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Commentaire de MUSAVULI

sur Congo-Brazza – RD Congo – Rwanda : A quoi joue Sassou-Nguesso ?


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MUSAVULI MUSAVULI 18 août 2013 15:18
Emmanuel Cattier,
- La difficulté des auteurs du rapport mapping tient au contexte. Il ne sera possible de mener librement d’enquêtes sur les crimes du régime actuel du Rwanda que lorsque celui-ci ne sera pas en situation d’exercer des pressions, en recourant à ses tentacules américaines et britanniques sur les enquêteurs. Il faut saluer les auteurs du rapport Mapping parce qu’ils ont réussi à produire un rapport dans des conditions qui n’ont rien à voir avec celles des « chercheurs » qui reviennent sur le génocide des 1994. Ici les enquêtes sont autorisées, encouragées et les conclusions parfois dictées d’avance. 
- Au sujet des jugements rendus par la justice rwandaise contre les personnes accusées de génocide, je ne peux me prononcer. Le Rwanda étant une dictature, il faut un grand effort pour prendre au sérieux les décisions judiciaires qui y sont rendues. L’affaire Victoire Ingabire et la tentative d’assassinat des opposants à l’étranger résument assez bien la terreur qui doit tenailler les juges, les magistrats (certains ont fui le pays) et les avocats quand ils « ouvrent la bouche » dans ce pays. je ne dis pas que les condamnés étaient nécessairement innocents. Je dis juste qu’on est en face d’une dictature qui pratique la justice des vainqueurs. C’est un constat, pas une opinion. 
- Quant au rapport des démographes européens qui ont minoré de façon spectaculaire le bilan des morts du Congo, il a été, par la suite, démontré qu’ils avaient intérêt autre que scientifique à « minorer les chiffres ». Dès lors, leur rapport a été, lui aussi, contesté. Dans cette affaire des « millions de morts » au Congo, on aurait souhaité que l’ONU ou des institutions comme l’Union européenne mènent des enquêtes pour établir l’ampleur de l’hécatombe et les circonstances de la mort massive des Congolais. Si ces institutions se sont dérobé à ce qu’on doit qualifier de « leur mission », c’est qu’elles ne veulent pas gêner le régime de Paul Kagamé. Donc un dictateur capable d’imposer le silence à des institutions et des Etats dont on attend qu’ils agissent face aux millions de morts d’innocents. Si l’Union européenne et les Etats européens sont à ce point tétanisés par le risque d’embarrasser Kagamé, qu’en est-il de deux « modestes » démographes qui savent qu’ils risquent gros s’ils font parler les faits ?
En définitive, et je reviens sur le cas Bosco Ntaganda, seuls les Américains peuvent faire face à Kagamé. A Kigali, si Ntaganda s’était réfugié dans une ambassade d’un pays européen, il aurait été rendu aux autorités de Kigali. Dès lors, seuls les travaux des Américains contre le régime de Kagamé sont à prendre au sérieux (IRC, Human Rights Watch). 
Le travail des démographes européens ne vaut « que » ce qu’il vaut dans un contexte de « peur » généralisé d’un régime capable de tout.

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