@CN46400
Pour que l’UE disparaisse il
faudrait que les bourgeoisies européennes puissent espérer
un accroissement substantiel des profits dans cette disparition.
Il faudrait définir
la composition actuelle de la ’’bourgeoisie’’. Si l’on entend par là
le groupe de ceux qui avaient objectivement intérêt à soutenir le
capitalisme pour conserver des privilèges financiers (soit une rente
capitaliste en sus ou à la place de leur travail), On peut dire que
ce groupe a beaucoup fondu au fil des décennies.
Après la guerre,
du fait des pénuries, les commerçants et les agriculteurs avaient
un niveau de vie bien supérieur à celui qui aurait été le leur
s’ils avaient été salariés. Un vieux boucher m’a confié que sa
corporation connaissait ’’l’euphorie’’ après guerre.
Ils en était de
même pour beaucoup de petits chefs d’entreprise dans les années de
reconstruction et d’expansion de cette époque. Les médecins,
notaires, avocats étaient de grands notables vivant dans un luxe
certain, marqué par la présence de domestiques à leur domicile.
Aujourd’hui, à
quelques exceptions près qui sont propres à l’hétérogénéité de
ces groupes sociaux, leur situation est beaucoup moins glorieuse et
les idées d’une refonte sociale commence à traverser l’esprit de
beaucoup d’entre eux.
Les commerçants
ont subi l’apparition des grandes surfaces, combinées à la
banalisation de l’automobile, des réfrigérateurs et congélateurs.
Malgré les spasmes pilotés par des Poujade et des Nicoud, se sont
multipliées les fermetures d’épicerie générale. Aujourd’hui, les
magasins de ’’dépannage’’ sont tenus par des immigrés qui acceptent
les horaires à rallonge pour un revenu annuel guère supérieur au
salaire médian. Beaucoup de petits magasins de vêtements ne
procurent guère que l’équivalent d’un salaire moyen à leur
propriétaire-vendeuse (dont un bon nombre ne sont que locataires des
murs).
Les agriculteurs
connaissent la crise que l’on sait, qui va durer.
En refusant de
vivre et travailler à la campagne, beaucoup de femmes médecins se
retrouvent en excès dans les grandes villes et, en concurrence
sévère avec leurs confrères, vivent comme des cadres, sans plus.
Même les médecins d’hôpitaux se trouvent désemparés face aux
restrictions imposées à l’hôpital public.
Les avocats se
voient de plus en plus commis d’office et pour quelques vedettes du
barreau, combien sont à la peine dans une concurrence exacerbée
avec l’arrivée massive d’avocates ?
Les notaires ont
jusqu’à présent résisté à une modification profonde de leur
statut malgré les progrès de l’informatique. Mais ce changement est
inévitable, à terme.
Devant leurs
carnets de commandes vides, les retards de paiement de leurs dus et
l’absence d’aide des banques, beaucoup de petits entrepreneurs sont à
la peine, voire font faillite.
Au final, la ligne
rouge qui sépare exploités et profiteurs du système monte toujours
dans la pyramide sociale et le pouvoir d’influence de ces derniers
sur les autres diminue, d’autant que la religion, naturellement
conservatrice, ne concerne plus qu’une très petite minorité de
citoyens dans un pays comme la France.
Leurs journaux,
leurs médias sont de plus en plus rejetés. Les bulles spéculatives
menacent d’imploser avec des conséquences sociales imprévisibles
(les catégories ci-dessus préparent l’essentiel de leurs retraites
par capitalisation !). Le chômage ne va pas arrêter de croître
avec l’austérité voulue par l’UE.
Bref, tout se
conjugue pour qu’un changement profond se mette en route.