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Commentaire de aquad69

sur La place de la mort dans notre société


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aquad69 (---.---.100.34) 9 mars 2007 12:12

Cher Marc,

Je n’ai pas eu l’honneur de côtoyer les Anciens, évidemment, mais, fruit d’une vie de recherche, celui de rencontrer une ou deux fois quelques-uns de leurs héritiers qui continuent, jusqu’à nos jours, à perpétuer l’ancienne vision du Monde. Ce à quoi j’ai pu accéder n’est qu’un petit rien comparé à eux, mais il m’est par contre possible d’essayer de l’exprimer en langage moderne.

Une prochaine révolution holistique de la pensée qui devrait arranger les choses : voilà une pure profession de foi, qui ne doit rien à aucun raisonnement rationnel...

Je voudrais surtout que vous ne preniez pas celà pour une critique personnelle, ni que vous ayez l’impression que je le prenne « de haut ».

Mais les conceptions systémiques et la complexité dont vous parlez ne concernent que l’organisation matérielle de nos sociétés et nos connaissances des supports physiques des choses, et non la vision du monde des gens, qui n’a rien gagné en profondeur.

Il faut soigneusement faire la distinction entre « Pensée » et « Connaissances techniques ».

C’est ce que n’ont jamais fait les modernes, et c’est la source de ce quiproquo qui a toujours existé entre eux et les autres peuples, dit primitifs, que l’on n’a jamais compris, ou plutôt, voulu comprendre.

Quand l’on se gausse, par exemple, du fait « qu’ils croyaient que la terre était plate », on fait une double erreur :

D’abord, quand ils (mais qui ça, « ils », le premier pékin venu, qui prenait tout à la lettre, ou les détenteurs réels du savoir ?) disaient « la terre », ils ne parlaient pas de la planète Terre, dont ils se fichaient éperdument, mais du « Monde Terrestre », au delà de tout ce qui est, par exemple, l’espace et le temps, et c’était un concept à l’horizon immensément plus vaste que la vision des scientifiques d’aujourd’hui du « petit » Univers selon les théories du « Big Bang ».

Ensuite, et surtout, le savoir ancien concernait la signification, le sens des choses, « l’histoire » en quelque sorte, et non la connaissance technique du support physique des choses.

Une image simple, tirée du théatre : vouloir réfuter la vision des choses des anciens peuples pour la raison que leurs descriptions du Monde était grotesque comparée à celle qui est la nôtre, et que nous avons « prouvée » par nos immenses moyens techniques, celà revient à réfuter toute l’oeuvre de Shakespeare -ou une autre si vous préférez- pour la simple raison que tout celà n’a aucune réalité, ce n’est qu’une « histoire », et que seul est vrai et possède une existence réelle le support physique que sont les coulisses et le bâtiment même.

Car toute la science moderne,dans toute son extension, n’est faite que d’analyse et n’est, en vérité, qu’une science du support, une connaissance des moyens, du « comment », et non du « pourquoi » ; et c’est bien pour celà qu’elle est définitivement impuissante à répondre à aucune de nos vraies questions...

Je ne suis pas le premier à poser ce problème, qui est vieux comme le Monde, évidemment ; et vous allez me dire : « bien sûr, bien sûr, mais ce prétendu »sens des choses« , dont vous parlez, existe-t-il vraiment ? Il faut avoir la foi pour croire en tout celà ! »

En vérité, aucune réflexion, aucune discussion ne peut répondre à celà, de même que personne ne peut « prouver » à quiconque l’existence d’une orange par un raisonnement : il faut y goûter, et alors, à partir de ce moment-là, personne ne peut plus vous en faire douter, ce n’est plus de la foi, vous savez...

Mais l’on peut tout de même remarquer que si celà n’était pas vrai, alors l’humanité toute entière, depuis les origines, n’aurait toujours été composée que de sauvages ignorants et hallucinés, véritables psychopathes pathologiques, ce qui est bien ce qu’une vision des choses un peu « coloniale » a toujours essayé de nous faire croire.

Et d’autre part, quand vous allez au cinéma ou au théatre, y allez-vous pour une raison physique, pour vous reposer dans un fauteuil confortable, ou pour y suivre une histoire qui n’a aucune existence physique, mais qui y est la seule chose digne d’intéret, qui donne à ces spectacles leur seule raison d’être...

Il est très difficile de faire une critique absolument fondamentale du modernisme, de vouloir le réfuter, sans passer pour un cassandre, un pessimiste invétéré et grognon.

Et pourtant, pessimiste, je ne le suis pas car plus on cherche la réalité de ce Monde sous ses apparences, plus il apparaît comme une invraisemblable merveille ; mais la laideur qui est propre à toutes les réalisations modernes est peut-être là un moyen de reconnaître ce modernisme pour ce qu’il est : une gigantesque, une babylonique illusion bâtie sur un monde d’erreurs, de mensonges et de crimes.

Si vous voulez garder le contact : [email protected]

Amicalement -Thierry


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