« Antigone » en anglais & Juliette Binoche pieds nus
- ANTIGONE
- ms Ivo van Hove photo 1 © Theothea.com
Antigone, Sophocle, Binoche !… Superbe ! Forcément superbe ! Au Théâtre de la Ville, durant trois semaines, la tournée internationale de cette création en langue anglaise, mise en scène par Ivo Van Hove, s’est installée en tout plébiscite légitime.
Pieds nus, le personnage d’Antigone habite naturellement Juliette tout de noir vêtue qui, dans une douce sobriété, dit radicalement « non » à tout ce qui l’éloignerait de sa décision d’enterrer dignement son frère.
Face à elle se dresse Patrick O’Kane, le comédien en charge du rôle de Créon qui, en définitive, n’en mène pas large dans sa confrontation en impasse avec sa nièce mais qui, délibérément, choisit d’incarner la loi de l’État tout puissant jusque dans ses extrémités fatales les plus destructrices.
Cette tragédie est notamment l’histoire d’une très mauvaise évaluation de la détermination, en l’occurrence féminine, adoptée en un choix individuel sans faille s’appuyant sur la justice et qui, nécessairement à terme, l’emportera sur toute autre considération quand bien même serait-ce « raison d’état ».
Le duo Binoche-O’Kane fonctionne comme un tandem progressant lentement mais irrémédiablement vers le cataclysme alors qu’en dernière instance le doute va, soudain à contretemps, surgir dans l’entendement royal… mais bien sûr, trop tard !
Le chœur des autres rôles bat au rythme d’une modernité métaphorique renvoyant sans cesse en miroir la focalisation du malentendu viscéral érigé en méthode de communication.
A cet égard, dans ce registre, le sur-titrage français en trois spots, à hauteur des cintres, à cour et à jardin officie, comme à l’accoutumée, en pis-aller dont il faudrait, nécessairement à l’avenir, améliorer techniquement le confort visuel du spectateur.
En toile de fond, une succession de vidéos donne de l’ampleur à l’immensité du gouffre psychologique dans lequel sombre peu à peu le désarroi humain alors que, comme l’œil dans la tombe regardant Caïn, trône un disque mi-solaire mi-lunaire qui, jouant de ses croissants, vient ponctuer la marche inexorable du temps.. bien entendu inapte à réparer a posteriori les erreurs d’appréciation.
Serait-elle, cette « Antigone », la première phase d’une collaboration, incontestablement fructueuse, entre la comédienne Juliette Binoche et le metteur en scène Ivo Van Hove ?
photo 1 © Theothea.com
photo 2 © Jan Versweyveld
ANTIGONE - ***. Theothea.com - de Sophocle - mise en scène Ivo Van Hove - avec Juliette Binoche, Obi Abili, Kirsty Bushell, Samuel Edward-Cook, Finbar Lynch, Patrick O’Kane & Kathryn Pogson - Théâtre de la Ville
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