnaires territoriaux à des fins électoralistes. Car c’est fini l’époque où la conjointe du médecin était femme au foyer. De plus, elles ont souvent fait des études, un médecin est souvent marié à un autre médecin ou à un ingénieur....

Ils parlent de fonctionnariser les médecins en oubliant de dire sous quelles conditions et à quel salaire. Car si on met les médecins à 35H par semaine, bonjour les files d’attentes et les rendez vous dans 6 mois. Si, par contre, vous mettez les médecins à 5000 euros par mois pour 70 heures par semaine, je vous garantis qu’il y aura plus de places que de candidats dans les facs de médecine très vite.Même les jeunes ayant la vocation y réfléchiront 2 fois. Donc Toujours du populisme

Ils nous sortent sans arrêt les médecins qui prennent 150 euros la consultation de 10 minutes en en faisant une généralité alors que c’est une infime minorité. Encore du populisme.

Bref, les problèmes de santé en France seront réglés quand on exclura du débat les politiques, les mandarins médecins et les comptables de la sécu. 
Ce débat doit se faire entre les médecins dévoués et les patients respectueux. Mais n’incluons pas dans ce débat des parasites qui empêcheront toute réflexion de fond constructive !!!

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