C’est
déjà toute la différence entre un effet d’annonce et la réalité
tangible du terrain. Finalement, hors des relations diplomatiques qui
existaient depuis longtemps via « la Représentation » disent les Cubains
en montrant du doigt le plus moderne immeuble de Habana, le plus
moderne mais également le plus inaccessible et le plus protégé, qu’est
l’Ambassade suisse qui représente, doux euphémisme, le long du Malecon
les intérêts américains, qu’il y a t’il de changé ?
Pratiquement : rien !
Théoriquement beaucoup puisque le rétablissement des relations entre
les deux pays signifie d’abord la fin d’un état de guerre - tout aussi
théorique - entre les deux pays qui dure depuis 1962.
Et en fait,
l’article le souligne et je l’avais abordé hier : l’embargo, source de
toutes les discordes et interprêté différemment selon l’opinion politique
de tout un chacun, ne sera pas levé de sitôt car il dépend, côté
américain de la révocation de la loi Heyles-Burton, prérogative du
Congrès ...à majorité dorénavant républicaine. La réaction quasi sauvage
du Sénateur de Floride Marco Rubio - un cubain naturalisé comme le
furent beaucoup d’opposants au régime castriste - est très symptomatique
à cet égard : ce sera non, mille fois non et sans aucune condition,
point.
Vu côté américain, la question est plus d’ordre intérieur
qu’international. Elle devrait être posée ainsi : pourquoi diable Obama,
qui fait la guerre partout dans le monde, trouve subitement nécessaire
de se rapprocher de Cuba ? Je n’y vois pas l’expression d’une morale
subitement retrouvée, mais un calcul dans le fond évident. L’élection
américaine, depuis Clinton, se joue exclusivement sur le vote
hispanique. On pourrait donc envisager qu’il se prive volontairement, ou
plutôt prive les Démocrates du vote de Floride qui est quand même perdu
pour s’assurer celui des autres hispanophones qui, eux, n’ont pas une
vision nationaliste mais culturelle de leur vote et seraient donc
susceptibles d’apporter dans un bel ensemble leur voix si courtisée au
clan démocrate plutôt que républicain et, par là, empêcher la probable
élection du candidat qui sera désigné par les plus conservateurs
redevenus majoritaires et plus dangereux encore pour la paix dans le
monde que ne le fut et l’est encore l’impérialisme made in USA, version
démocrate.
Donc, l’initiative d’Obama n’est qu’un prétexte qui ne lui coûte rien et ne crée aucune avancée, cqfd.
Plus dingue encore et ce n’est relevé nulle part, l’interlocuteur, je
cite Raoul Castro, fut - remémorez-vous l’affaire Ochoa, numéro 3 du
régime fusillé d’urgence après un procès mascarade pour l’empêcher de
parler - le plus grand passeur de cocaïne au monde durant les années 80,
lorsque c’était le cartel de Medellin qui régnait en maître sur le
marché. Donc, si le rapprochement avec Cuba est positif, il n’en revient
pas moins que les Etats-Unis s’assoient royalement sur leur propre
morale en envisageant de donner à un traficant de niveau mondial,
assassin de surcroît,, l’opportunité d’être reçu avec tous les honneurs à
Washington.
Fallait-il donc que les vrais motifs de ce rapprochement, forcément cachés, soient si impérieux ?
La CIA qui dispose du vrai pouvoir, prépare t’elle une révolution de couleur à La Havane aussi ?
Je pense que c’est là la vraie raison. Un mouvement de révolte sur
l’île communiste ( ? ) se fera dans un bain de sang, car le peuple
cubain, victime depuis toujours, sera le moment venu seul et mains nues
face à un régime surarmé parmi les plus répressifs au monde et personne
ne l’aidera, sauf de manière indirecte.
Et nos amis Amerlocks
auront beau jeu d’agiter une fois de plus les droits de l’homme, leur
version des droits de l’homme... Quand on vous disait que politique et
morale sont antinomiques. C’est toujours le plus retors qui gagne. En
l’occurence, Obama réussit à se montrer plus diabolique en la matière
qu’un régime qui a pourtant montré depuis le 1er janvier 1959, et ce
malgré une propagande intense qui en fait le protégé d’une certaine
extrême gauche toute aussi aveugle ou de mauvaise foi que sa consoeur de
droite, n’avoir de leçon à recevoir de personne.
Pobre pueblo cubano une fois de plus victime d’une real politik qui le dépasse...
.