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Commentaire de asterix

sur Après le réchauffement des relations Cuba-US, l'inéluctable levée de l'embargo


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asterix asterix 19 décembre 2014 10:26

Bonjour Robert,

Ma réponse sera d’une toute autre teneur que l’analyse de ce « fait historique » qu’est le rétablissement de relations diplomatiques que je propose à nos lecteurs ci-dessous.
Elle ne repose pas sur de la vague propagande dont tu te fais l’interprête, mais sur des faits tangibles et vécus. Et elle sera même double, ne t’en déplaise.
N’oublie pas que moi, j’ai vécu 4 ans à Cuba et cela m’a ouvert les yeux.
Dois-je t’acheter une paire de lunettes à double foyer ?
Première expérience :c’était la première fois de ma vie que j’attrapais la gale et je rentrais en Belgique quelques jours plus tard. J’te dis pas l’avion, j’ai reçu les deux derniers sièges pour moi tout seul, comme si j’étais un pestiféré. Service des urgences, houlàlà c’est grave. Rendez-vous dès demain chez un spécialiste, du fric à payer pour notre médecine gratuite, le spécialiste, qui m’envoie chez un autre spécialiste qui finit lui-même par m’envoyer à l’Institut de médecine tropicale à Anvers. Traitements coûteux, bains de je ne sais quoi, cinq, six séances différentes, je ne me souviens plus. Mais après trois semaines, miracle, j’avais à nouveau la peau d’un bébé, un bébé de 50 ans. J’en ai maintenant bien plus, c’est le genre de truc qui ne marche jamais à revers.
Vive la médecine occidentale ! J’ai dû lui coûter un maximum mais peu importe, la peau d’un bébé te dis-je.
Seconde expérience : de retour à Cuba quelques mois plus tard, à nouveau le même problème pour avoir dormi en province chez des « familiares » sur le chemin de Trinitad, une ville dont le centre est encore totaleent 18ème sièce, c’est magnifique. J’en avais le droit puisque j’étais marié avec une cubaine.
La catastrophe ?
Et ce d’autant plus que je n’allais pas rentrer à Bruxelles avant au moins six mois !!!
ET BIEN PAS DU TOUT ! 
Au retour, mon ex me conduisit à l’hôpital d’Habana Centro, avenida 5, celle que les Cubains n’ont jamais appellée avenida Salvator Allende, malgré les ordres de Fidel.
Crasseux l’hôpital, je n’étais guère rassuré mais sans solution de rechange. Je fus reçu endéans les dix minutes par une grosse doctoresse noire qui avait un cigare à la bouche. Elle se retourna vers mon ex et lui posa une question :
- Est-ce qu’il se lave au moins ton extrangero ?
- Beh oui, nous n’avons toujours pas l’eau courante mais la Pipa ( la citerne à eau ) passe tous les jours et nous montons alors cinq seaux d’eau à la corde au troisième étage. Il se lave même avec du savon venu d’Europe, tu sais !
- T’en as un pour moi ?
- Oui si tu viens le chercher chez nous, c’est à 300 mètres d’ici. Mais comment va t’il faire pour se soigner ? Regarde,carida : il est plein de boutons et se gratte tout le temps, on ne sait même plus b...
- Ennuyeux cela !
- Oui, plutôt...
- Bon, ce n’est pas grave. Mais comme il n’y a pas de médicaments, va plutôt acheter - là je ne sais plus quelle plante - à l’herboristerie et il sera guéri en trois jours.
- Merci, companera ! Et que coûte la consultation ?
- Rien, ici la médecine est gratuite. Mais n’oublie pas le savon que tu m’as promis !.
Chose due, chose faite.
ET TROIS JOURS PLUS TARD, j’avais la peau d’un bébé, un bébé de 51 ans...
Rien à dire : vive la médecine cubaine

Pourquoi suis-je intervenu dans ton sens puisque, ce n’est un secret pour personne, je suis totalement opposé au système castriste ?
Mmh, pas tout à fait dans ton sens... Nous partons cette fois quelques mois plus tard pour la province de Camaguay, afin de visiter une coopérative piscicole dans le cadre de la préparation de mon bouquin. Miracle, un de plus, ma vieille Ford 1948 arrive à bon port ! En deux jours et avec au moins 300 litres d’essence ...à un dollar le litre puisque je ne suis pas un privilégié du régime qui reçoit des bons qu’il utilise ou échange contre de la bouffe, c’est selon.
Nous nous arrêtons donc à mi-chemin chez un vague cousin et sa famille. Catastrophe, le mec qui conduisait un tracteur d’état encore en état de marche ( un miracle absolu, celui-là ! ) a versé dans le ravin. Il a une fracture ouverte entre le coude et l’épaule, on voit l’os qui a transpercé la chair, c’est horrible à voir. Il geint, c’est atroce. On le conduit donc au dispensaire local à bord de la vieille Ford car il n’y a que des charriots à boeufs au village. Vingt litre de carburant supplémentaires, ce n’est rien puisque c’est pour la bonne cause. Promis-juré, on reviendra prendre de ses nouvelles au retour. Sorry ( enfin non : disculpe ) voilà 20 dollars cadeau, je ne sais pas t’en donner plus, dis-je à sa femme. Tout ira bien, tu verras.
Mwais...
On repasse trois semaines plus tard, le mec était affalé sur un lit de paille, il avait la fièvre, on lui AVAIT COUPé LE BRAS jusqu’à l’épaule. Cinquante autres dollars cadeau, une fortune. Désolé-disculpe, il m’en faut absolument garder 200, il reste 200 km jusqu’Habana et je dois garder de quoi payer l’essence. Ma Ford 1948 n’est toujours pas tombée en panne, mais il faut prévoir...
Deux mois plus tard, j’ai appris que le gars était mort d’une septicémie foudroyante.
C’est tout, Robert. Tu en conclus ce que tu veux...


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