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Commentaire de Stof

sur Arts martiaux, Aikido et Cultures : vers le « Dixième art »


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Stof Stof 17 septembre 2013 20:46

Mouahaha, je savais bien que j’avais une âme d’artiste finalement !

Je crois qu’avant toute chose il s’agit de débroussailler un peu cette jungle sémantique. De mon point de vue, les arts martiaux ne sont ni de l’Art ni des sports. Et j’ai toujours considéré que le « noble art » concernant la boxe était une expression ironique.
Commençons par le sport :
Le sport est un moyen de transcender ou de sublimer la guerre, justement. Certains sports sont directement issus de l’entrainement guerrier, comme le javelot, la lutte, l’escrime, l’équitation, le tir (à l’arc ou autre) etc.
D’autres ont plutôt à voir avec le pur renforcement physique, comme l’athlétisme ou la natation. Toujours liés à la guerre ou à la chasse.
Les sports d’équipe mettent en scène des unités sur un champs de bataille et il s’agit alors de valoriser leur cohésion.
Il existe en revanche un certain nombre de sports qui ont plus à voir avec l’art. En particulier ceux nécessitant une note d’un jury (patinage, plongeon etc.)
En ce sens, la boxe est bien un sport et non pas un art martial. On n’a jamais vu de batailles ni même de combats de rue où les protagonistes enfilent de gros gants avant de se taper dessus.

Parceque justement, les arts martiaux servent directement au combat. En ce sens je les rapproche de l’artisanat. L’artisanat de la guerre, en somme.
Qu’est-ce que l’artisanat ? C’est la maîtrise d’une technique et de la créativité.
Qu’est-ce que l’Art ? C’est la maîtrise d’une technique, de la créativité ET un message.

Une technique sans message n’est que de l’artisanat. Mais un message délivré sans technique particulière n’est pas de l’Art. Se contenter de dire qu’on est amoureux ce n’est pas la même chose que de le dire en poésie, en chant ou en danse.
Si je peint la bataille de Breda , j’évoquerais quelque chose et on n’y verra autre chose qu’un amas de peintures de couleurs.
Or dans un combat d’art martial on n’y évoque rien d’autre que deux types qui combattent. L’art martial n’a pas d’autre message à délivrer que « je veux te détruire ou te dominer ».
Un peu comme de faire l’amour, qui pourtant nécessite beaucoup de techniques subtiles mais qui n’a pas d’autre message que « je t’aime et j’aimerais éventuellement avoir des enfants avec toi ».
Le jardinage n’est tout autant pas un Art, malgré toute la technique compliquée qu’il comporte ou bien même la méditation et la philosophie qu’il peut apporter. Mais ce n’est pas (ou très rarement), un outil pour COMMUNIQUER.
En clair, plus le message est pauvre, moins c’est de l’Art.
Ce n’est donc pas la violence, en soit, qui pose problème, mais plutôt la faiblesse d’évocation et la limitation de l’expression. D’ailleurs, l’Art, et en particulier le cinéma, use beaucoup de violence.
Ceci dit, on peut mettre de l’Art un peu partout, y compris dans le jardinage, l’Amour ou la guerre.
D’ailleurs, il existe quelques exceptions dans les arts martiaux. Le Kung Fu évoque parfois des animaux ou des attitudes humaines (l’homme saoul, par exemple). Ou encore la Capoeira, qui se cache sous les apparences d’une danse. Mais dont le but utltime n’est pas de délivrer un message ni d’exprimer des idées ou des sentiments.

L’art martial, en tant qu’artisanat de la guerre, couvre de larges domaines. Le corps humain, certes, mais aussi un certain nombre d’armes : épées, lances, batons, nunchaku, arcs, sabres etc. Alors pourquoi ne pas les étendre à la maîtrise d’un fusil d’assaut, d’un tank ou d’un hélicoptère de combats. Toutes ces armes sont aux arts martiaux ce que l’industrie est à l’artisanat, mais qui pourrait dire que nos amis talibans sont des virtuoses de la Kalashnikov ?
Nous pourrions éventuellement transformer ces techniques guerrières modernes en sports, mais certainement pas en Art à part entière.


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