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Commentaire de BA

sur La France conquérante d'Édouard Philippe


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BA 5 juillet 2017 11:32

A propos de l’Europe allemande :

Yanis Varoufakis était le ministre des Finances grec. Dans un livre, il raconte les coulisses de l’Europe allemande.

La phrase terrible qui résume tout est prononcée par le ministre des Finances français, Michel Sapin, qui explique à Yanis Varoufakis :

« Yanis, vous devez comprendre une chose. La France n’est plus ce qu’elle était. »

Cet article montre que l’Union Européenne est comparable à un bus : la Grèce et la France sont assises sur la banquette arrière. Elles n’ont pas leur mot à dire. Elles ne disent rien. L’Allemagne est au volant. L’Allemagne conduit le bus. L’Allemagne va où elle veut, quand elle veut. 

C’est ça, l’Europe allemande.

Lisez cet article :

Quand Varoufakis dévoile les coulisses de l’Europe.

En préparation de son premier Eurogroupe, le nouveau ministre des Finances grec Yanis Varoufakis fait la tournée de plusieurs capitales européennes. Il rencontre Michel Sapin à Paris pour lui expliquer son plan pour la Grèce. 

Le Grec et sa petite délégation sont accueillis à Bercy par un homme jovial et chaleureux, « typiquement latin dans sa gestuelle et son langage corporel ». Tout le monde s’asseoit, y compris les traducteurs appelés en renfort car Michel Sapin est « le seul ministre de l’Eurogroupe ne parlant pas anglais », rapporte Varoufakis. Le ministre d’Alexis Tsipras est invité à exposer ses idées : il évoque son plan de restructuration de la dette grecque et, espérant sans doute faire mouche, propose de bâtir « une nouvelle relation entre son pays et l’Union européenne inspirée du contrat social de Jean-Jacques Rousseau ». 

La réponse de Michel Sapin le comble au-delà de ses attentes : « Le succès de votre gouvernement sera aussi le nôtre. Il est important que nous changions l’Europe ensemble et que nous remplacions cette obsession de l’austérité par un agenda pro-croissance. La Grèce en a besoin, la France en a besoin, l’Europe en a besoin ». Encouragé, Yanis Varoufakis se met à détailler des mécanismes un peu complexes par lesquels la BCE et BEI pourraient efficacement soutenir l’économie européenne, en réduisant la dette et encourageant l’investissement. Son interlocuteur acquiesce et réaffirme avec emphase la promesse de François Hollande « Ensemble, nous devons redémarrer l’Europe. » 

Victoire ! Yanis Varoufakis sent un vent de révolution se lever dans l’enceinte de Bercy. « C’est tout juste si Michel ne m’a pas attrapé la main pour qu’on aille prendre la Bastille en chantant la Marseillaise », raconte-t-il avec une pointe d’ironie. 

Mais l’atmosphère va rapidement changer et le souffle révolutionnaire retomber. Dans le couloir qui mène à la salle de presse, le locataire de Bercy avertit son homologue que Berlin, avec qui il est en contact, n’a pas du tout apprécié que les Grecs viennent à Paris sans passer par la capitale allemande. Une faute que Michel Sapin lui conseille de réparer au plus vite. « Allez-les voir », lui dicte le Français, avec une petite tape dans le dos.

Deux pupitres côte à côte, placés devant les drapeaux français, grec et européen, les attendent dans la salle de presse. Le ministre français parle le premier et souhaite la bienvenue à son nouvel homologue, tout en reconnaissant les sacrifices énormes consentis par le peuple grec. Et tout d’un coup, plus aucune trace de jovialité et de camaraderie. Yanis Varoufakis croit entendre une voix venue d’outre-Rhin : « obligations à l’égard des créanciers », « discipline », Michel Sapin rappelle les Grecs à leurs devoirs et balaie tout espoir de changements significatifs dans l’accord qui lie Athènes à la Troïka (Commission, BCE et FMI). Pour le ministre grec, c’est un véritable « coup dans l’estomac ».

Sitôt sorti de la salle, le locataire de Bercy remet le masque du sympathique « cousin, que l’on n’a pas vu depuis longtemps », en prenant la main de Varoufakis. Ce dernier l’interroge : « Mais qui êtes-vous, qu’avez-vous fait à mon Michel ? » Cette fois, le Français comprend sans avoir besoin de traduction. Et lui répond « Yanis, vous devez comprendre une chose. La France n’est plus ce qu’elle était. » 
Un aveu terrible qui, dans les mois qui suivent, sera étayé par de nombreuses preuves. 

https://www.lesechos.fr/monde/europe/030420449881-quand-varoufakis-devoile-les-coulisses-de-leurope-2099055.php#xtor=CS1-33


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