@eau-du-robinet
Tout cela me paraît bel
et bon, mais avec la complexité d’une usine à gaz. Et si l’on veut vraiment
veiller à la représentativité politique objective dans toute sa diversité, je
ne vois pas bien comment on pourra le faire sans recourir aux statistiques portant
sur la race, l’ethnie, l’orientation sexuelle, les convictions religieuses et
politiques.
Mais ce qui m’inquiète
le plus, au demeurant, c’est l’assignation d’une « mission informative, démocratique et émancipatrice », à un
Service public de l’Information et de la Culture, dont on peut craindre, d’une
part, qu’il ne devienne un outil de la propagande gouvernementale, d’autre
part, un instrument de conditionnement – dit « émancipation » - de
l’opinion, qui ne serait d’aucune utilité, ou presque, si on laissait, au
citoyen lambda, la faculté de s’évader sur des chaînes de divertissement.
Et puis, il y a un autre
aspect de la question, absolument essentiel, que vous n’effleurez même pas :
celui de l’orientation politique des journalistes eux-mêmes. On parle de
sondages ayant démontré que 80 % d’entre eux portent à gauche, et sur la
plupart des grands thèmes sociétaux (mariage pour tous, peine de mort, GPA,
euthanasie, droit de vote des étrangers, vivre ensemble, multiculturalisme,
etc.), ils témoignent d’une quasi-unanimité, que ne compense pas la force de
frappe des vedettes de la partie adverse.
La plupart de ces gens
croient, pour reprendre une formule d’Eugène Enriquez , en « l’aptitude de chaque homme à devenir un
être fraternel pour les autres. ». Sur la base de quoi, ils pensent,
interprètent le monde, analysent les événements et commentent en conséquence.
En face d’eux, il y a ceux qui partagent la conviction d’Oswald Spengler
selon laquelle « … les forces du mouvement du futur ne seront rien d’autre que
celles du passé : la volonté du plus fort, les instincts vitaux, la race, la
volonté de posséder, et le pouvoir. », et eux
aussi pensent, interprètent le monde, analysent les événements et commentent
en conséquence.
Tel est, schématiquement mais non caricaturalement, le grand
clivage de notre temps, dont le plus grand nombre n’a pas (encore) conscience,
entre ceux qui ne s’en rendent pas compte, ceux qui s’en foutent et ceux qui ne
veulent pas le savoir.
Or, ce clivage est presque omniprésent dans le contenu des médias,
soit directement, soit implicitement, il oriente le choix des informations
comme les propos des intervenants lors des débats, inspire les
« décryptages ».
Les premiers considèrent les seconds comme des fascistes, des
parasites, des ennemis du genre humain, qui freinent le progrès et retardent
l’avènement d’un monde meilleur, on pourrait même dire le meilleur des mondes,
si l’expression n’était déjà prise.
Les seconds considèrent les premiers comme de chimériques
suicidaires conduisant nos peuples, nos nations et notre civilisation à la
tombe, en ouvrant tout grand les portes de notre minuscule continent à tous les
surplus de population des pays cafouilleux de la planète.
Et c’est dans cette pétaudière de pré-guerre civile, que vous
prétendez mettre de la diversité et offrir une information neutre, distanciée
et exhaustive, garantissant l’éducation de tous, grâce à des débats publics de
qualité ? Je vous souhaite par avance, bien du plaisir, comme aurait dit
De Gaulle.