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Commentaire de gilles07

sur Le dessous des cartes dans l'affrontement Russo-Américain


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gilles07 11 décembre 2015 09:15

@gilles07

J’ai eu le temps de lire votre article, mais je manque de temps pour argumenter.

En deux mots : je ne suis pas sûr qu’on puisse parler d’agression des EU contre la Russie à propos des pays que vous citez. Dans le cas de l’Ukraine par exemple, la Russie ne peut se sentir agressée que si elle fait sienne la doctrine Monroe pour pouvoir conserver éternellement son voisin dans son aire d’influence, indépendamment de la volonté de la majorité des Ukrainiens. Le défenseur des droits de l’homme que je suis condamne cette doctrine pour les Etats-Unis, ce n’est pas pour l’approuver pour la Russie.

Quand l’Algérie fraîchement indépendante se rapproche de l’URSS, qui cherche alors comme les EU à étendre son influence, je ne dis pas que la Russie fait la guerre à la France, je dis que l’Algérie a le droit de choisir ses alliés. Et que ce droit n’est pas remis en cause par les changements de régimes dans ce pays. Et qu’en plus nous avons fait de telles erreurs dans ce pays qu’il ne faut pas s’étonner que l’affection qu’on nous y porte reste mitigée. Si les EU sont impopulaires dans nombre de pays latino-américains où on emploie le terme péjoratif de Gringo pour désigner les ctoyens Etats-Uniens, ce n’est pas que les latinos soient méchants, mais seulement qu’ils gardent de mauvais souvenirs des interventions intempestives de leurs voisins du Nord.

Si de nombreux pays de l’Est européen ont voulu se rapprocher de l’OTAN et/ou de l’UE, c’est leur choix souverain qui s’explique par les mauvais souvenirs de l’époque soviétique, et Poutine le sait mieux que quiconque, qui déclare en substance « Nous avons eu le tort d’imposer par la force à nos voisins un régime [le communisme] dont ils ne voulaient pas ». Le peuple Russe peut comprendre cela. Pour l’Ukraine, la situation est plus compliquée à cause le la présence de nombreux russophones, mais les résultats des élections dans ce pays depuis dix ans a toujours fait apparaître une majorité pro-occidentale assez nette, à part la parenthèse Yanoukovitch qui s’explique par deux facteurs : d’une part ses prédécesseurs s’étaient déconsidérés en passant leur temps à se bagarrer entre eux plutôt que de bien gouverner, et d’autre part il s’était fait élire sur la promesse de signer un traité d’association avec l’UE.

La nature du régime Ukrainien n’a rien à voir ici. Et si Poutine déclare que c’est aux Syriens de choisir leur président, qu’il déclare aussi que c’est aux Ukrainiens de choisir leur constitution, fédérale ou pas.

Certes la propagande de Poutine dénonce sans cesse un coup de force de l’Occident, mais ceci n’est à mes yeux pas plus crédible que la propagande Bush sur l’Irak en 2003. Je suis toujours attristé quand je vois la propagande d’un Etat, quel qu’il soit, reprise sans discernement. Bush avait réussi à convaincre 80 % de ses concitoyens que Saddam était derrière les attentats du 11 septembre. On sait ce qu’il en était.

Sur le plan économique, je ne suis pas de taille à vous donner la réplique. Mais confusément, je suis mal à l’aise devant une analyse quand même - excusez moi - très dogmatique, dans laquelle les individus seraient totalement prisonniers de logiques économiques et géopolitiques, assignés d’autorité à des blocs, prisonniers de rouages où les droits de l’homme sont une utopie devant laisser la préséance aux puissances dominantes.

Je suis conscient que les droits de l’homme sont encore loin d’avoir triomphé, y compris en Occident. Ce n’est pas une raison pour renoncer. Après tout, beaucoup disaient que l’économie américaine ne pouvait pas supporter l’abolition de l’esclavage, que les blancs ne partageraient jamais le pouvoir en Afrique du Sud, etc.

Je tiens en tout cas à vous remercier pour votre courtoisie.


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