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Commentaire de Miville

sur Franco et Pinochet, deux dictateurs de sinistre réputation


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Miville Miville 24 novembre 2015 14:10

@julius 1ER
J’ai vécu dans les années 1960 (enfant) en Espagne de Franco et en Tchécoslovaquie (ado), je peux vous dire que le vie était autrement meilleure en Espagne qu’en Tchécoslovaquie : en particulier la fraction la plus modeste de la population espagnole qui n’avait par ailleurs encore accédé à aucun moyen de confort moderne mangeait autrement mieux (mieux que depuis l’entrée dans la zone Euro). Elle était certes trop pauvre pour s’offrir le restaurant mais elle cuisinait des paellas les jours de fête, alors que les classes moyennes tchèques n’étaient plus capables de se faire un café chez soi.

Plus tard j’ai pu comparer Cuba où j’ai vécu à la fin du régime soviétique (donc avant la crise) et le Chili de l’apogée du régime Pinochet : aucune comparaison : le Chili de Pinochet, malgré la répression économique des intellectuels, avait ouvert l’ascenseur social aux classes paysannes (par l’intermédiaire de l’armée et des forces de l’ordre bien souvent) tandis que rien de tel à Cuba, où l’université était de moins en moins accessible, sans parler que l’intellectuel chilien de gauche était incité d’abord par la police à faire ses bagages et à émigrer (souvent avec le transport fourni ou offert au rabais par l’armée) et objet de répression seulement s’il s’objectait à cette mesure pour continuer à militer, au contraire de Cuba d’où l’émigration en tant que dissident était très sévèrement empêchée.

L’immense majorité des anciens marxistes chiliens est devenue plus néo-libérale que les anciens fascistes chiliens de la base (qui sont de leur côté plus ouverts aux théories de la conspiration), et dès la fin du régime Pinochet la gauche bobo chilienne était devenue un parti-pris de riches mondialistes. Je n’étais pas là pour le vérifier, mais la gauche espagnole que vainquit Franco avait commencé à mettre en place un état policier de type stalinien particulièrement retors et violent qui ne fut pas pour peu dans le découragement final de beaucoup de Républicains.


De la même manière au Chili les médias occidentaux, même non marxistes, ont systématiquement occulté le fait que la grande majorité du peuple chilien non-bourgeois, même au plus fort des excès du régime Pinochet, appuyait la droite voire l’extrême-droite plutôt que la gauche dans un rapport de deux à un, ce depuis presque toujours, depuis la seconde guerre mondiale au moins. Elle reprochait plutôt à Pinochet de na pas avoir pris toutes les mesures de droite initialement promises comme l’établissement de corporations de métier héréditaires sur le style de l’Inde ancienne et d’avoir permis trop de développement technologique à l’américaine, si bien que les deux référendums gagnés à 65% par le régime contre le retour du parlementarisme n’étaient nullement des fraudes comme le prétendit la presse occidentale : le gros des votants était plus ou moins lecteur des Protocoles des Sages de Sion et des conspirationnistes de droite espagnole ou américaine et aurait préféré le général Leigh qui était partisan de la restauration de la tutelle de la monarchie espagnole sur le Chili et de l’abrogation de l’indépendance, perçue comme un complot judéo-maçonnique.

Je n’ai jamais été favorable à ces deux individus, plus détestables encore que je ne l’avais imaginé, que furent Franco et Pinochet, non plus qu’à leurs nombreux sycophantes, mais j’ai compris assez jeune que la presse de gauche et de centre-gauche bien-pensante de Paris était plus totalitaire et mensongère que celle de la droite et de l’extrême-droite, qu’on se faisait moins laver le cerveau en lisant Jours de France que le Nouvel Observateur même si ce dernier était séduisant intellectuellement. Le courants marxistes partout là où ils ont sévi ont rendu à la longue leurs partisans beaucoup plus cyniques et matérialistes (c’était leur but) que leurs adversaires des débuts.

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