« Je
n’ai peut-être pas saisi vos propos, mais vous, vous n’avez pas
saisi ce que sont le fascisme et le nazisme. L’un et l’autre se
proposait de générer un homme nouveau, c’est-à-dire de
transformer la nature humaine - on y revient toujours. Le
national-socialisme voulait sélectionner les individus d’une race
supérieure qui constituerait l’aristocratie du Reich de mille
ans ».
Ne
prenez pas vos interlocuteurs pour plus ignorant qu’ils ne le sont en
réalité, je vous prie. Pour les avoir étudié notamment dans le
cadre de mes activités professionnelles, je sais ce que furent le
fascisme et le nazisme. Je sais aussi qu’ils se distinguent du
« socialisme » (pour utiliser un terme générique) par
leurs postulats de base, même si par certains aspects, qui relèvent
essentiellement de la rhétorique, ils peuvent se rejoindre.
Première
différence : le socialisme n’est pas une idéologie politique –
contrairement au nationalisme et ses expressions extrêmes que sont
le fascisme et le nazisme -, mais une théorie à
caractère essentiellement socio-économique. Une théorie
relativement récente puisqu’elle est née au 19e
siècle. Laquelle se fonde (pour synthétiser ses diverses
obédiences) sur une gestion égalitaire
et démocratique des
moyens de productions et des services par l’ensemble des
travailleurs (toutes catégories confondues) pour le bien-être de
tous. Le but premier de l’économie n’étant plus l’enrichissement
individuel (qui dans les faits aboutit à l’enrichissement d’une
poignée au détriment de la masse), mais de répondre aux besoins
essentiels de l’ensemble des humains. Le
socialisme, par ailleurs (là encore toutes tendances confondues),
vise soit la destruction immédiate de l’Etat (les anarchistes) soit
son dépérissement graduel (toutes les autres tendances et notamment
les marxistes). Ce qui signifie qu’il est intrinsèquement
anti-étatique puisque l’Etat n’est nullement une fin en soi et doit
de toute façon disparaître à terme. Pourquoi ? En premier
lieu, parce que l’Etat moderne est, selon les socialistes,
consubstantiel à la bourgeoisie et au système qui l’a porté au
pouvoir, à savoir le capitalisme. D’où leur volonté de le détruire
in fine pour aboutir à une société humaine autogérée par
l’ensemble des individus libre et égaux politiquement, socialement
et économiquement. Libre économiquement au sens où à la faveur de
la sécurité matérielle que lui procurera notamment le revenu
universel, l’individu pourra (ou pas suivant la nature de l’activité)
coopérer et s’associer avec la ou les personnes de son choix.
Autres
différences notables : le fascisme repose (pour synthétiser)
sur les piliers suivants : nationalisme (ethnico-culturel, ce
qui implique une conception inégalitaire de l’humain,
donc tout le contraire du socialisme),
totalitarisme étatique (contrairement au socialisme qui
aspire au dépérissement de l’Etat. Le totalitarisme fasciste
n’abolit pas la propriété privée des moyens de production à
condition néanmoins que les « propriétaires » prêtent
allégeance au régime), corporatisme (donc tout l’inverse
de la lutte des classes puisqu’il s’agit
au contraire d’encourager
la collaboration entre classes), anti-parlementarisme (qui va de pair
avec le culte du chef, lequel établie un lien direct avec le peuple
sans passer par des corps
intermédiaires, contrairement au socialisme),
impérialisme (qu’il ne faut pas confondre avec l’internationalisme
cher aux socialistes. L’impérialisme fasciste vise à apporter au
monde entier les « lumières » ethnico-culturelles du
pays où le régime est établi).