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Commentaire de Étienne Chouard

sur Tirage au sort ou élection ? Démocratie ou aristocratie ?


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Étienne Chouard Étienne Chouard 26 février 2007 11:01

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Bonjour Henrique,

Merci pour ce message fort intéressant.

Aucun système ne sera parfait, sans doute, et la quête d’Aristote en vue d’un régime mixte, équilibré, est bien sûr séduisante.

Cependant, dans un de vos paragraphes, il m’a semblé repérer un malentendu. Vous dites : « Dans une stochocratie, cléocratie ou lotocratie généralisées, il n’y aurait plus de sens à plus ou moins long terme à ce qu’il y ait des débats, l’exercice d’une raison citoyenne, puisque ce serait au final le hasard qui déciderait et non le jugement collectif issu d’un débat. »

Mais le hasard n’a jamais été conçu pour remplacer les débats : il s’agit de confier au hasard la seule répartition des charges, ce qui laisse toute leur place, ensuite, aux débats, aux votes et à la décision par la majorité, évidemment.

Le hasard permet de libérer les hommes de la domination des groupes d’hommes (partis ou autres lobbies) à qui la technique de l’élection donne mécaniquement un avantage décisif : cette libération permet ensuite à chaque homme libre en assemblée de réfléchir et voter librement, en conscience, sans la contrainte d’une ligne de parti ni celle d’une discipline de parti, projet par projet, idée par idée... librement.

Contrairement à ce que vous suggérez, il me semble que les partis n’ont pas toujours existé : à Athènes, il y en avait fort peu et ils étaient clandestins - souvent hostiles à la démocratie, d’ailleurs (voir le passionnant petit livre de Jacqueline de Romilly, « Actualité de la Démocratie athénienne », aux éditions Bourin, 2006, p. 141 et s. où elle évoque rapidement les hétairies). Autre exemple, à l’époque de la Révolution française, les factions étaient détestées et prohibées ; les « factieux » avaient alors fort mauvaise presse.

Pourtant, il n’est pas question d’interdire aux hommes de se regrouper car ce mouvement satisfait une pulsion profonde et souvent protectrice ; par contre, il me semble nécessaire d’écrire des institutions qui protègent les individus contre les groupes, des règles qui donnent autant de chance à un homme libre de participer à la vie de la Cité qu’à un homme de parti.

Or l’élection, de ce point de vue, par le mécanisme même de la compétition électorale, lamine les hommes seuls et nous livre aux partis - dont les adhérents ne sont pourtant, rappelons-le fortement, qu’une infime minorité des humains de la Cité.

Dans cette optique, le tirage au sort est parfait : tous les candidats sont à armes égales devant le hasard, et avec des mandats courts et sous contrôle, un grand nombre de citoyens peuvent nourrir l’espoir de se rendre utile.

Amicalement.

Étienne.


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