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Commentaire de Analis

sur 18 juin : Napoléon De Gaulle (3/3)


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Analis 29 juin 2015 21:31

Napoléon fut certes un despote relativement éclairé, mais ce qui veut dire au final, un despote. Et il était animé d’une volonté de conquête militaire inextinguible. Il a voulu amener les idées du rationalisme révolutionnaire (libéral pour l’époque) en Europe, contre le passéisme des monarchies absolutistes, mais par la violence et la contrainte, comme les révolutionnaires qui l’avaient précédé. En fait, il a agi comme les néo-conservateurs qui ont amené par la force leurs idées libérales en Irak contre une dictature fermée. Au bout d’un moment, les européens ont fini par en avoir marre qu’on les oblige par la violence à changer dans le sens des idées des Lumières. Alors, on eut une Europe du congrès de Vienne qui fut certes conservatrice, mais pacifique et relativement éclairée et habitée de l’esprit des Lumières, à l’image de Napoléon, quoi...

De Gaulle, lui, fut un Napoléon frustré. Encore pourvu d’un empire extérieur, il dut se résoudre à le diriger en sous-main à l’époque des décolonisations. Ce qui fut encore assez réussi, le néo-colonialisme se révélant même à bien des égards plus facile pour le colonialiste. Mais en Europe, il ne fut jamais doté d’aucune influence, et ne joua qu’un rôle très secondaire dans la seconde guerre mondiale. Il ne cessa de récriminer pour qu’on laisse à la France une grande influence, alors qu’aucune ne lui était due sur le terrain, et ne cessa de grandir son influence. Sans les alliés, De Gaulle n’était rien. La France était un pays vaincu en 1940, et qui le serait resté sans le rôle essentiel des USA, tant dans le débarquement que dans le soutien logistique à l’URSS. Que cela plaise ou non, c’était ainsi. La France, et De Gaulle qui avait tendance à se confondre avec elle, n’obtint un strapontin que grâce à l’influence de Churchill craignant de se retrouver isolé face aux deux grands (USA et URSS), Churchill qui pourtant n’appréciait pas De Gaulle et que ce dernier haïssait pour ne pas "reconnaître l’importance de la France". Il pouvait se montrer un peu ingrat. Ne réussissant ensuite pas à faire passer ses idées politiques en France après la guerre, n’appréciant pas de devoir composer avec une Assemblée, alors qu’il estimait que sa seule stature historique lui donnait le droit d’occuper la tête de l’Etat, comme son illustre modèle quoi, il se retira de la vie politique et ne revint qu’à l’occasion d’une grave crise politique qui aurait pu déboucher sur un régime militaire. Cela n’arriva pas, mais à la place on a quand même eu une Vème République aux tendances autoritaires indéniables. 

Dans tous les cas, les dirigeants français ne se seront pas grandis en ne se rendant pas à la commémoration de Waterloo, et en s’opposant à la sortie d’une pièce belge commémorative. Non seulement ils auront montré qu’ils étaient mauvais perdants, ce qui ne provoquerait encore qu’hilarité sur leur immaturité, certes sérieusement préoccupante, mais plus grave, ils auront semé le doute sur la persistance de sentiments impérialistes chez eux. L’Europe est bien partie... 


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