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Commentaire de Vlad

sur La Loi El Khomri : du code du travail au code de non-droit ! Volet N°1


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Vlad Vlad 27 mars 2016 21:18

Je ne sais pas combien vous allez consacrer de d’articles sur le sujet. Mais à mon avis vous auriez pu vous éviter celui-là ou évoquer puisque je devine déjà votre thèse qui transparait dans le titre, avec d’ailleurs un paradoxe d’ores et déjà évident puisqu’une loi serait donc vecteur de non-droit, visant à noter un retour en arrière quant à la nature des rapports entre salariés et patronat, évidemment au détriment des premiers. Partir de l’antiquité grecque pour appuyer cela me semble quand même assez osé.D’autant plus osé que ce genre de raccourci, car on ne s’improvise pas Marx en quelques petites dizaines de lignes, ne résiste guère à l’analyse. 

On ne peut guère comparer ce qui est comparable. Si votre analyse veut s’appuyer sur les rapports de production uniquement, et ça semble être le cas, elle écarte avec mépris un contexte social, ou d’organisation de la société fondé sur des croyances, des valeurs, des rapports de force très éloignés de ces rapports de production. Par exemple vous dites à propos du Moyen-Age que seigneurs et serfs correspondaient à une division binaire de la société. C’est absolument faux. La société médiévale est d’une grande complexité et certainement pas binaire. Vous avez sans doute entendu parler des oratores, des bellatores et des laboratores. Au passage inclure le métier des armes dans le travail manuel selon votre expression ne me parait guère pertinent. Et le seul vrai conflit qui a duré des siècles fut celui qui opposa le pouvoir religieux au pouvoir temporel avec d’ailleurs aucun vrai vainqueur, ce qui offrait de belles perspectives, ou du moins le terreau de cette séparation du spirituel et du temporel qui est une des marques fondamentales de l’occident. A partir de ça on pourrait d’ailleurs expliquer quelques tensions contemporaines. Mais au-delà de de contexte général qui ne peut-être qu’ébauché ici il existe de très fortes disparités au sein de cet ordre que vous regroupez allégrement sous le terme de serfs et qui constitue effectivement la force de travail au sens très large.Mais et c’est peut-être là où votre survol historique perd totalement sa pertinence, c’est que cette organisation de la société exclut la notion d’individu. L’individu quand il existe, c’est le déviant, celui qui trahit sa communauté. 

 Vous voyez peut-être où je veux en venir. Il n’y a pas d’universalisme ni dans l’espace, ni dans le temps et parler d’une loi sur le travail dans la France de 2016 avec en perspective de fond des époques et même des lieux très différents me semble être une erreur ou alors la marque de la volonté de satisfaire ceux qui dès qu’on essaie de toucher à ce qu’on appelle très abusivement des acquis sociaux nous renvoient à des périodes passées souvent méconnues par ailleurs.

 Puisque votre sujet est la loi El Khomry, que cette loi s’appliquera ou pas en France, il est peut-être plus logique de circonscrire votre retour vers le passé, si vous jugez utile d’en faire, à cette même France et de restreindre la période. Et donc d’éviter de comparer le serf, partie d’une communauté, d’un ordre, et qui ne perçoit sans doute pas ou guère comme un injustice le déterminisme dont il est la victime, au salarié contemporain, individu avant tout et dont la place dans la société est aussi celle qu’il a su se faire, nonobstant quelques réelles pesanteurs sociales que les réformes avant-gardistes qui ont percuté l’éducation nationale depuis la fin des années 70 n’ont fait qu’accentuer.


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