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Commentaire de GRL.

sur La guerre à la guerre contre la drogue


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GRL. (---.---.28.166) 5 avril 2007 14:48

Bien , il est évident que celà suscite réaction ...

Maintenant voilà , je ne l’ai peut etre pas assez dit dans le post mais mon but n’est pas de juger et encore moins de prôner la pénalisation ou la dépénalisation . Ce que je cherche à faire sentir , c’est que le groupe n’a pas les mêmes besoins que l’individu , et que les drogues nous isolent dans cette perception de la societé. Elles peuvent couper le lien qui relie l’individu à son groupe social , et , lorsque celui ci , comme nous le vivons en ce moment , a besoin de cohérence , a besoin de retrouver des vecteurs sociaux communs , il est plus difficile de l’appréhender lorsque la dépression latente , effet secondaire ( descente et suite ) touche un grand nombre d’individus et participe à les déconnecter de l’entité groupe.

Mais la dépénalisation ou la punition n’ont pas plus de sens l’une et l’autre dans ce contexte . Je ne milite pour aucune , voire même , je serais plus pour dépénaliser cet acte si notre societé était plus unie.

Par contre , la chose qui me semble importante , lorsque je parle d’inscrire des actes dans une conscience de groupe en plus de la volonté individuelle , c’est justement parce que la voie du milieu est pour moi ici , mais c’est un point d’équilibre que l’on ne rejoint jamais totalement , il est vrai.

L’an passé j’étais au Mali , pays extremement pauvre . Dans Bamako , je n’ai vu en un mois passé dans cette ville avec les habitants , ( excusivement ) qu’une personne qui un soir , était saoule , dans la rue . La réaction des autres a été la moquerie , plutôt gentille , mais les discussions qui ont suivi parlaient , elle , de survie . A savoir , que personne , vu la pauvreté , ne pouvait se permettre de se laisser aller dans ce sens , car celui qui entre dedans est condamné , je veux dire , pour de bon. une sorte d’ethique , certainement pas respectée à la lettre mais partagée dans l’instant par une vingtaine d’interlocuteurs convaincus. Voilà , un exemple , une societé qui va tres mal , et qui marche sur un sentier tellement etroit que le moindre écart de comportement lui est fatal . Les gens avaient conscience de la marche de leur groupe , extremement pauvre en choix individuels , certes mais extremement fragile de fait. Tous le savaient, c’est ce que j’ai pu constater .

Quant au quartiers , aux cités , j’y ai vécu , vu et appris ce que je vous dis , tout en rappelant bien à cette occasion que les drogues ne sont pas les causes brutes de ce qui s’est passé , mais qu’en y laissant proliferer un trafic et une consommation , les gouvernements laxistes n’avaient que peu de réponses argumentées des habitants au discours social qui s’imposait , et de fait , une « paix » relative

Donner la réplique à l’hypocrisie sociale dont les gouvernements faisaient preuve était pourtant capital en France dans les années 90.

Et de ce que j’ai pu voir , entendre pendant des années , à savoir les discours , de plus en plus violents , de plus en plus dans le malaise psychique , j’ai fini par me dire que la dope omniprésente finissait par détourner un message qui aurait pu etre compris , entendu . Mais non , détourné au profit de visions de plus en plus individuelles, cloisonnées et de plus en plus violentes et négationnistes . Plus de place à l’objectivité . Le regard s’est détourné de l’exterieur , et l’a instrumentalisé pour soulager , légitimer la violence devenue interieure et le marasme psychologique. Voilà . Le maghreb connait le hash depuis longtemps , mais la cité est encore une fois un contexte ... de groupe ... qui aurait « preferé » qu’il n’y en ait pas pour que les choses avancent entre nous , pour que nous ne nous séparions pas d’avantage.

Et en discutant avec un flic , un soir , jusqu’à trois heures du mat apres m’etre fait exploser la voiture par des petits voisins de 14 ans sans comprendre pourquoi on se faisait çà entre voisins ( c’était assez nouveau à cette époque ) , on en est venu à parler de la dope , et c’est cet homme qui a validé le fait que le trafic était toleré en cité , et ce dans un but bien précis , empecher la formulation d’une révolte , empecher l’union des forces vives de ces groupes , ces mirocosmes étanches , pour ne pas avoir à traiter l’épineux probleme du retour sur l’histoire que ni les gaullistes ni les socialistes n’ont voulu assumer.

C’est réellement la seule chose que je cherchais à vous dire . Pas de leçons de moral , juste des voyages dans les populations et des observations .

Plus clair ?

GRL


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