Tsipras a capitulé
devant l’intransigeance de l’Europe sous botte germanique.
On peut et même on devrait lui reprocher son ingénuité, son amateurisme.
On serait disqualifié pour moins que cela : sauf qu’il doit encore servir aux bourreaux.
Comment a-t-il pu imaginer ( ou en tout cas le faire croire ) que ses interlocuteurs pussent être compatissants devant les souffrances du peuple grec ?
Ou qu’ils pussent être amenés à la raison
par un exercice démocratique vite ramené à une dimension populiste, car, c’est
bien connu, faire appel au peuple est une incongruité insupportable qui ne peut germer que dans des cerveaux malades !
Pas davantage que ne sauraient être doués d’empathie devant la souffrance des animaux qu’ils
mènent à l’abattoir des maquignons, sensibles seulement à l’odeur de l’argent. ?
Tsipras n’a sans doute pas bien évalué la volonté qui non seulement voulait punir le peuple grec mais aussi faire de ses tourments prolongés un exemple à l’usage d’autres récalcitrants à la bonne marche des affaires.
Pour l’Allemagne, il
était vital que se perpétuât son emprise sur le continent.
Elle a subtilement étendu son emprise
coloniale sur une grande partie de l’Europe ; son économie s’articule sur un système de prédations qui consiste à externaliser une grande partie de sa production dans
des pays à bas salaires pour rapatrier sur le sol germanique le fruit de leur
travail et le fourguer au monde à un prix fort en excipant de la qualité
germanique basée sur une expertise dont
l’illusion est savamment entretenue par les réseaux de propagande à l’usage des
gogos.
Cette résurgence de la
colonisation s’exerce au sein de l’Europe, elle ne consiste plus seulement
à transférer des ressources naturelles exotiques mais à capter un savoir-faire
pour le labelliser au profit de la puissance
dominante de L’UE.
Le berceau de la démocratie - bien qu’insignifiant en termes de poids économique réel - est la victime collatérale de cette entreprise impérialiste.
La leçon doit être reçue par tous les états qui voudraient se libérer de
pesantes tutelles et qui sont menacés de faillite au cas où ils s’aviseraient
de secouer un joug trop lourd à porter.
Il y avait déjà la
dissuasion nucléaire, il y a maintenant la dissuasion financière organisée par
l’oligarchie bancaire et ses hommes liges dans les gouvernements au service de
la rapacité institutionnalisée.
Et
pourtant pour les peuples l’alternative consiste à tomber de Charybde en Scylla
: ils paieront par une régression de leur niveau de vie leur attitude de
chiens couchés devant les sacro-saintes lois du marché qui ne sont que des lois
de dupes où la dupe est dressée pour être consentant.
Quel sera encore le pouvoir d’attraction de Podemos en Espagne après
l’épisode grec ?
Confrontée au déclin démographique et au poids de plus en plus lourd de la
charge de ses retraites , l’Allemagne ne pourra trouver des sources
de financement que dans l’exploitation des potentialités de ses
satellites.
Madame Merkel, avec un sens politique digne de son glorieux
prédécesseur Bismarck mais plus efficace sans tirer un coup de canon, tisse patiemment la toile où vont se prendre les
faibles.
L’opinion occidentale ( ne parlons-pas des porte-voix univoques de la Propaganda
Abteilung qui sont payés pour débiter leur numéro ) n’a globalement pas compris
que le combat des Grecs était aussi un combat pour leur dignité et leur liberté à eux.
Ils s’apercevront assez tôt que l’absence de solidarité ouvre la porte à
des égoïsmes de nantis, toujours moins nombreux mais
toujours mieux nantis, et que le soi-disant populisme des Grecs était en fait
la voix de la raison du cœur contre le langage abscons de chiffres qui,
comme les statistiques, ne disent jamais que la partie de la vérité qui
sied au manche et messied à l’enclume.