Animés à dessein
Il faudra bien un jour comprendre que les dessins animés ne sont pas à l’unique destination des enfants, bien au contraire.
Loin des « japoniaiseries » et des sucreries Disneyennes, il existe des dessins animés qui sont d’authentiques chefs d’œuvres et malheureusement rarement présentés au public.
Ce qui est particulièrement injuste puisque les premiers pas du cinéma ont quasiment commencé avec le dessin animé, si l’on songe que « le voyage dans la lune » de Méliès qui en 1902 montrait la fusée lunaire, obus lancé par un canon géant, atteignant la lune, est en partie un dessin animé.
Juste avant lui, il faut noter le théâtre optique d’Emile Reynaud qui, en 1892, avait posé les bases du principe de l’animation.
Sur ce même principe, on réalise aujourd’hui des flips books, petits livres que l’on feuillette en faisant tourner les pages très vite afin de donner l’illusion du mouvement.
Les premiers flips books datent de 1882, et vous pouvez en réaliser vous-même en allant sur ce lien.
Mais le père du dessin animé est sans conteste Émile Cohl, de son vrai nom Émile Courtet.
C’est intéressant de mettre en parallèle l’un de ses plus célèbres dessins animés (Fantasmagorie) réalisé en 1908 avec ce dessin animé génial créé un siècle après, lequel qui nous ramène à nos chers ordinateurs. lien
L’informatique permet aussi çà : lien ou çà.
Dans les années 50, Paul Grimault offrait les premières lettres de noblesse au dessin animé comme on peut le découvrir sur ce lien.
Le dessin animé aborde tous les genres, et la défense de l’environnement n’en est pas absente.
La preuve est dans ce magnifique film « l’homme qui plantait des arbres », d’après l’œuvre de Jean Giono, réalisé par Frédéric Back.
Avant de visionner ce film, il faut rappeler que la méthode « traditionnelle » de réalisation d’un dessin animé est à l’origine « image par image ».
Pour fabriquer une seconde de film, il faut en principe 24 dessins… (Soit 3600 dessins pour réaliser une minute de film).
Aujourd’hui, cette méthode est régulièrement remplacée par la technique numérique, comme on peut le constater sur ce lien.
Mais, il est difficile de remplacer ce « trait vibrant » que seul permet le dessin « image par image ».
Ce dessin animé de Back en est l’illustration.
Prenez la petite demi-heure nécessaire pour regarder ce petit chef d’œuvre, un moment de pur bonheur en ouvrant ce lien (partie 2).
La ligne claire s’invite aussi dans le dessin animé, comme on peut le vérifier avec ce génial court métrage, simple et efficace.
On doit cette série télévisée italienne des années 70 à Osvaldo Cavandoli qui nous a trop vite quittés il y a trois ans.
Restons en Italie pour découvrir Bruno Bozzetto dont l’imagination fertile mérite le détour.
Son clip sur les jeux olympiques est plus que rafraichissant.
Walt Disney, qui fête en décembre la naissance de son 50ème dessin animé, n’a pas fait que produire des guimauveries animées, il faut lui reconnaitre le grand talent d’avoir réalisé Fantasia.
(La version complète est ici) (6 parties)
Ce film utilise la grande musique pour proposer une vision ludique, bourrée d’imagination et d’humour.
Ici, l’inévitable Mickey, et son chien inséparable Pluto nous propose un Noël agité.
Plus insolent et délirant que Walt Disney, il est impossible de ne pas évoquer le talent de Tex Avery, indéniable dans son interprétation osée du célèbre conte : le petit chaperon rouge.
Toujours aux Etats-Unis, dans les années 70, le génial Robert Crumb nous a proposé un « Fritz the cat » coquin et ébouriffant dans la veine de l’esprit underground.
Pourtant malgré son succès Crumb le renia, et finira par tuer son héros dans un autre film.
La politique n’est pas absente du dessin animé, et le grand Jiri Trnka a réalisé en 1965 « la main ».
A l’époque, la Tchécoslovaquie est sous le joug soviétique, et Trnka réalise là un hymne à la liberté montrant une main géante qui tyrannise un gentil potier obstiné.
Plus près de nous, la crise s’invite dans le dessin animé.
Alain Verdier et Jean Jacques Pype nous proposent ce rafraichissant « au nom du pèze » qui dit tout, ou presque, en moins de 4 minutes.
Plus ludique, on peut voir avec le sourire ce « Carla et Nicolas » réalisé par « Travel Agency » sous forme de clip.
Dans un autre clip dessiné, Sarközi est le « big boss du bling-bling ». Humour torride garanti.
La chanson s’invite donc dans le dessin animé.
Les Beatles, toujours en avance d’un tour, avaient fait en janvier 1968 un dessin animé de leur célèbre « yellow Submarine » dans lequel on entend non seulement la chanson titre, mais aussi « all you need is love, et plein d’autres titres devenus cultes… ». vidéo
On en doit la réalisation à George Dunning, Ted Lewis, et Chris Miles qui avaient parfaitement intégré l’univers psychédélique.
Le film a été restauré numériquement en 1999.
Depuis Cohl jusqu’à aujourd’hui, comme le prouve ce D.A de Maurice et Patapon, les héros bien connus des lecteurs de Charlie Hebdo, l’humour reste au cœur du dessin animé.
Le surréalisme s’invite fatalement dans le dessin animé : même le grand Dali fut tenté par l’aventure.
il commença en 1945 à réaliser avec Walt Disney un dessin animé (Destino) stoppé par la guerre, et finalement achevé 50 ans après. lien
A l’avant-garde, il serait injuste d’oublier Norman Mac Laren qui réalise des dessins animés originaux en gravant chaque image de la pellicule sur la musique de l’exubérant pianiste de jazz Oscar Peterson. Résultat ici.
Plus près de nous, Moebius, alias Jean Girault lorsqu’il dessine Blueberry, s’essaye aussi pour notre plus grand bonheur au dessin animé. Vidéo
L’un des plus célèbres réalisateurs actuel s’appelle Miyazaki : il continue de privilégier l’encre, la peinture, et le travail artisanal, en y intégrant un peu d’informatique. On peut l’apprécier sur cet extrait.
Restons au Japon avec le réalisateur Hiromasa Yonebayashi, qui proposera en début 2011 son « Arrietty, le petit monde des chapardeurs » produit par le Studio Ghibli.
En Belgique, même Philippe Geluck s’y met, décidant de donner la vie à son célèbre chat. lien
Il faut évoquer aussi Pascal Maolini qui a participé à « Titeuf, le film » dont la sortie est prévue au printemps 2011.
En France, un studio fait parler de lui depuis plusieurs années, le studio Folimage à Valence.
Le très attendu « une vie de chat » est annoncée pour le 15 décembre 2010.
La concurrence sera rude avec le 50ème film des studios Disney, mais le petit studio français n’a pas froid aux yeux, lui qui a déjà proposé de jolies réussites : son palmarès est éloquent.
Toujours en France, Michel Ocelot nous a emmenés il y a quelques années dans le monde magique de Kirikou pour le plus grand bonheur des petits et des grands. lien
Il faut vite oublier les transpositions des bande dessinées cultes (Tintin, Lucky Luke, Astérix…) en dessins animés.
Elles ne rendent pas service à leurs auteurs, et sont très éloignées du dessin animé authentique et créatif.
Aujourd’hui, le D.A. est partout, dans le sport par exemple, ou il met en scène Tony Parker, (lien), en formule 1, football, rugby, etc.
Des studios Pixar, dont on peut découvrir ce « Day and Night » à Dreamworks qui a réalisé le célèbre Shrek, en passant par les Mangas animés (vidéo) et les studios Walt Disney qui se découvrent une seconde jeunesse, le dessin animé est donc en pleine effervescence.
Avatar n’en est pas à proprement parler un, mais les effets spéciaux de ce magnifique film doivent beaucoup aux techniques de l’animation.
Les festivals de dessin animés se multiplient : Annecy à montré la voie et fêtera au mois de juin 2011 son 50ème anniversaire, Bruxelles et son 30ème festival Anima, est prévu du 4 au 13 mars 2011, et celui de Neufchâteau vient de vivre en novembre sa 5ème édition, celui de Moscou vient de se terminer.
Paris n’y échappe pas et propose du 8 au 12 décembre son festival national du film d’animation, au Forum des Halles.
Les nuits magiques de Bègles viennent de vivre leur 20ème édition et celui de Baillargues en est à sa 9ème. Les Bressans ont vécu leur 23ème festival en octobre dernier.
L’ile de La Réunion n’y échappe pas, la Guadeloupe non plus et vient de voir sa 7ème édition se terminer.
Nos cousins canadiens ne sont pas en reste et ont connu au mois d’octobre dernier leur Ottawa international animation festival.
La liste est fatalement incomplète...
En tout cas, le dessin animé n’a pas finit de nous faire rêver, car comme dit mon vieil ami africain :
« Si je peux être dans tes rêves, tu pourrais être dans les miens ».
L’image illustrant l’article provient du blog « cyrillestyle.over-blog.com/ »
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