Du métal au symphonique... Nightwish a fait mieux que Nightwish
En 1997 apparaissait sur la scène rock un groupe de jeunes musiciens, la vingtaine à peine entamée, un premier album suivi en 1998 d’Ocean Born, un disque qui signe l’entrée du groupe finlandais Nightwish comme un maillon important de la scène métal et plus précisément, d’un métal qu’on classe comme progressif ou plutôt symphonique, ou encore épique, du genre viking. Il faut dire que les Scandinaves ont une bonne place dans la musique rock, supérieure à celle des Français pour une population trois fois moins importante. C’est comme ça. La France, pour diverses raisons, a raté le tournant rock de 1970. Il faut s’y faire, même si d’honnêtes formations se produisent. Mais ici, Indochine ou Rita Mitsouko passent pour des groupes de rock auprès du grand public qu’une télé maintient dans l’ignorance des mouvements artistiques.
Revenons à Nightwish qui a réalisé, entre 1997 et 2004, cinq excellents albums avant que la chanteuse Tarja Turunen ne soit congédiée par les quatre musiciens du groupe pour des raisons assez éloignées de l’art. Ce fut sans doute un choix difficile pour le groupe car Tarja animait l’ensemble avec une présence intense, signant de ce fait le mariage entre le métal et le classique grâce à une chanteuse ayant une formation lyrique. Annette Olzon l’a remplacée avec un talent indéniable mais sans occuper avec autant de puissance l’espace vocal.
Trois ans ont passé depuis la dernière production du groupe, l’album Once, très inégal et pas vraiment réussi. Bref, un passage à vide qui méritait une riposte sérieuse. On aurait pu douter de l’avenir de Nightwish mais avec l’album Dark Passion Play, les pendules ont été remises à l’heure pour ainsi dire. C’est même plus qu’une renaissance tant le groupe a gagné en intensité, en puissance et en lyrisme, celui-ci ayant été transféré aux parties symphoniques mobilisant pas moins de 170 musiciens. Du coup, on se prend à faire quelques comparaisons plutôt flatteuses avec les trois derniers opus de Therion qui, sur ce coup, voit un concurrent sérieux apparaître. Chose étrange, car ces deux groupes ont convergé vers un même style de métal en étant issus d’origines esthétiques assez opposées. Nightwish a été un groupe intéressant, agréable à écouter, plaisant de part ses mélodies et son rock symphonique satellisant une voix haute en couleur. Apparemment, le groupe est passé à la vitesse supérieure, dans une sorte de maturité de trentenaires accomplis, notamment grâce aux compositions de Tuomas Holopainen, le claviériste. D’où le côté plus symphonique que métal.
Bref, Nightwish signe là son meilleur disque malgré l’absence de Tarja, devenant un groupe plus qu’intéressant à suivre, à prendre enfin au sérieux, parvenant au niveau des grands, avec une formation qui a progressé incontestablement sur tous les plans et qui, par le passé, avait déjà inspiré d’autres formations comme Epica, Sonata Artica ou After Forever. Du grand art. Du beau. Faudra en toucher un mot à Finkielkraut qui, l’autre soir sur France 3, face à Meirieu, affirmait que la mission de l’éducation est d’apprendre les belles choses, certes, en littérature, mais c’est aussi en musique que le beau se manifeste le plus intensément ! La recherche du beau, c’est aussi un autre thème dont on reparlera en ce siècle pour ce qui concerne l’Art, thème essentiel qui nous raccorde au transcendant. Enfin, ce mariage entre métal et formation symphonique est aussi dans une mouvance fulgurante qui devrait se dessiner les prochaines années. Pour s’en convaincre, le mélomane écoutera le live de Metallica avec l’orchestre symphonique de San Francisco, paru en 1999.
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