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Commentaire de Actustragicus

sur Une révolution politique après la révolution technologique ?


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Actustragicus (---.---.66.121) 9 juin 2006 14:26

Votre analyse sur la mise en danger du capitalisme par les « nouvelles technologies » me semble pertinente globalement, mais je ne suis pas tout à fait d’accord sur l’enchaînement de causes que vous avancez, qui est trop simple : une « révolution » technologique n’entraîne pas de « révolution » politique, c’est une illusion sémantique - l’utilisation du même terme semble établir un lien qui n’est que superficiel. Par contre, une avancée technologique peut permettre l’apparition d’une nouvelle activité économique, ou d’un nouveau rapport social, qui, lui, aura des conséquences politiques. Le capitalisme est né de la nécessité de regrouper ses forces pour produire de nouveaux biens de consommation, alliée au libéralisme politique qui a soustrait ce mode d’organisation au contrôle de l’Etat. En gros, pour exploiter une mine de charbon, il faut s’y mettre à plusieurs et donc constituer un capital, la motivation étant le partage des bénéfices. (La question en suspens étant de savoir si cette organisation collective doit ou peut se faire sous le seul contrôle de ses associés, ou bien de la société entière -autrement dit, en fonctionnement privé ou public-. Dans un premier temps, cette question n’a pas été essentielle, car aucun inconvénient politique ne semblait pouvoir sortir d’une simple association d’intérêts. Mais la concentration capitalistique que permettait le système finissant par donner d’énormes pouvoirs d’influence aux maîtres d’oeuvre, il a bien fallu se rendre compte que la sphère d’action du système capitaliste allait bien au-delà de la simple production économique, d’où son implication dans la sphère politique.) Mais je reviens au point qui nous occupe : le capitalisme est né de la nécessité de regrouper ses forces pour la production de biens. La question essentielle aujourd’hui est que les « nouveaux biens » concernés par les nouvelles technologies ne nécessitent absolument pas de regrouper ses forces. L’automatisation a permis à beaucoup de petites entreprises de fabriquer ce qui n’était accessibles qu’aux grandes, et tout ce qui relève de l’immatériel peut être conçu, produit et distribué par une seule personne. Pour ces activités-là, le capitalisme ne sert donc à rien. Il reste utile pour d’autres (on ne peut pas encore construire de voiture dans son salon) ; mais tout un pan de l’économie, qui est précisément le plus rentable, donc le plus sensible politiquement car assurant un maximum d’influence à ses possesseurs, n’a plus vraiment besoin du capitalisme pour exister. C’est pourquoi l’existence de ces technologies pourrait effectivement menacer le capitalisme, non pour le voir disparaître (sauf si par ailleurs on confiait les organisations économiques qu’il dirige aujourd’hui à des structures publiques, selon que la structure économique considérée a ou non une grande influence politique, ce qui est une autre histoire) - non pour le voir disparaître, donc, mais pour le cantonner au domaine où il est opportun, càd la production de biens matériels. C’est donc une vraie lutte politique qui s’annonce, initiée par des puissants qui voudraient bien le rester en tentant de soumettre l’ensemble de l’activité humaine au modèle économique capitaliste... en dépit du bon sens.


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