@chelovek
J’ai toujours quelque scrupule à bombarder un article avec deux
ou trois phrases assassines : c’est le procédé ordinaire d’un
tas de crétins sur Agoravox et il est rare que j’en vienne là. Il
faut argumenter, effectivement. Eh bien, argumentons.
Je suis aussi opposé que vous à une intervention en Syrie. Non
pas par pacifisme : j’avais tout de suite approuvé l’envoi de
l’armée au Mali parce que cela n’avait pas grand chose à voir avec
la précédente aventure malienne. Mais en Syrie, il n’y a pas de
solution militaire possible, et l’idée de « punir »
Bachar el-Assad est de l’ordre de l’enfantillage. C’est ce qui fait
qu’après les Anglais les Américains ont fait machine arrière. Retenez-moi ou je fais un malheur, dit Obama. Et il
est sûr qu’on le retiendra, parce que militairement, ce serait
désastreux. J’espère qu’un Hollande en bout de course et en plein
délire n’enverra pas les bombardiers atomiques !
La première difficulté, dans votre article, vient de ce que
vous prétendez qu’il y aurait des preuves de l’utilisation des
neurotoxiques par les insurgés, sans expliciter, sans donner de
sources, alors que vous précisez que les Américains s’appuieraient
sur des écoutes téléphoniques que vous récusez. En l’état actuel
de nos informations il n’y a pas, à mon avis, à faire une grande
différence entre les preuves des uns et celles des autres et à
prendre parti en s’appuyant sur des arguments aussi minces.
Vous écrivez ensuite : »il [obama] sait comme l’a
reconnu Cameron devant la Chambre qu’« il n’y a pas
de preuves sur l’identité des auteurs » ; il
sait, mais il veut absolument tuer des Syriens ! « . Une telle
affirmation est parfaitement contraire à l’évidence : Obama,
depuis le début, ne rêve que de pouvoir éviter une intervention de
l’Amérique. Il a eu l’imprudence de parler d’une « ligne
rouge », laquelle a été franchie plusieurs fois. Et
désormais, il en appelle au Congrès parce qu’il serait bien aise
qu’on lui infligeât la même interdiction qu’à Cameron. On
attendait des frappes dans la journée au terme de laquelle il a fait
son intervention. Elles auront lieu « demain, ou DANS UN
MOIS ». Autrement dit, à Pâques ou à la mi-carême,
c’est-à-dire jamais. Par conséquent, lorsque vous pariez que les
frappes vont tuer indifféremment des deux côtés, vous vous
chatouillez pour vous faire rire : il n’y aura pas de frappes.
L’argument du néocolonialisme, utilisé partout au moment de
l’affaire malienne a fait long feu, et l’observation du ministre
polonais fait partie de ces propos négligeables et stéréotypés
qu’un ordinateur programmé pour manipuler les idées reçues de
l’idéologie dominante produirait automatiquement.
De là vous glissez à la question d’un néocolonialisme qui
serait à l’oeuvre dans les dispositions prises – trop timidement
et trop tardivement à mon sens – pour faire obstacle en France à
l’emprise du wahhabisme sur les populations issues de l’immigration.
J’étais encore prof lorsque Jospin a tergiversé sur la question du
voile (et les tergiversations ont duré dix ans) quand il aurait été
ai simple, par décret, de rappeler le principe de laïcité. S’il y
a une islamophobie en France, il y a dans les pays du nord de
l’Afrique une véritable islamoémie qui est en train de se
développer. Gavés de religion et de charia, les peuples, désormais
(Tunisie, Egypte) vomissent l’islam. Les Frères musulmans y sont
désormais perçus comme un ennemi venu de l’extérieur. Il n’y aura
bientôt plus que la France pour accorder quelque crédit aux Frères
de l’UOIF, lesquels, en accentuant le processus communautariste,
obligent les musulmans à SE stigmatiser par des pratiques qui les
ostracisent.
Le discours que vous tenez à propos de Valls ne diffère en rien
de ce que l’extrême droite antisémite et fascisante était capable de produire
avant la guerre lorsqu’elle crachait à longueur de pages sur Léon
Blum. Je n’ai aucune sympathie pour les socialistes ( et c’est peu
dire !). Mais Valls fait son boulot de ministre républicain. Tout ce
qu’on peut lui reprocher, c’est de n’avoir pas encore démissionné
d’un gouvernement d’abrutis qui ne voient la réalité française
qu’à travers des lunettes roses.
A partir de là, vos considérations sur l’islam en France et les
entreprises néocolonialistes à l’étranger, qui auraient pour
objectif de jeter un rideau de fumée sur les échecs de la politique
intérieure, tout cela est assez fumeux.
La politique des socialistes sur l’islam (j’excepte Valls qui
connaît les dossiers), c’est celle de la gomme : il n’y a pas
de problème, circulez, il n’y a rien à voir. C’est la position de
Taubira, laquelle semble actuellement dominante. Moins en en parle,
mieux ça vaut. Où serait ici la fonction « rideau de
fumée » ?
Sur l’Irak, Hollande et son ministre des affaires étrangères
sont complètement dépassés par les événements. Ils ne maîtrisent
rien du tout. Etant à l’écoute du Qatar, de l’Arabie saoudite, de
la coalition, sans être capables de dégager une position qui ait un
sens. Ils sont des marionnettes dont on tire les ficelles et ils
n’ont aucune politique cohérente. C’est faire trop d’honneur à des
politicards médiocres que de leur prêter, comme le fait le
conspirationnisme, des intentions machiavéliques qu’ils sont
incapables d’avoir. Ils naviguent à vue, entre les écueils.
Votre position est donc à peu près la même que celle de Bush en
inversant les termes : c’est la guerre du bien contre le mal, et
le mal, c’est le grand Satan américain, c’est le « cancer »
sioniste. On connaît tout ça par cœur : c’était déjà
l’analyse supérieurement intelligente de feu l’ayatollah Khomeiny.