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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > District 9 : le patchwork SF fabuleux de Neill Blomkamp

District 9 : le patchwork SF fabuleux de Neill Blomkamp

La première fois que j’ai entendu parlé du pitch de District 9, la première chose qui m’est venu en tête est un nom. Sam Francisco. Qui ça ? Sam Francisco ! Le flic extraterrestre à la tête de pastèque, joué par Mandy Patinkin, aidant un autre flic raciste (enfin de ceux qui n’aiment pas les extra-terrestres) joué en mode bougon par James Caan.
 
Alien Nation, Futur Immediat, Los Angeles 1991 a le synospis suivant (Wikipedia)

Dans le futur, des extra-terrestres se seront implantés sur Terre. Après des années passées sous quarantaine, ils sont libres d’aller et venir mais sont victimes d’une nouvelle forme de discrimination. Dans ce contexte, San Francisco est le premier officier de police extra-terrestre. Son partenaire est un vétéran de la police raciste. Ils devront surmonter leurs différences pour mettre à mal les complots des dirigeants extra-terrestres.

Le Neill Blomkamp commençait mal dans mon esprit. WTF ! Des extra-terrestres atterrissent sur Terre et sont traités comme des parias. Une apologie contre le racisme à peine voilé. En plus, en Afrique du Sud, dans Johannesburg, et de son mythique township Soweto (que l’on a l’impression de voir tout le film), bidonville symbole de l’apartheid. Mazette, Cliché à tous les étages. Allait-il mettre les pieds dans les gros sabots, le Blomkamp ?

Le premier teaser a effacé une partie de mes craintes. Un faux documentaire présentant l’arrivée d’un vaisseau au-dessus de la fameuse ville de Johannesburg (genre V, dont la nouvelle série commence sur ABC), des insectoïdes sifflotant en guise de langage (mais moins effrayants que dans Independance Day), un ghetto créé spécialement pour eux : District 9. Une bande-annonce a suivi, montrant le potentiel du métrage. Un campagne marketing parfaite avec une aura de mystère qui a marché sur moi.

La première image du métrage fait immédiatement penser à The Office (façon US)  : Wikus Van De Merwe
(joué par Sharlto Copley, qui a gagné ses galons de Looping Murdock dans l’adaptation filmique de l’Agence Tout Risque) a un chandail élimé, une mèche collée avec des litres de gel, et disons-le, une bonne tête de gland. Nommé parce qu’il est le gendre de la mariée, il a pour mission de notifier aux « mollusques » (prawns en anglais) qu’ils vont être expulsés de D9 (le Disctrict 9 relocation program).

20 ans que les mollusques sont là. Personne ne sait pourquoi, ni comment. Ils sont restés là, et la Communauté internationale a forcé les Sud-Africains à s’en occuper. Dans cette première partie du film, où l’on comprend que les ET sont là par hasard, ghettoïsés, mis dans une banlieue sordide, entourés d’un mur et de grillages, parfois même mis en esclavage, mais interdit de tous loisirs humains, la cohabitation semble impossible. Les images sont cruelles pour nous humains. Cela nous rappelle pêle-mêle la District-9-equalitydécouverte des Camps de la mort Nazis avec ses photos de victimes décharnés (lors de la scène très rapide de premier contact) Calcutta et ses décharges à ciel ouvert, les indications White-Only dans les bus, les toilettes, les restaurants… des états du sud des USA dans les années 50-60 (les panneaux anti-extraterrestres), les émeutes de banlieues (Grèce, France, Etats-Unis, vous avez le choix), l’esclavage, le trafic d’armes et même la prostitution. Et de la xénophobie à tous les étages. Blomkamp réussit son premier patchwork : l’Humanité a reproduit toutes ces erreurs en une seule fois. La seule préoccupation des humains est de vendre des armes, et de déplacer le problème. L’un des buts de la MNU est de trouver des armes extra-terrestres et de les reproduire.

Ce n’est que juste après que Wikus soit aspergé du « fluide noir » que le mockumentary bascule. Le documentaire est en fait sur Wikus. Sur sa transformation. Le film bascule alors dans sa partie infected : la transformation de Wikus en « mollusque ». Et devient alors proche d’un de ces films de genre de personnes atteintes d’un virus mystérieux ou qui deviennent des zombies ou des monstres sanguinaires. Mutants, 28 jours plus tard, et se rapproche ainsi du film espagnol REC, voir du Romero Diary of the Dead. Deuxième patchwork.

Wikus mute donc et c’est encore l’humanité qui prend. De véritables docteurs Mengele font des expériences sur les mollusques. Uniquement pour la biotechnologie et les armes qui ne peuvent fonctionner sans l’ADN ET.

Wikus s’enfuit et nous arrivons dans la partie survival. Il revient dans D9 pour retrouver Christopher, le mollusque qui possédait la maison où était le fluide. Pour guérir Wikus, il faut des armes. Ils vont donc demander au Scarface nigérian invalide du coin, qui mange des morceaux d’ET pour retrouver ses jambes. Des armes que seuls Wikus est capable de faire marcher.

Le métrage devient un COPS vidéo-ludique, dans lequel on ne fait même pas la différence entre les truands et les militaires ( »Un mollusque, une balle, et dire que je suis payé pour ça »), qui n’ont qu’un seul but, ramener Wikus, Dead or Alive. Wikus n’a qu’un seul but, survivre. Et Christopher n’a qu’un seul but, faire survivre son peuple, tombé sur la mauvaise planète.

La fin du film nous rappelle furieusement que Neill Blomkamp devait à l’origine diriger la version cinématographique du jeu Halo, avec une orgie d’explosion et d’effets spéciaux parfois invisibles dans cette ambiance photo-réaliste qui nous a mené tout le long. A la fin de l’homme Wikus. Au début de Wikus, le mollusque. Et au District 10.


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5 réactions à cet article    


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 22 septembre 2009 12:11

    Je suis bien content que vous ayez fait le parallèle avec Alien Nation, car moi aussi ça m’a sauté aux yeux - et on n’est pas nombreux à avoir vu ce film ! Et à la place du lait caillé, on a la bouffe pour chats... J’ai trouvé District 9 plutôt bien foutu, mais un peu en-dessous de ce que j’attendais : ça démarre bien, la réalisation pseudo-reportage réaliste nous en fout plein les yeux, mais ça devient vite un film de flingues comme on en a vu mille.


    • David Meyers 22 septembre 2009 17:00

      Et bien Monsieur Besson (pas Luc mais l’autre, le renégat Eric) a (fièrement) joué du District 9 à Calais.

      Quel film visionnaire !

      • jakback jakback 22 septembre 2009 17:55

        Bien chez AVX, on n’aime pas les Inrok’s, l’extrait de l’article sur le film D.9 relatant le pourquoi du script a été supprimé. CENSURE me parait plus exact. Ce qui est de plus en plus fréquent sur AVX, tout du moins concernant mes post.
        Citoyens, mais pas trop !


        • jakback jakback 22 septembre 2009 17:57

          Oserons-t-ils Censuré le lien ??????
          http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-


          • himmelgien 12 janvier 2010 00:57

             « Alien Nation » aurait mérité une carrière autrement plus percutante ... car ce film, par ses invraisemblances mêmes, aurait permis l’ouverture de salutaires débats !... Notamment, le statut, social politique et juridique de citoyens E.T. introduits officiellement dans notre Société !...

             Le scénario du film commence où se sont arrêtés l’amiral Jubelin puis Yves Ciampi en portant à l’écran son roman « le ciel sur la tête » : dans ce film de 1966, les nations ( dominantes) de la Terre refusent le droit de cité au vaisseau « envahisseur » et le chassent , sur initiative de l’Union Soviétique et menace de guerre nucléaire  !... ( Personnellement, je doute que l’URSS aurait montré un comportement aussi xénophobe, mais bon ...) La série « les envahisseurs » commencera peu après, avec le succès qu’on lui connaît !... Les dirigeants terriens étaient vraiment très hostiles à cette époque !...
             Ce « peuple-esclave » se pose dans un « vaisseau-mère » ( une soucoupe volante de dizaines de kms de diamètre) dans le désert Mojave ( pas le Daana, en Arabie Séoudite, pourtant beaucoup plus sec !) et demande l’asile politique !... Ensuite, il est parqué dans une « réserve » !... Cependant, cet apartheid est d’abord dû à sa nature physiologique : ces « homo silicium » ne sont pas issus de la chimie du cazrbone, mais du silicium ou du cyanure !... 

             Ces hommes-scorpions peuvent travailler « en chemisette » dans des hauts fourneaux, très à l’aise dans les vapeurs des gaz les plus toxiques !... Par contre, l’eau est pour cette espèce une substance équivalente à l’acide sulfurique !... Dans ce cas, ils se seraient tenus à l’écart de notre planète au cours de leur exil ... sauf peut-être en dernière extrêmité : si leur vaisseau était bon pour la ferraille ou si leurs propres esclavagistes étaient sur le point de les rattrapper !... 

             C’est une mise à l’écart peu réaliste : les sentiments racistes ( notamment du flic ! ) sont très artificiels et bêtement xénophobes ; tout ce que l’on peut reprocher aux aliens est d’avoir créé leurs propres emplois ( ils se promènent dans les réacteurs nucléaires !) ou de travailler bénévolement : pour eux, servir des boissons 24 h./24, ce n’est pas un boulot, juste du loisirs !... Le vaisseau étranger paierait largement l’hébergement des aliens, en saturant tous les instituts de la Terre, toutes disciplines confondues, pour quelques générations !... Les US ne pourraient pas garder la part du lion pour eux, en regard du danger que courrait notre planète, en donnant asile à des fugitifs !... 
             Quelques générations plus tard et la lassitude venant , peut-être ... 
             

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