Comme vous Jean, je ne vois aucun autre
mystère, dans la nature réelle de Jésus, que celui que je vois dans la nature
de chacun d’entre nous. Mais je comprends que ceux qui en ont fait un Dieu, le
Christ, en voient un. Le problème c’est ce qu’ils en font. Voici un autre
extrait de mon texte Benoît XVI, premier
responsable de la violence religieuse :
La trahison
presque deux fois millénaire, par les chrétiens, du prophète juif dont ils se
prétendent – et probablement se croient réellement – les disciples, me paraît facilement
explicable. En se constituant, leur église décida que Jésus n’était pas
seulement un religieux exemplaire, un modèle à suivre, un réformateur dont la
réforme devait être poursuivie et perfectionnée. Elle décida qu’il était
lui-même Dieu, une composante du Dieu trinitaire qu’elle inventait pour
l’occasion.
Etant Dieu, Jésus
était donc parfait. Il ne pouvait pas avoir eu des limites, s’être trompé, être
resté ambigu, fut-ce sur des points secondaires parfaitement explicables dans
le contexte. Il ne pouvait pas avoir accepté plus ou moins consciemment,
confirmé et retransmis, certaines croyances délétères des prophètes antérieurs.
Il ne pouvait pas avoir laissé son enseignement inachevé, sa réforme
perfectible.
Et l’église,
imprégnée de cette conception, se mit à refuser tout appel à la raison pour
continuer son œuvre. Elle s’opposa délibérément à la libre philosophie en
prétendant en avoir reçu une autre de Dieu, de beaucoup supérieure et – plus
grave que tout – elle prétendit échapper à la responsabilité et à la justice
humaines. Elle mit un frein brutal au « jésuïsme », elle lui tourna
le dos en mettant en place – à sa place – le christianisme.