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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Cinéma & Handicap : Intouchables, touché « coolé » !

Cinéma & Handicap : Intouchables, touché « coolé » !

" Intouchables " est sorti en salle le 2 novembre 2011. L'histoire, vraie, d'une rencontre improbable entre un riche tétraplégique et un jeune de banlieue. Avant première avec Eric Tolédano, l'un des deux réalisateurs.

Handicap.fr : Nous voulions d'abord vous dire, après avoir vu votre film : « C'est un vrai bijou ! Et loin de toute caricature, c'est une histoire aussi drôle que magique. » Racontez-nous le synopsis en quelques mots ?
Eric Tolédano
 : A la suite d'un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison. A priori la personne la moins adaptée pour le job. Pourtant, ensemble, ils vont faire cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les survêtements... Deux univers qui se télescopent, s'apprivoisent, pour donner naissance à une amitié aussi dingue, drôle et forte qu'inattendue, une relation unique qui fera des étincelles et qui les rendra... intouchables.

H
 : Et c'est une histoire vraie ?
ET
 : Oui, en effet, elle s'inspire de celle de Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique après un accident de parapente et de son livre « Le second souffle ». Cet homme, prisonnier de son corps, ne peut pas bouger. Mais il est solaire, profond, et il se marre. Il a vraiment le sentiment d'exister.

H
 :Vous avez rencontré Philippe Pozzo di Borgo pour lui présenter votre projet ?
ET
 : Oui, avec Omar et François Cluzet, lors d'un « séminaire d'intégration ». Philippe parle peu mais quand il parle, c'est puissant... Il nous a ainsi dit : « Si vous faites ce film, il faut que ce soit drôle. Car cette histoire doit passer par le prisme de l'humour ». Et on était forcément heureux et rassurés d'entendre ça. Puis il a ajouté : « Si je n'avais pas rencontré Abdel, je serais mort. ». Ils sont restés amis et continuent à se voir.

H
 :Qu'a-t-il pensé lorsqu'il a vu le film ?
ET
 : Nous le lui avons présenté au Maroc où il vit désormais avec sa nouvelle femme. Il était très ému mais a aussi beaucoup ri. En voyant la performance de François Cluzet, il a même dit « Dans l'état où je suis, je n'ai pas l'habitude de me regarder dans la glace. Ca faisait longtemps que je ne m'étais pas vu... »

H :
Pourquoi avoir choisi François Cluzet pour incarner le rôle de Philippe  ?
ET :
Un jour, on a appris que François avait lu le scénario, grâce à son agent, sans que l'on soit au courant, et ce fut une rencontre magique, volcanique. François est vraiment un acteur intense. Ce rôle nécessitait une préparation forte. Il ne pouvait pas arriver la veille du tournage et se mettre sur un fauteuil, jouer les respirations, les souffrances, sans avoir travaillé. Comme il nous l'avait promis, il a relevé le défi.

H
 : Y a-t-il des scènes que vous redoutiez de tourner ?
ET
 : Les scènes avec le fauteuil qu'Omar doit manipuler avant de porter François et de le poser. Celle où François souffre de ses « douleurs fantômes » comme si ses membres se réveillaient. Dans ce dernier cas, on ne se sentait pas de le briefer, donc on était tendus.

H
 : Comment ont réagi les personnes concernées par le handicap ?
ET
 : Nous n'avons pas eu énormément de demandes de la part des associations de personnes handicapées. Mais lors de l'avant première, un spectateur en fauteuil roulant nous a dit : « Votre film replace le handicap au centre de l'humain. Il me fait du bien et j'espère qu'il fera du bien au monde du handicap ». L'autodérision appartient aussi aux personnes handicapées.

H
 : A l'inverse, certains valides n'ont-ils pas pensé que vous alliez trop loin ?
ET
 : Non, au contraire. Ils nous disent que nous avons changé leur regard sur le handicap. Philippe nous a influencés car, depuis son accident, il a eu le temps d'intérioriser et de réfléchir. Nous n'avons eu aucune limite, et c'est précisément ce qui fait la singularité de la relation entre ces deux hommes. Par ailleurs, le fait que ce soit une histoire vraie légitime le ton et parfois l'insolence de ce film.

H
 : Et le fameux « Pas de bras, pas de chocolat », c'est du vécu ?
ET
 : Non, ça nous l'avons inventé. Mais dans la vraie vie, il y a eu des trucs bien pires... Philippe nous a fait des pages de notes à chaque nouvelle version de scénario. Il nous indiquait par exemple les situations qui étaient impossibles techniquement dans son état. En fait, il a donné une forme de vérité au film en nous décrivant parfois une réalité encore plus dingue et drôle que ce qu'on écrivait.

H
 : Pourquoi Philippe n'avait-il pas donné suite aux autres scénarii qu'on lui avait proposés ?
ET
 : Parce qu'ils étaient plus tragiques, et il ne voulait pas de cela pour son histoire.

H
 : Le handicap semble faire recette dans le cinéma. Il y a aussi eu « L'homme de chevet » avec Sophie Marceau et Christophe Lambert...
ET
 : Oui, mais c'était une histoire fabriquée. Alors même si c'est un très beau film, cela m'a gêné. Il y a tant de situations réelles émouvantes ou surprenantes... Et puis je trouve que l'on aborde trop souvent le handicap par son côté subtil ou métaphorique. Notre approche est plus « cash ».

H
 : 5 % des recettes seront versées à une association offrant des lieux de vie aux personnes handicapées. D'où vient cette idée ?
ET : C'était une volonté de Philippe Pozzo di Borgo qui, je crois, a offert ses droits d'auteur et a demandé qu'un pourcentage des recettes du film revienne à cette institution.

« Intouchables » réalisé par, Olivier Nakache et Eric Tolédano, avec Omar Sy, François Cluzet, sortie le 2 novembre.

www.handicap.fr


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