• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Bay

sur Le tabac, c'est tabou, on en viendra tous à bout !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Bay Bay 5 janvier 2006 21:05

Ce sujet m’offre l’occasion de sortir de mes archives un texte écrit il y a deux ans, traitant du même sujet, et qui n’a pas connu la diffusion qu’il aurait mérité si Agoravox existait alors. Le voici :

« Etes-vous un adepte de ce qu’on appelle le « politiquement correct » ? Si oui, arrêtez ici votre lecture et retournez travailler. Sinon...

Aujourd’hui il sera question de ce fléau contre lequel l’état mène une lutte de plus en plus acharnée ; je veux parler de l’herbe à Nicot, autrement dit le tabac.

Dans l’intérêt des citoyens que nous sommes on promulgue des lois qui inciteront les fumeurs à abandonner leur funeste passion (augmentation des prix, mentions de plus en plus percutantes sur les paquets, multiplication des zones non-fumeurs... ) et qui dissuaderont les potentiels candidats au suicide de franchir le pas.

Et quand les adeptes de la drogue légale rétorquent : « De quoi vous mêlez-vous ? Si nous voulons nous faire du mal, c’est notre affaire ! », les lobbyistes anti-tabac répliquent alors : « Il ne s’agit pas que de votre liberté ; vous enfumez les autres, nous privez de la bonne odeur de gaz d’échappements qui embaume les rues de nos villes (ça c’est sensé être de l’humour -NDA), mais surtout : Vous coûtez très cher à la collectivité ! »

C’est sur ce dernier argument que je me suis penché, en essayant d’évacuer tout à-priori pro ou anti tabac. Car il me semble très fragile. Et je vous invite à réfléchir là-dessus ; sans chiffres, sans faire appel à des théories économiques compliquées, armés seulement de votre bon sens.

Le tabac tue ! Si on l’ignorait jusqu’alors, on n’a plus d’excuse aujourd’hui ; c’est écrit en assez gros caractères sur les paquets de cigarettes ! Les maladies tabagiques nécessitent des soins coûteux qui sont pris en charge par la sécurité sociale, donc par l’ensemble des citoyens, hospitalisations, opérations... Et je ne compte pas le prix des couronnes mortuaires qui ne sont, heureusement, pas remboursées.

Donc fumer, en plus de tuer, ruine le pays CQFD !

Maintenant, essayons de prendre un peu de hauteur et analysons sans aveuglement (je devrais dire sans non-voyamment... mais nous sommes dans le politiquement incorrect) et surtout avec un inébranlable cynisme, les failles de ce raisonnement.

Premièrement, si les fumeurs coûtent de l’argent à la collectivité, ils en rapportent aussi. Près de 80% de taxes sur un paquet de cigarettes. Cela suffit-il à contrebalancer les frais qu’ils occasionnent ? Je n’en sais fichtre rien ! Pas de chiffres j’ai dit !

Mais même en faisant abstraction des recettes fiscales, une simple vision d’ensemble suffit à mettre du plomb dans l’aile à l’argument brandi par les opposants à la clope.

On nous dit, et je veux bien le croire, qu’un fumeur, en sacrifiant à son mortel penchant, perd en moyenne 10 ans de sa vie (le chiffre dépend de beaucoup de facteurs : âge de l’initiation, nombre de cigarettes quotidiennes etc. Ce n’est qu’un exemple). Or, lesquelles de ses années perd-il ? Evidemment les dernières ! C’est une lapalissade !

Imaginons le cas d’un homme qui se met à fumer à l’âge de 16 ans. Il dispose alors d’un potentiel de vie qui doit lui permettre d’atteindre, admettons 80 ans. Mais l’habitude qu’il contracte ne lui permet que de finir à 70 ans après une hospitalisation de 3 mois et 4 opérations lourdes mobilisant moult infirmières, chirurgiens et aides soignants. Le même homme à 16 ans refuse de tomber dans le panneau. Il vivra 10 ans de plus.

Pendant lesquels il touchera sa retraite - payée par la collectivité - Mais il ne mourra pas...

Hein ?...

Ben si, il mourra ! D’autre chose. Et comme il aura au moment de sa mort le physique de ses 20 ans, il ne sera pas hospitalisé, ne se cassera pas le col du fémur, ne subira pas de triple pontage, n’aura pas besoin de deux infirmiers pour le porter jusqu’aux toilettes... Vous saisissez ? Pour les mal-comprenants, il y a dans ces dernières phrases un soupçon d’ironie !

Pour être sérieux, il est évident que l’octogénaire abstinent demandera beaucoup plus à la communauté que le septuagénaire intoxiqué. Outre qu’il n’aura pas contribué quotidiennement à l’impôt volontaire payé par l’autre, il touchera sa retraite pendant 10 ans sans être productif, et les soins médicaux qu’il recevra seront probablement plus coûteux que ceux prodigués à son jumeau virtuel.

Car si le tabac tue, il tue lentement (on s’en fout on est pas pressés ! arf ! Elle ne date pas d’hier celle-là). Il abat ses adeptes vers l’âge de la retraite. Et pour la société, n’ayons pas peur d’être cynique, c’est « pain béni » ! Contrairement à l’alcool ou aux drogues illicites, il ne nuit pas à la productivité. Et si l’on en croit les experts, il lutte contre cet autre fléau moderne qui est la principale cause des problèmes de la sécurité sociale et des fonds de retraite : le vieillissement de la population.

Un gosse de 20 ans qui se suicide ou se tue en voiture, outre le drame que ça constitue pour son entourage, c’est une catastrophe pour la collectivité. Il n’a rien ou presque rien produit ; il n’a pas cotisé ou presque pas ; l’Etat a dépensé beaucoup d’argent pour assurer sa scolarité. Il en va tout autrement d’un pré-retraité.

Si on pouvait mourir à l’adolescence d’une overdose de Marlboro, l’argument tiendrait la route. Mais ce n’est pas le cas !

Voilà ! Cette démonstration n’est pas le fait d’un actionnaire de Philip Morris, ni d’un buraliste mécontent ; c’est seulement le résultat d’une réflexion critique sur une idée reçue qui a toutes les apparences de la fausseté.

Ouf ! J’ai fini ! Je vais m’en griller une petite !

C’est pour la France ! »


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès