Bonjour cher Musavuli
Par cet article, vous entendez
riposter aux propos du président Rwandais Paul Kagamé affirmant que « le Rwanda n’est pas à l’origine des
problèmes du Congo ». Tout le monde sait que ces « problèmes » sont la conséquence du
génocide Rwandais perpétré en 1994 par l’ethnie Hutu monopolisant alors l’Etat néo-colonial rwandais, contre l’ethnie Tutsi. D’ailleurs vous reconnaissez
vous-même que « ces rebelles hutus
dans les maquis du Congo et les soldats tutsis qui les pourchassent sont
des citoyens rwandais ».
Dès lors, il faut être circonspect quand on traite des questions liées aux représailles
contre les exécuteurs d’un génocide mondialement connu. Dans ce domaine, la
légitimité première appartiendra toujours aux victimes. Cela est absolument indiscutable,
sauf à remettre en question le fait génocidaire. Ce qui ne peut évidemment pas manquer
de choquer, le génocide rwandais ayant marqué la mémoire mondiale.
Cependant, il ne s’agit pas
d’excuser, ni de minimiser les exactions injustifiées et injustes commises sur
les populations congolaises par les campagnes de l’armée rwandaise et ses milices congolais. Il faut surtout
éviter de faire des analyses en termes de
« congolais », de « rwandais » sans
spécifier. Ces termes sont trop globaux, impliquent des populations entières
souvent innocentes, et ne permettent pas de bien décanter les situations.
Donc, s’agissant de « l’origine des problèmes du Congo », si tant soit peu on fait remonter cette
origine au génocide rwandais, on ne peut pas ne pas mettre en cause le régime
de MOBUTU et l’Etat français sous François Mitterrand comme c’est le cas pour
votre article. La collusion de l’Etat français, décidé à s’engouffrer davantage
dans le vide de l’effondrement de la Belgique dans les Grands Lacs, avec l’Etat
génocidaire Hutu d’Habyarimana est un fait indéniable. Le rôle passeur de l’Etat
zaïrois de Mobutu, alors tête de pont de la France dans la région des Grands Lacs, dans le
génocide rwandais, est également indéniable. C’est à cette posture de
commanditaire du génocide rwandais de la part de l’Etat français, et à cette
posture d’Etat-passeur du régime de Mobutu, que le président rwandais fais
allusion quand il dit que « le
Rwanda n’est pas à l’origine des problèmes du Congo ». Et sur ce
point, il a parfaitement raison.
La responsabilité de l’Etat français
ainsi que du régime vassal de Mobutu dans « l’origine
des problèmes du Congo » est si grande qu’au lieu de chercher à colmater la digue qu’ils avaient ouverte entre le
Rwanda et le Congo, ils ont au contraire cherché à l’entretenir. L’Etat
Français et Zaïrois, sous le feu du Génocide rwandais, auraient dû capturer
toutes les milices Hutus en territoire congolais et les maintenir à la
disposition du tribunal international d’Arusha en Tanzanie où ils auraient été
tous jugés. Au lieu de cette coopération, l’Etat français et zaïrois ont rusé,
laissant le Congo servir de base-arrière et de refuge sécurisés pour les
activités belliqueuses des milices
génocidaires Hutus. Tous ces faits écœurants
se sont passés sous les yeux médusés du monde entier. L’Etat français et
le régime vassal de Mobutu se sont royalement moqués de la sécurité et de la
tranquillité du peuple Congolais. C’est
eux qui sont à l’origine des problèmes du Congo.
Après la chute du régime de Mobutu,
l’épuration du Congo des génocidaires Hutus aurait du être menée conjointement
par le nouvel Etat congolais et le nouvel Etat Rwandais. Cette épuration aurait
consisté à regrouper tous les génocidaires pour être jugés par les tribunaux
internationaux voire inter-africains compétents.
Encore une fois, la responsabilité de
l’Etat colonialiste français et du régime néo-colonial zaïrois n’excuse en rien
les méfaits dûment injustifiés et constatés commis en territoire congolais par
l’armée rwandaise même poursuivant les génocidaires, par exemple l’organisation
ou l’encouragement des réseaux de contrebande et de pillage des ressources et
matières premières au bénéfice des pays coloniaux. L’Etat rwandais a la
responsabilité de l’exemplarité. Face à de telles exactions inutiles et
nuisibles, on comprend parfaitement la colère du peuple congolais.
Il faut terminer en vous remerciant
des nombreuses références intéressantes qui jalonnent votre article, surtout le
« Rapport du groupe d’experts de l’ONU réf. S/AC.43/20
12/NOTE.26 du 27
novembre 2012 ».