Anastylose
« Anastylose n.f. : Reconstruction d’un édifice ruiné, exécutée, en majeure partie, avec des éléments retrouvés sur place et selon les principes architecturaux en vigueur lors de son érection, sans négliger une éventuelle consolidation visible avec des matériaux modernes. »
Anastylose est un ouvrage bien surprenant, à plus d’un titre.
D’abord il y a son sujet : L’Ara Pacis (autel de la paix), monument voulu par Auguste pour célébrer la fin des guerres civiles. Jeté à terre par les crues du Tibre, disparu (trop tôt pour qu’on en ait le dessin ou même le croquis) puis réapparu pour partie à la Renaissance, revendu par morceaux... pour enfin réapparaître complètement quand Mussolini (qui se rêvait en Auguste) décida de rassembler les morceaux afin de reconstruire l’ensemble...
Puis il y a le traitement du sujet : servant de projet d’écriture collective, L’Ara Pacis devient vivant dans ce livre. Mêlant des textes de Pline, de Kircher, des comptes rendus de fouilles incroyables ainsi que les textes des auteurs, d’une polyphonie étonnante, qui rendent corps et âme(s) à ce monument, ce livre nous transporte avec joie dans quelques siècles d’histoire.
Mais pour en parler bien mieux, voici l’avis (non publié) de Pierre Parlant (écrivain) :
« Le livre vient de paraître. Probablement un des plus érudits et des plus ironiques qu’on puisse imaginer sur le pouvoir, son exercice, son expression aussi subtile que grotesque, autrement dit sa maladie. S’impose en effet vite ici l’idée que les symptômes ont fait l’espace tandis que les fantasmes instruisaient la durée. Sous ce rapport, Anastylose est un authentique livre d’histoire(s). Écrit à quatre mains par un philosophe, un romancier, un photographe et un graphiste, l’ensemble s’empare intempestivement d’un lieu majeur de la Rome éternelle, l’Ara Pacis, moyennant la considération d’une période qui commence avant notre ère et s’achève sous l’éclairage géométrisé de la sinistre farce mussolinienne. Hanté par le fantôme d’un monument, le livre s’expose lui-même comme un monument imaginaire et turbulent. De ce seul point de vue, il réalise une indéniable prouesse que sert une invention graphique souvent éblouissante. La vérité paradoxale de cette fiction tient à son intelligence et à son approche délurée de cette autre fiction qu’on nomme Histoire. Cette vérité est nom d’emprunt d’une puissance qui doit au texte, aux images, à leur mixte signifiant, son efficacité. Nietzsche y aurait sans doute relevé l’affirmation d’une "grande santé". Je vous souhaite autant de jubilation que j’ai pu en avoir à la lecture d’Anastylose.
Pierre Parlant »
Anastylose, farce archéologique en deux actes et un aparté. (FAGE éditions)
par Arno Bertina (écrivain), Bastien Gallet (écrivain, philosophe), Ludovic Michaux (photographe) & Yoan De Roeck (graphiste).
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