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Commentaire de JC_Lavau

sur Guerre civile au Yémen : récit d'un énième conflit oublié


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JC_Lavau JC_Lavau 28 mars 2017 10:33

Suite :

L’UNICEF estime que plus de 460 000 enfants au Yémen souffrent de malnutrition sévère et que 3,3 millions d’enfants et de femmes qui attendent un bébé ou qui allaitent souffrent de malnutrition aiguë. Plus de 10 000 personnes ont été tuées, dont 1 564 enfants, et des millions de personnes ont été déplacées, mais pire encore, on voit se profiler une famine qui emportera tout sur son passage. Iona Craig, dans un article publié par IRIN, a récemment écrit :

Un groupe de plus de 120 familles dont le nombre augmente rapidement avec les nouvelles arrivées, se blottit sous les arbres secs de cette vaste zone de broussailles grises. Ils ont marché deux jours pour arriver dans ce camp, au sud-ouest de la ville de Taiz, pour échapper à la dernière vague de conflit sur la côte de la mer Rouge du Yémen.

Mais à l’arrivée, les dizaines de femmes et d’enfants n’ont rien trouvé. Aucun soutien des organismes d’aide humanitaire. Pas de nourriture. Pas d’eau. Pas d’abri. Les personnes âgées parlent de manger les arbres pour survivre, tandis que les enfants demandent de l’eau aux agriculteurs locaux. Une mère berce dans ses bras un bébé souffrant clairement de malnutrition.

Maintenant, on entend dire que le 16 mars, quarante-deux Somaliens ont été tués par des frappes aériennes soutenues, alors qu’ils montaient dans un bateau pour essayer de fuir le Yémen.

« Je me suis couché au fond du bateau, a déclaré Ibrahim Ali Zeyad, un Somalien qui a survécu à l’attaque. Les gens tombaient à ma gauche et à ma droite. Tout le monde hurlait :‘Nous sommes somaliens ! Nous sommes somaliens !’.  »

Mais la fusillade a continué pendant au moins une demi-heure, à mon avis.

L’attaque contre le Yémen empêche à la fois les Yéménites et les Somaliens en fuite d’échapper à la pire des quatre crises qui se développent actuellement et qui, toutes ensembles, aboutiront à la pire crise humanitaire de l’histoire des Nations Unies selon l’ONU. Depuis la publication de cet article, personne n’a revendiqué cette frappe, mais les survivants disent qu’ils ont été attaqués par un hélicoptère de combat. Le bateau transportait 140 personnes et il se dirigeait vers le nord, au large des côtes du Yémen.

Pendant ce temps, les fabricants d’armes américains, dont General Dynamics, Raytheon et Lockheed Martin, profitent massivement des ventes d’armes à l’Arabie saoudite. En décembre 2017, Medea Benjamin a écrit : « Malgré la nature répressive du régime saoudien, les gouvernements américains ont non seulement soutenu les Saoudiens sur le plan diplomatique, mais aussi au plan militaire. Sous l’administration Obama, cela s’est traduit par des ventes massives d’armes, à hauteur de 115 milliards de dollars. »

La situation est critique et tous les États membres de l’ONU doivent exiger la fin du blocus et des attaques aériennes, le silence des armes et le règlement négocié de la guerre au Yémen. Les deux pays les plus nuisibles, les États-Unis et l’Arabie saoudite, doivent abandonner leurs manœuvres cyniques contre des rivaux comme l’Iran, devant l’énorme, l’indicible, coût en vie humaines que cela signifie pour le Yémen.

Les citoyens américains doivent exiger un changement de la politique américaine, responsable de la tragédie mortelle que vivent les peuples qui se trouvent au Yémen.

Choisissant résolument la voie de l’opposition aux politiques américaines sur le Yémen, les citoyens américains doivent exiger des élus qu’ils stoppent toutes les attaques de drones et toutes les « opérations spéciales » de l’armée au Yémen, qu’ils mettent fin à toutes les ventes d’armes américaines et à l’aide militaire à l’Arabie saoudite, et qu’ils indemnisent ceux qui ont subi des pertes causées par les attaques américaines.

Notre groupe de militants a longtemps fonctionné sous le nom de « Voix dans le désert »,menant campagne contre la guerre économique contre l’Irak, une guerre via l’imposition de sanctions économiques qui ont directement contribué à la mort de plus de 500 000 enfants. Perdus dans une culture d’irréalité hostile et de silence insupportable concernant la guerre économique, nous avons ingénument essayé d’éveiller les consciences au sort des réfugiés qui tentaient de survivre. Nous n’avons pas réussi à faire lever les brutales sanctions économiques contre l’Irak et avons dû affronter la dure réalité de l’insensibilité et de l’inconséquence des décideurs américains.


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