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Commentaire de Taverne

sur Les lumières de Saint Augustin d'Isabelle Prêtre


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Taverne Taverne 1er juillet 2017 11:03

« Crois pour comprendre et comprends pour croire ».

Cette formule est jolie mais très limitée. En effet, la voie de la connaissance passe aussi par l’alternative consistant à dissocier complètement la foi de la raison, comme la science l’a fait. Alors, pourquoi cette formule chez Augustin, qui était un esprit large et non pas limité ? Parce qu’il était engagé dans un combat entre deux forces : la foi et la raison et qu’il lui fallait trouver des formules de réconciliation permettant à la société intransigeante de s’ouvrir un peu à la lumière des sciences et de la raison.

« Nous constatons que de nos jours l’homme vit surtout en-dehors de lui-même, tant l’intériorité n’est plus une valeur prônée. »

En effet, l’individu est totalement happé par le monde extérieur, y compris même dans ses loisirs. Bertrand Russell défendait l’idée de l’otium, loisir intellectuellement gratifiant, comme le fait d’écrire ce genre d’articles. Le loisir comme forme de libération, comme reprise en main par l’individu de sa vie. Il dénonce aussi le culte oppressant de l’efficacité : toute activité doit servir à quelque chose d’utile. Mais il dénonce aussi le loisir qui n’est que passif. Ni Russell ni Saint Augustin n’aurait défendu le développement des loisirs non intellectuellement gratifiants que l’on voit pulluler aujourd’hui : émissions télé médiocres, jeux idiots...

« Faire le plus de choses possibles en un temps réduit. Alors que le temps est l’étoffe de la vie. »

Encore le culte de l’efficacité ! Saint Augustin voyait le temps comme une ressource pour l’Homme au lieu de le voir comme un contrainte qui nous asservit, une ressource qu’il nous appartient sa savoir gérer pour créer nos richesses.

De nos jours, nous prenons trop souvent le moment présent comme le point d’ancrage servant de critère et d’étalon pour juger de tout. Tout est interprété à l’aune du moment présent. Absurde ! C’est l’erreur la plus répandue chez les commentateurs. Mêmes les philosophes désormais s’y laissent prendre pour se placer sous les feux de l’actualité. On voit par exemple combien la pensée de Michel Onfray décline en qualité, par ce travers, lorsqu’il donne son avis sur la politique actuelle.

La Pensée doit prendre des points d’ancrage qui ne soient pas seulement l’instant T. Je pense que Saint Augustin savait être maître de ses horloges.


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