@A.I
J’attendrai donc votre prochain article sur votre review du dernier opus de
Kaku, et vos développements concernant les cerveaux boltzmanniens.
Quelques remarques (bric-à-brac : en simple réponse à votre com) néanmoins :
Je ne pense pas que les cerveaux de Boltzmann soient considérés stricto
sensu comme relevant du fantasmatique par les scientifiques abordant une telle
hypothèse, mais plus comme une expérience de pensée permettant d’élaborer tel
ou tel cosmique scénario, en gardant en mémoire, ce modèle à fluctuations où la
« pop-up » émergence de « cerveaux » (entre guillemets afin
d’éviter toute anthropomorphisme : le point essentiel étant entités
« conscientes » non obligatoirement des copies de cerveaux humains)
serait plus probable que celle de l’univers entier, et les implications pour la
formulation de tel ou tel scénario.
Un premier point qui rejoindra votre glissement (ou explicitation) suivant
dans ce dernier commentaire : cosmologie > computationalisme > conscience :
A savoir que d’un : il faut pour cela (hypothèse cerveaux boltzmanniens pop-upémergents)
considérer que la complexité de l’univers soit nécessairement supérieure à
celle d’un cerveau boltzmannien ou autre (i.e. : une configuration matérielle
douée (ou dotée : point à résoudre) de
conscience).
Or le fait que nos cerveaux soient contenus dans l’univers n’implique pas
automatiquement que la complexité de ces objets soit inférieure à celle de
l’univers les contenant : il est fort possible que la quantité d’information minimale
nécessaire pour décrire l’univers soit inférieure à celle nécessaire pour décrire
un cerveau (i.e. : le nombre de bits requis pour faire court et rester dans un
discours « info-computationnaliste »)
Histoire d’illustrer mon propos : imaginons un « programme »
générant spontanément des organismes vivants : ce programme serait beaucoup plus
simple qu’un programme spécifiant l’ensemble des détails d’un seul organisme
vivant. Point is : il est possible que les tentatives de reverse engineering du
cerveau (et les scénarios futuristes/transhumanistes de plus en plus en vogue)
n’aboutissent qu’au constat que le reverse engineering de l’univers est au
final plus simple en matière de computation et plus économiques niveau ressources
physiques/énergétiques requises.
Je dirai que c’est là une des faiblesses de ces cerveaux boltzmanniens
comme support de tel ou tel scénario cosmique avec fluctuations et « pop-up »
émergences d’entités conscientes : in fine, la condition sine qua non étant que
la complexité d’un cerveau doué/doté de conscience soit nécessairement
inférieure à celle d’un univers entier.
Ce qui me mène à votre évocation du mind uploading (nous éviterons les
questions philosophiques/éthiques : notamment identité et les possibles "zombies
a-conscients" résultants) : considérons ici qu’effectivement les théories
computationnalistes soient valides (pas mon opinion bien qu’ayant été très attiré
par ces théories au départ) et que des simulations ou « consciences-clones »
soient possibles dans un futur plus ou moins proche (les projections
habituelles faisant du XXIè siècle la période historique où cela serait
supposément possible) : il faut alors sérieusement considérer que l’hypothèse de
la simulation voit sa probabilité s’accroitre critiquement : avec comme
possibles implications, qu’une fois le moment (x) atteint où nous disposerions
d’une telle capacité : la dite simulation prenne fin (i.e. : afin d’éviter de
faire sauter les compteurs de « l’autre côté » de la simulation mais
aussi d’éviter une cosmique « matrioshkaïsation » à l’infini).
Concernant les spatio-transferts de conscience : les hypothèses
panpsychistes ou quantiques (avec non-localité incluse) me semblent
singulièrement raccourcir la durée du voyage quelque soit la destination
cosmique souhaitée : mais, je m’égare ici…
Pour revenir aux boltzmanniennes entités, la possibilité de communication ne
serait possible que si ces « cerveaux » en sont effectivement capables :
il me semble qu’ici, l’anthropocentrisme ne mène à trop d’extrapolations : en
effet, il est tout autant possible si ce n’est encore plus, que si de telles
entités existaient elles s’apparenteraient probablement à d’ultimes solipsistes.
Exceptée la capacité de penser (conscience), il n’existe aucun autre critère
nous permettant de concevoir à quoi ces entités pourraient ressembler. Et les
critiques habituelles de ce modèle : avec des cerveaux vivant l’espace d’un
flash avant de mourir d’hypothermie dans le vide au sein duquel ils « pop-upparaitraient »
sont aisément évacuées du moment que l’on considère que ne serait requis pour
ces entités rien d’autre que l’ « appareillage » nécessaire à la
pensée/conscience : ergo aucun dispositif sensoriel nécessaire (donc ni input,
ni output), pas plus ne pouvons nous établir que soit nécessaire que ces
entités soient composées d’atomes ou soumises aux lois de la physique (les
propriétés mentales ne dépendant pas de celles de la physique) ou de la
biologie/biochimie : de la pensée/conscience pure concentrée sur elle-même : bref
strictement inentendable pour nous…
Pour conclure sur ce point : je reprendrai un propos de S. Carroll , critique
de l’hypothèse boltzmannienne mais qui
néanmoins énonce ceci : "…au sein de cet ensemble de fluctuations, certains
de ces cerveaux (boltzmanniens il s’entend) seraient intégrés à des univers
similaires au nôtre, mais un nombre énormément plus important existeraient complètement
isolés (indépendamment/en-dehors de tout univers, il s’entend)…" : ici, malicieuse
conclusion que la mienne : dans l’ensemble de features d’une conscience existe
la capacité à la narration, à la fiction, au rêve, etc… ainsi que l’aptitude à
créer mentalement des univers ainsi que les consciences qui les peupleraient…(tout
écrivain le fait, encore plus dans le registre SF/Fantasy)…
sur ce, j’attendrai votre article sur l’opus de Kaku ...