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Commentaire de Alren

sur La Chine : Une puissance vulnérable


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Alren Alren 1er septembre 2016 18:25

@Chirita-Bobic Nicolae

La Chine ne peut pas faire trembler le monde, car le nombre ne suffit pas. Il manque quelque chose ...

Je suis d’accord qu’il manque quelque chose mais cela est aussi vrai pour le Japon et la Corée du sud ainsi que l’Inde ou le monde arabe : toutes les inventions fondamentales qui fait le succès industriel des deux premiers ont été effectuées en Europe, et accessoirement aux USA qui sont une bouture européenne. Je parle de l’automobile et de l’électronique, sans oublier les trains à grande vitesse, les ponts suspendus ou à haubans, les techniques de construction navales de constructions de barrages, l’aéronautique et l’astronautique etc.

j’avais fait l’hypothèse, que ce dynamisme relève de l’ADN Neandertal (adrénaline peut-être)...

Je ne pense pas que l’ADN joue un rôle. L’humanité est caractérisée à la fois par une grande unicité chromosomique mondiale ( l’ADN de Neandertal ne représente que 5% du matériel génétique d’une partie de la population européenne, chez certaines personnes « de souche » cette part est indétectable. pourtant rien ne distingue les performances des unes et des autres sinon le hasard.) et par une grande hétérogénéité locale, repérée depuis longtemps pour les quatre groupes sanguins et le facteur rhésus.

Enfin on voit régulièrement dans la même famille dont les enfants ont nécessairement un caryotype très proche, des comportements et des performances intellectuelles très différents.

Cette chose je l’avais longtemps travaillé dans mes livres, et je l’ai attribué à une dose supplémentaire de dynamisme apportée par les germaniques (hommes du nord) ...

Vous reprenez- là une thèse raciste du comte de Gobineau adoptée par les nazis de la supériorité des « races du nord ». Elle va à l’opposé du constaté historique : la civilisation « technicienne » est toujours venue du sud, depuis la Mésopotamie et son système d’irrigation en passant par les Grecs à la Archimède et leur machines à engrenages, puis par les Romains et leur voûte romaine, leur maîtrise de l’hydraulique.

Les « grandes invasions » furent le fait d’hommes victimes d’une poussée de peuples asiatiques confrontés à une sécheresse persistante (Huns), poussée qu’ils furent incapables de retenir.

Et c’est l’immensité même de l’empire romain et l’éloignement des citoyens de la chose militaire qui permit cette immigration autant pacifique que devenant violente quand les Gallo-romains opposèrent de la résistance.

Après l’arrivée des « Germains » et la chute de Rome, il s’ensuivit sur l’Europe de l’ouest une grande régression qui n’avait pas son pareil ni dans l’Empire romain d’Orient, ni en Inde, ni en Chine.

En attendant Charlemagne et la « renaissance carolingienne » admiratrice des Anciens, Romains et Grecs, notre région vécut des « siècles obscurs ».

Aux yeux des latins, les nordiques ne semblent pas avoir été considérés comme particulièrement vifs puisqu’un « flandrin » était un grand gaillard venu de Flandre, dont on se moquait volontiers car il paraissait au contraire avoir l’esprit lent et comme tel facile à duper.

Certains témoignages rapportent également une certaine « naïveté » du soldat allemand. Et l’on sait que sans l’activité zélée, fébrile de la police de Vichy et ses filatures, la feldpolizei (gestapo) n’aurait pas neutralisé le dixième des résistants français.

Tout cela n’empêche que « l’occident » continue d’être la grande force motrice de l’innovation profonde et que les autres pays développés ne font que suivre plus ou moins depuis deux siècles.

Comme elle n’est pas biologique, l’explication de cette supériorité technique est forcément culturelle, c’est-à-dire sociologique.

Si une civilisation stagne, c’est selon moi parce que les dominants ne veulent pas qu’elle évolue. Car ils savent que leurs privilèges peuvent être remis en cause par des intellectuels venus du peuple et l’entraînant dans la remise en cause de ces privilèges héréditaires et non fondés sur le mérite personnel.

C’est ainsi que la capacité de fabriquer du papier en feuilles planes, permettant l’utilisation de caractères mobiles, et du fait que l’alphabet latin possède un nombre limité de caractères obtenus par fonte de plomb dans des moules, ont permis la diffusion sans contrôle de la pensée sans passer par l’oral. Sans qu’ils s’en rendent toujours compte cette révolution technique était une mauvaise nouvelle pour les privilégiés nobles et leur soutien, privilégié lui aussi, l’Église catholique.

La soudaine arrivée de livres fabriqués en série au XVe siècele entraînant un accroissement rapide de gens sachant lire et écrire c’est-à-dire pouvant communiquer au loin avec d’autres intellectuels a donné à la pensée laïque et scientifique une place qu’elle n’avait jamais eue jusqu’ici.

Dans le même temps la lecture directe de la Bible a créé une pensée théologique indépendante de celle du pape de Rome, devenue rapidement contestataire.

Ainsi, selon moi, l’émergence du protestantisme n’a été que le début d’un long phénomène de contestation qui a abouti à la Révolution française de 1789 et la Déclaration des droits de l’Homme et sa phrase fondamentale : « Les hommes (et les femmes) naissent et demeurent libres et égaux en droits. »

L’irrésistible dissolution du couvercle religieux qui étouffait les esprits originaux libéra la curiosité scientifique et une ouverture des mentalités. Il ne fut ainsi plus question de brûler Blaise Pascal en lutte contre les jésuites aristotéliciens pour la question fondamentale du vide et de la pression atmosphérique, comme on avait brûlé vif auparavant Giordano Bruno et sa pluralité des mondes ou plus tard moralement emprisonné Galilée et son héliocentricité.

La technique de fabrication en série du livre en papier (un matériau dont on pouvait obtenir de très grandes surfaces à la différence du parchemin) n’a pas été copié en Arabie, ni diffusé en Inde ou en Chine.

C’est l’origine à mon sens de la prise d’avance technologique de l’Europe sur les autres grandes civilisations.

Celles-ci y ont résisté d’autant plus que cette technologie a été introduite brutalement sur leur territoire par des envahisseurs étrangers et donc associée dans la haine qu’ils ont suscité.

En conséquence, elles n’ont pas modifié les structures sociales, ce qui est indispensable à leur adoption dynamique et progressiste.

Le « couvercle » intellectuel a été maintenu le plus longtemps possible pendant que l’Europe et les USA son appendice, continuaient de développer toutes ces technologies qui caractérisent notre époque. Le couvercle invisible subsiste maintenant à travers des hiérarchies qui interdisent au subalterne de montrer sa supériorité intellectuelle sur son supérieur en faisant étant d’idées neuves et créatrices.

C’est évident en Inde qui maintient malgré ses lois le système odieux des castes. C’est vrai au Japon comme nous l’a raconté Amélie Nothon qui l’a expérimenté de l’intérieur. Je pense que c’est vrai en Chine aussi. Malgré un communisme de façade (une idéologie occidentale !) les vieilles traditions de la Chine impériale n’ont jamais disparu, les grands seigneurs et les mandarins étant aujourd’hui les dirigeants du PCC.

Quant aux pays arabes, le couvercle est encore autant religieux que traditionnaliste.


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