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Commentaire de Pierre Yves

sur La croissance durable et la poule aux oeufs d'or


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écologie réaliste Pierre Yves 12 février 2017 19:12

Merci à Xana qui m’a fait voir que mon message était incomplet sur quelques points :
- La vraie disponibilité des métaux.
- Les possibilités de remplacement des métaux.
- L’importance de l’énergie.

Ce que je croyais indiscutable, est discuté. Il me faut donc ajouter des détails et des exemples, au risque de la lourdeur.
J’apporte ici un complément à mon texte, qui se trouve également sur la page de mon site dont ce billet est issu : http://ecologie-illusion.fr/croissance_durable_decroissance.htm

====

Les tensions sur les métaux sont réelles. Il faut toutefois analyser les causes.
Ces tensions résultent-elles d’un manque prévisible de ressources ? la réponse est non.

« Présentes sur Terre depuis sa formation, les ressources minérales (quantité totale sur Terre) dépassent certainement les besoins de l’humanité sur la durée de son existence, et les réserves (quantités accessibles avec les moyens technico-économiques donnés) dépendent uniquement de leur renouvellement grâce en particulier aux progrès des technologies d’exploration et d’exploitation. » ("Y a-t-il vraiment un risque d’épuisement des ressources ?" - 2013 - http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2185)

« Les ressources présentes dans les trois premiers kilomètres [de la croûte terrestre] sont largement suffisantes, y compris pour une humanité à neuf milliards d’habitants. » ("Matières premières minérales : faut-il craindre une pénurie ?" - Patrice Christmann / Directeur adjoint, direction de la stratégie, responsable de la stratégie Ressources minérales, BRGM - 2013 - http://www.paristechreview.com/2013/02/12/matieres-premieres-penurie/ )

Le problème est ailleurs. Les estimations du diagramme précédent sont données pour un coût d’exploitation admissible, c’est bien précisé... mais ce n’est pas très précis : jusqu’où va l’admissible ? Toutefois, l’idée est claire : l’épuisement des métaux n’est pas inéluctable, il peut être repoussé – à condition d’y mettre le prix ! Il « suffirait » de creuser de plus en plus profondément.

Cela coûte. Coûte en argent... mais surtout coûte en énergie ; avec de l’énergie abondante on pourrait récupérer davantage de métaux. Mais comment avoir de l’énergie abondante ?

Les énergies fossiles ? Ce n’est pas souhaitable, elles sont responsables du réchauffement climatique, outre qu’elles s’épuisent elles aussi.
L’énergie nucléaire ? Elle est capable de production massive ne contribuant pas au réchauffement climatique ; un bon candidat, mais qui fait peur, à tort ou a raison.
Les nouvelles énergies renouvelables ? Elles ne fournissent actuellement que 1 % de l’énergie consommée sur la planète et croissent moins vite que les énergies fossiles : il est douteux qu’elles réussissent un jour à fournir de l’énergie en abondance. Elles ne sont que quelques danseuses monnayant leurs charmes. Comme les danseuses il leur faut les plus belles parures, les soies et les matériaux les plus précieux. Il leur faut au minimum des métaux rares :

« en 2013, un article publié dans Nature Geoscience proposait une analyse saisissante de l’impact qu’aurait sur les besoins en matières premières la mise en place d’une transition énergétique basée sur les énergies renouvelables.
On y apprenait notamment que la construction des installations solaires et éoliennes multiplierait entre 2 et 10 fois notre consommation actuelle de métaux rares et de matériaux de base dans les 35 prochaines années : 10 fois plus pour le verre, de 6 à 10 fois plus pour l’aluminium, de 2 à 6 fois plus pour l’acier et de 2 à 5 fois plus pour le cuivre. » (Cité dans CNRS Le journal - Nos ressources minérales sont-elles vraiment limitées ? - l’article cité de Geoscience est "Metals for a low-carbon society")

Les nouvelles énergies renouvelables sont très consommatrices de ressources non renouvelables !

Il y a là un cercle vicieux.
Il faut de l’énergie pour creuser de plus en plus profondément pour récupérer du minerai de moins en moins concentré.
Les seules énergies acceptées par une partie des populations des pays développés, ce sont les nouvelles énergies renouvelables.
Mais ces énergies demandent plus de métaux rares et de métaux.
Il faudrait donc creuser encore plus profondément.
Il faudrait donc dépenser encore plus d’énergie, et donc consommer encore plus de métaux rares et de métaux.
Il faudrait donc creuser encore plus profondément...

Il faudrait de l’énergie. Mais l’énergie étant elle-même un problème, ce n’est pas une bonne idée de parier sur un problème pour résoudre un autre problème.

Il faudrait inventer autre chose. Par exemple : "et si on pouvait trouver des substituts aux métaux ?"

Bonne idée... qui est déjà en oeuvre depuis longtemps. Déjà en 1968, la carrosserie de la Méhari était en plastique. Maintenant la fibre de carbone fait les vélos des champions. La liste augmente, il suffit de voir les offres sur Internet :

"Comment remplacer les métaux ? Osez les composites et les plastiques haute performance«  
 »C’EST LE MOMENT DE METTRE LE MÉTAL AU REBUT«  
 »Innovative Ideas for Metal Replacement" 
etc.

Il faut toutefois souligner que ces solutions performantes nécessitent généralement elles aussi plus d’énergie.

On peut aussi remplacer un métal par un autre, par exemple remplacer le cuivre (suspect de rareté du point de vue économique) par de l’aluminium (abondant) dans certains cas pour le transport de l’électricité ; sauf qu’il faut deux à trois fois plus d’énergie pour produire l’aluminium.

Bref, la clef, c’est l’énergie. Il faut y réfléchir à deux fois, s’informer, avant de faire la fine bouche sur la seule énergie capable de production massive ne contribuant pas au réchauffement climatique ni à l’épuisement des ressources.


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