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Commentaire de Onecinikiou

sur Pourquoi la crise économique continue et pourquoi nous ne la comprenons pas ?


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Onecinikiou 18 décembre 2012 09:25

Il convient d’entendre aussi l’argument de l’avantage comparatif. Mais le problème étant qu’il s’inscrit précisément et toujours dans un contexte et logique libre-échangiste. Or c’est justement de ce cadre qu’il faudrait appeler à sortir, et le plus tôt sera le mieux. En effet, avons-nous pris le temps d’imaginer un instant qu’il soit possible que ce fameux principe fut simplement rendu caduque, dépassé, par les distorsions sévères de concurrence qu’impose l’actuelle mondialisation ? Et donc qu’il ne soit laissé de temps a minima suffisant aux nations occidentales, vu l’ampleur sans précédent - historique même - desdites distorsions, de s’adapter à ces nouvelles conditions et tendances ?

Distorsions, que nous le voulions ou non, qui n’ont absolument rien de commun avec les exemples passés (fin du XIXè siècle notamment, lors de ce qui fut la première mondialisation), puisqu’alors entre modèles sociaux-économiques qui étaient à l’époque relativement proches.

Tendances, quant à elles, qui n’ont cessé de favoriser, ou plus exactement de contraindre, à un endettement croissant des agents économiques appartenant à la sphère occidentale, qu’ils soient étatiques ou d’ordre privé (ménages/entreprises). Pour cela il faut observer les courbes statistiques (! !!) qui mettent en évidence une corrélation absolue entre la croissance d’un endettement chronique, d’un chômage endémique, d’inégalités structurelles, avec le processus d’ouverture de nos économies à des sphères opérant un dumping social sans équivalent, dans le temps et dans l’espace.

Endettement, ensuite, qui rend dorénavant impossible la solution typiquement libérale cher au paradigme schumpeterien de destruction créatrice. Car, pour compenser la compétition farouche (et en définitive intolérable) que nous opposent les acteurs « émergents » sur le marché mondial, l’innovation se devrait d’être colossale et réclamerait un gigantesque effort d’investissement et une réforme des structures productives que les nations sont rendues paradoxalement incapables de consentir depuis la crise qui nous a balayé, et le sauvetage en catastrophe du système financier, le collapsus économique et ses conséquences induites. Crise de notre modèle de développement, autrement dit systémique, qui est donc - et pour cause - fondamentalement la crise de la mondialisation.

Innovation enfin. Car il faudrait être un doux naïf pour simplement penser une seule seconde que les pays émergents, gavés de devises étrangères et disposant - eux - des excédent nécessaires pour investir, vont se limiter à l’avenir dans la production de biens et de services à faible valeur ajoutée ! C’est une grotesque farce lorsque l’on sait que, dors et déjà, dans un certains nombres de domaines à haute qualification (informatique et réseau par exemple, ou bien d’autres secteurs de marché), les travailleurs des nations développées sont directement concurrencés par une armada d’ingénieurs et de techniciens, charriés par millions des universités chinoises, indiennes et du sud-est asiatique, et menacé par conséquent de chômage par la fermeture ou la délocalisation des entreprises qui les emploient. Le contrat émirati sur la fourniture de centrale nucléaire remporté par un consortium sud-coréen à la fin des années 2000 devrait nous mettre la puce à l’oreille, mais il n’en est manifestement rien.

Conclusion : il est bien trop tard pour envisager les solutions libérales, qui se sont vérifiées uniquement dans des séquences historiques précises ne mettant en jeu de telles distorsions de concurrence, dans un environnement de surcroît aussi libre-échangiste où les politiques ont consciemment abandonné, pour une large part, tout instrument de souveraineté politique et économique au profit de puissances privées démocratiquement illégitimes. Cela sous le joug d’une idéologie naïve et anti-scientifique, et, pour ces raisons, mortifère et criminogène pour l’avenir de nos nations et du maintien de leur statut, et fort préjudiciable à la conservation de notre sphère d’influence. 

Cette philanthropie, si philanthropie il y a (cette pensée unique sert avant toute chose et bien évidemment des intérêts hautement capitalistiques, voire oligarchiques), fait plaisir à voir. Mais c’est avec ce genre de naïveté irresponsable que nous sommes balayé depuis trente ans au profit d’autres puissances. Et pense-t-on suffisamment que ces dernières puissent avoir des intérêts antagonistes - à terme - où vaquons nous ici dans un univers fait de lait, et de miel ?

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