Pour conclure, il me semble que l’une des clés du « changement » est la restructuration des élites.
La défaisance de l’appareil de contrainte néolibéral passe par une restructuration
des élites dominantes, politiques, économiques et administratives qui, dans une
large mesure, sont au service du capitalisme financiarisé.
Ces élites ont accumulé un
capital social qui est plus assis sur
une base multinationale ou mondiale que sur une base nationale. En ce sens,
elles se caractérisent notamment par leur extraversion, c’est-à-dire qu’elles
sont impulsées de l’extérieur. Pour paraphraser André Gunder Frank à propos de
l’Amérique latine, il s’agit d’une « bourgeoisie satellisée »,
d’une « lumpen bourgeoisie »....
La sortie
du processus de Tiers-mondialisation implique la restructuration des élites
car, comme l’écrivait Frank en 1971, « l’ennemi immédiat de la
libération nationale en Amérique latine est, tactiquement la bourgeoisie
elle-même, bien que stratégiquement, l’ennemi principal soit, indéniablement,
l’impérialisme ».
Pour ce faire, il est nécessaire de rendre obsolète le capital
social des élites dominantes et
de faire en sorte que leur restructuration se fasse au service de la République
dans l’honnêteté et la frugalité relative.
On peut penser que cette démarche se heurtera à un
effet de cliquet important qui ne pourra, vraisemblablement, être dépassé sans
violence.
Mais la refondation est souvent à ce prix.