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Commentaire de hugo BOTOPO

sur Grèce, potion mortelle


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hugo BOTOPO 23 mai 2017 20:18

La GRÈCE peut rembourser sa dette, en totalité mais sous conditions !!!

Les éléments présentés par ZEN sont pertinents sur trois points :
- la part énorme de l’accumulation d’intérêts spoliateurs par les marchés financiers ;
- l’évasion fiscale des plus riches en ne payant pas leur juste part d’impôts ;
- l’influence néfaste de la baisse de plus de 25% du PIB sur d’une part l’activité dans le pays, donc sa capacité à créer des richesses, et d’autre part sur l’élévation du taux de dette publique ramené au PIB : une baisse de 25% du PIB entraîne de facto une augmentation de 33% du taux d’endettement (à dette constante) ; avec un maintien (ou une très légère baisse) du PIB comme en France, repositionnerait la dette de 180% PIB à 135% PIB se rapprochant du taux de l’Italie !
La baisse du PIB grec est le résultat des pressions de la Troïka, sans que cela augmente la capacité de remboursement, qui aurait été plus forte avec un PIB maintenu.

Cependant, dans les négociations la part assassine des taux démentiels a été prise en compte en 2011, avec l’effacement de 107 Md€ par les créanciers (système bancaire privé et de la Troïka) le 27 octobre 2011. On ne sait pas si les ardoises des banques européennes (France et Allemagne) qui se gavaient sur la bête, et qui ont plombé leurs comptes de résultats, avec des pertes, sont incluses dans ces 107 Md€, ou si ce ne sont qu’une part des emprunts du gouvernement grec.
Cet effort des banques privées ne se fait pas sans compensations : d’abord les facilités énormes d’emprunts à taux nul ou très faible auprès de la BCE, et le maintien de taux d’intérêts assez élevés pour les emprunts de refinancement pour la Grèce. De plus le QE par le rachat d’une partie des emprunts publics sur le marché secondaire a permis d’une part aux banques de vendre à la BCE des emprunts selon une cotation supérieure au nominal (quand un emprunt, quasiment garanti par BCE et États de UE, est à un taux supérieur de 3 à 4% au taux consenti à la France et à l’Allemagne, alors le différentiel de taux intervient dans la valeur des titres) et de conforter leurs fonds propres.
La Grèce doit payer sur les emprunts rachetés par la BCE les intérêts élevés obtenus sur les marchés financiers par les banques : les rachats de la BCE ne réduisent pas la dette de la Grèce, contrairement aux tous premiers rachats antérieurs au QE lorsque les cours des emprunts grecs sur les marchés secondaires étaient largement sous côtés (par rapport au nominal) : la BCE empochait les intérêts élevés, et a finalement consenti à rembourser ces intérêts une fois que le Gouvernement grec a remboursé les emprunts rachetés en capital et intérêts ! Dans le cadre du QE, cette facilité n’est plus applicable car elle concernerait tous les emprunts rachetés concernant divers dettes gouvernementales européennes. Le QE n’est destiné qu’à améliorer le bilan des banques et leur ratio de fonds propres.

Les premières mesures du QE ne concernaient même pas la Grèce, car il fallait des emprunts de bonne facture dont le remboursement ne devrait pas poser problème. Depuis quelques mois les emprunt grecs sont éligibles au QE, qui par statut ne peut concerner qu’un tiers de la dette de chaque pays, au maximum !
La dette grecque, fin 2016 de 312 Md€ se répartit en :
- BCE  : 27 Md€
- FMI  : 21 Md€
- États européens (en bilatéral)  : 53 Md€ (surtout Allemagne et France)
- FESF/MES (multilatéral européen) : 131 Md€ (surtout eurozone)
- Marchés privés (banques) : 50 Md€ en obligations et 15 Md€ en très court terme (prêts relais)
- divers : le solde

Les taux d’intérêts sur les différents emprunts vont de 1,5 à 4,6 %, alors que ceux de l’Allemagne sont d’environ 0,5% et ceux de la France inférieurs à 1% : les Grecs sont là pour compenser le manque à gagner des banques. Les États européens, en direct ou en multilatéral, ont emprunté aux banques sur les marchés financiers : ils ne veulent pas que leurs contribuables en soient de leur poche par des taxes et des impôts !

Il y a même des emprunts à 30 ans avec des taux de l’ordre de 1% !

Les nouveaux prêts en cours de négociations entre la TroÎka et la Grèce serviront à rembourser une partie des emprunts ci-dessus résumés !

La question de l’effacement d’une partie de la dette grecque est en cours de discussion chez les dignitaires de la finance européenne et mondiale : par ceux qui n’auront jamais à souffrir des décisions qu’ils vont imposer pour le bonheur des financiers !

Cet effacement n’est pas nécessaire : les Grecs exangues, sont en excédent primaire (avant la charge de la dette) de l’ordre de 3 à 3,5% du PIB ! Avec un taux de 1% ou moins, comme pour l’Allemagne donneuse de leçons, la charge en intérêts serait inférieure à 1,8% du PIB et il y aurait alors une possibilité de remboursement anticipé, par rapport à un emprunt à 30 ans ou plus. Ou d’investir à nouveau dans les équipements et structures publics qui sont aujourd’hui sacrifiés !

L’idéal serait un prêt direct de la BCE à taux voisin de zéro, comme le font toutes les banques centrales de plein exercice ! et sur 50 ans !


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