• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Christian Labrune

sur Malgré l'éclatement de la première alliance, Hollande veut tuer des Syriens


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Christian Labrune Christian Labrune 2 septembre 2013 15:22

@chelovek

J’ai toujours quelque scrupule à bombarder un article avec deux ou trois phrases assassines : c’est le procédé ordinaire d’un tas de crétins sur Agoravox et il est rare que j’en vienne là. Il faut argumenter, effectivement. Eh bien, argumentons.

Je suis aussi opposé que vous à une intervention en Syrie. Non pas par pacifisme : j’avais tout de suite approuvé l’envoi de l’armée au Mali parce que cela n’avait pas grand chose à voir avec la précédente aventure malienne. Mais en Syrie, il n’y a pas de solution militaire possible, et l’idée de « punir » Bachar el-Assad est de l’ordre de l’enfantillage. C’est ce qui fait qu’après les Anglais les Américains ont fait machine arrière. Retenez-moi ou je fais un malheur, dit Obama. Et il est sûr qu’on le retiendra, parce que militairement, ce serait désastreux. J’espère qu’un Hollande en bout de course et en plein délire n’enverra pas les bombardiers atomiques !

La première difficulté, dans votre article, vient de ce que vous prétendez qu’il y aurait des preuves de l’utilisation des neurotoxiques par les insurgés, sans expliciter, sans donner de sources, alors que vous précisez que les Américains s’appuieraient sur des écoutes téléphoniques que vous récusez. En l’état actuel de nos informations il n’y a pas, à mon avis, à faire une grande différence entre les preuves des uns et celles des autres et à prendre parti en s’appuyant sur des arguments aussi minces.

Vous écrivez ensuite : »il [obama] sait comme l’a reconnu Cameron devant la Chambre qu’« il n’y a pas de preuves sur l’identité des auteurs » ; il sait, mais il veut absolument tuer des Syriens ! « . Une telle affirmation est parfaitement contraire à l’évidence : Obama, depuis le début, ne rêve que de pouvoir éviter une intervention de l’Amérique. Il a eu l’imprudence de parler d’une « ligne rouge », laquelle a été franchie plusieurs fois. Et désormais, il en appelle au Congrès parce qu’il serait bien aise qu’on lui infligeât la même interdiction qu’à Cameron. On attendait des frappes dans la journée au terme de laquelle il a fait son intervention. Elles auront lieu « demain, ou DANS UN MOIS ». Autrement dit, à Pâques ou à la mi-carême, c’est-à-dire jamais. Par conséquent, lorsque vous pariez que les frappes vont tuer indifféremment des deux côtés, vous vous chatouillez pour vous faire rire : il n’y aura pas de frappes.

L’argument du néocolonialisme, utilisé partout au moment de l’affaire malienne a fait long feu, et l’observation du ministre polonais fait partie de ces propos négligeables et stéréotypés qu’un ordinateur programmé pour manipuler les idées reçues de l’idéologie dominante produirait automatiquement.

De là vous glissez à la question d’un néocolonialisme qui serait à l’oeuvre dans les dispositions prises – trop timidement et trop tardivement à mon sens – pour faire obstacle en France à l’emprise du wahhabisme sur les populations issues de l’immigration. J’étais encore prof lorsque Jospin a tergiversé sur la question du voile (et les tergiversations ont duré dix ans) quand il aurait été ai simple, par décret, de rappeler le principe de laïcité. S’il y a une islamophobie en France, il y a dans les pays du nord de l’Afrique une véritable islamoémie qui est en train de se développer. Gavés de religion et de charia, les peuples, désormais (Tunisie, Egypte) vomissent l’islam. Les Frères musulmans y sont désormais perçus comme un ennemi venu de l’extérieur. Il n’y aura bientôt plus que la France pour accorder quelque crédit aux Frères de l’UOIF, lesquels, en accentuant le processus communautariste, obligent les musulmans à SE stigmatiser par des pratiques qui les ostracisent.

Le discours que vous tenez à propos de Valls ne diffère en rien de ce que l’extrême droite antisémite et fascisante était capable de produire avant la guerre lorsqu’elle crachait à longueur de pages sur Léon Blum. Je n’ai aucune sympathie pour les socialistes ( et c’est peu dire !). Mais Valls fait son boulot de ministre républicain. Tout ce qu’on peut lui reprocher, c’est de n’avoir pas encore démissionné d’un gouvernement d’abrutis qui ne voient la réalité française qu’à travers des lunettes roses.

A partir de là, vos considérations sur l’islam en France et les entreprises néocolonialistes à l’étranger, qui auraient pour objectif de jeter un rideau de fumée sur les échecs de la politique intérieure, tout cela est assez fumeux.

La politique des socialistes sur l’islam (j’excepte Valls qui connaît les dossiers), c’est celle de la gomme : il n’y a pas de problème, circulez, il n’y a rien à voir. C’est la position de Taubira, laquelle semble actuellement dominante. Moins en en parle, mieux ça vaut. Où serait ici la fonction « rideau de fumée » ?

Sur l’Irak, Hollande et son ministre des affaires étrangères sont complètement dépassés par les événements. Ils ne maîtrisent rien du tout. Etant à l’écoute du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la coalition, sans être capables de dégager une position qui ait un sens. Ils sont des marionnettes dont on tire les ficelles et ils n’ont aucune politique cohérente. C’est faire trop d’honneur à des politicards médiocres que de leur prêter, comme le fait le conspirationnisme, des intentions machiavéliques qu’ils sont incapables d’avoir. Ils naviguent à vue, entre les écueils.

Votre position est donc à peu près la même que celle de Bush en inversant les termes : c’est la guerre du bien contre le mal, et le mal, c’est le grand Satan américain, c’est le « cancer » sioniste. On connaît tout ça par cœur : c’était déjà l’analyse supérieurement intelligente de feu l’ayatollah Khomeiny.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès