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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Festival des Vieilles Charrues : le retour à la terre

Festival des Vieilles Charrues : le retour à la terre

Depuis plus de quinze ans, le Festival des Vieilles Charrues se pose à Carhaix-Plouguer, au cœur de la Bretagne, pour quelques jours de folie joyeuse et partagée. Pendant ces quelques jours, la ville bretonne, tranquille durant toute l’année, oublie un peu ses problèmes, les menaces sur l’avenir de son hôpital et pulse aux rythmes éclectiques de l’un des plus gros festivals d’Europe. A quelques jours de l’édition 2008 qui se déroulera du 17 au 20 juillet, Jean-Philippe Quignon, coprésident de l’association les Vieilles Charrues et coprogrammateur artistique a accepté de répondre à quelques questions.

Le Festival des Vieilles Charrues est un poids lourd parmi les festivals estivaux. Comment en êtes-vous arrivés là ?


Cette réussite est la conjonction de plusieurs éléments. A l’implication de la population du Centre-Bretagne d’abord. Les gens de ce pays se sont appropriés le projet des Vieilles Charrues. Ils l’ont porté à bout de bras. L’une des grandes forces de l’événement est d’avoir réussi à mobiliser près de 6 000 personnes chaque année pour assumer les mille et un détails de l’organisation. Le succès du festival tient aussi à sa programmation très éclectique. Le fil conducteur est la qualité, mais nous ne nous fermons aucun horizon artistique. Notre plaisir est de constater qu’un jeune festivalier peut aller au-delà de ses éventuels a priori en appréciant un artiste de variété comme Pierre Perret ou Adamo tandis qu’une personne plus âgée venue pour des grands noms de la chanson s’éclate en découvrant des groupes électro ou hip-hop. La politique tarifaire des Vieilles Charrues est également importante. Nous avons toujours souhaité un festival bon marché et accessible au plus grand nombre.


Quel est le budget d’un tel festival ? Où sont les financements ?

Le budget du festival dépasse les sept millions d’euros. Les Vieilles Charrues sont financées essentiellement par leur public. L’autofinancement dépasse les 95 %. Cette donnée met une pression permanente sur l’événement. Le budget s’équilibre aux alentours de 150 000 entrées payantes par édition. La barre est haute. Les institutions (Conseil général, Conseil régional...) aident surtout le festival sur des opérations spécifiques. Le département du Finistère soutient, par exemple, la venue des festivaliers en transports en commun. Enfin, nous développons depuis quelques années une politique de partenariat avec des entreprises privées. Plusieurs sociétés sont devenues mécènes des Vieilles Charrues. C’est aussi, pour elles, une manière d’adhérer au projet atypique de ce festival, qui a toujours favorisé les entreprises régionales au moment de passer des commandes.


Comment faites-vous pour attirer des gens comme Yelle ? ZZ Top ? Motorhead ?

Le festival dispose désormais d’une notoriété européenne. Auprès des groupes et des professionnels du spectacle, il a acquis une vraie crédibilité. Nous recevons chaque année des milliers de propositions de groupes qui rêvent de se produire sur nos scènes. Pour les têtes d’affiche, le montant des cachets est souvent décisif. Il faut aussi prendre en compte la disponibilité des groupes sur la période du festival. Bien sûr, il est plus aisé de programmer des artistes en tournée.

Toutes ces stars à Carhaix-Plouguer, est-ce un choc pour eux ? Logent-ils sur place ?

Les capacités hôtelières de Carhaix sont très limitées. Nous logeons donc nos artistes un peu partout en Bretagne. Nombre de groupes voyagent et vivent dans leurs tours-bus lors de leurs tournées. Mais je vous rassure, personne ne dort à la rue en venant aux Vieilles Charrues ! Le vrai choc, pour les artistes et ce, quelle que soit leur notoriété, est l’accueil extraordinaire du public. Un artiste qui sait être généreux sur une scène des Vieilles Charrues reçoit beaucoup d’enthousiasme et de respect en retour. En toute modestie, je crois pouvoir dire que nous avons le meilleur public de France. Les artistes nous le confirment régulièrement. Certains quittent les scènes en larme, tant ce qu’ils ont vécu dépasse l’entendement. Cela a été le cas pour des gens comme Pierre Perret, M, Cali, Ben Harper et tant d’autres. Ces moments d’osmose entre les artistes et notre public sont incroyables. Ils nous donnent de l’énergie pour continuer cette superbe aventure artistique et humaine.

Quels regards portent tous ces grands noms de la musique sur les bagadous et la musique bretonne ? Viennent-ils écouter ? Vibrent-ils ?

Les bagadous et la musique bretonne en général gardent une place importante sur ce festival. Nous aimons faciliter les rencontres artistiques. Lorsqu’il est venu chez nous, le "Zoulou blanc" Johnny Clegg était accompagné du Bagad de Quimper. Ce mélange de cultures a offert un instant magique au public. Notre esprit est d’être conscients et fiers de nos racines régionales tout en étant ouverts au maximum sur le monde.

Illustration : affiche 2008 du festival
Propos recueillis par Manuel Atréide


Programme de l’édition 2008 :

INVITEE SURPRISE DUFFY !
ZZ Top, Motorhead, Ben Harper & The Innnocent Criminals, Gad Elmaleh, The Hives, Vanessa Paradis, Etienne Daho, Gossip, Christophe Mae, Matmatah, Yael Naim, The Kooks, Babyshambles, BB Brunes, The Wedding Present et bien d’autres encore !


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6 réactions à cet article    


  • Gracian Gracian 10 juillet 2008 16:34

    Et vive la Bretagne !


    • Manuel Atreide Manuel Atreide 10 juillet 2008 18:06

      Arf !!

      C pas de la pub et cela n’a rien à voir avec le fait qu’une partie de ma famille soit originaire des environs de Carhaix !

      Non honnêtement, c’est vrai qu’un festival aussi couru que les Vieilles Charrues dans une ville aussi improbable que carhaix, ça relève de l’impossibilité quantique ! D’ou, forcément, mon intérêt ...

      A pluche

      Manuel


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 10 juillet 2008 21:45

      Bonsoir

      Il y a aussi Marciac, aussi improbable que les vieilles charrues

      Je suis consterné de voir Maé à l’affiche, faut équilibrer le budget certes, mais pas en vendant son âme aux célébrités sans génie. Dire que Hawkwind se produit à Saint Palais et que c’est gratos


    • jason 11 juillet 2008 11:34
      Le populisme briseur de grève

      Spécialiste du mouvement nationaliste breton et de ses dérives, Françoise Morvan nous adresse un point de vue critique sur l’argumentaire des organisateurs des Vieilles Charrues.

      Le Festival d’Avignon ayant été annulé, tout le théâtre public se trouve payer très cher le prix de la solidarité avec les intermittents de spectacle. Mais le festival des Vieilles Charrues, lui, n’est pas solidaire car, à en croire les informations, priver le centre de la Bretagne d’Enrico Macias, ce serait l’endeuiller à jamais. Une chaîne de 3 000 personnes s’est formée pour défendre le festival qui ne demande pas d’argent à l’État français et qui rapporte gros.

      Contre le théâtre - le théâtre dit public par opposition au théâtre privé - qui a été en France l’un des derniers lieux de résistance, de passion et de générosité, poser le populisme version marchand de bière comme expression de la résistance d’un peuple opprimé, c’est la dernière illustration du " monde comme si " : le décor de théâtre qui s’effondre pour laisser découvrir comme horizon la blanche hermine et la Coreff (1).

      Pendant que, par milliers, comédiens voués à ne jamais plus pouvoir jouer, metteurs en scène condamnés à renoncer à leurs projets, professeurs trahis après deux mois de grève, archéologues réduits à mendier auprès d’organismes privés le droit de procéder à des fouilles de première nécessité se rassemblent sans que les médias s’en émeuvent plus que ça, voilà soudain qu’un sujet les passionne : le centre de la Bretagne qui se mobilise pour défendre, comme Astérix son village gaulois, le festival des Vieilles Charrues qui se déclare prêt à résister de toutes ses forces - oh, pas au MEDEF ! - aux intermittents du spectacle.

      Et c’est à Carhaix que s’ouvre le 14 juillet un forum social non pas local mais proclamé " de Bretagne ", comme pour court-circuiter le forum social régional. Un forum social ayant pour invité, chargé de se prononcer sur le thème " Culture et éducation ", Patrick Malrieu, militant nationaliste, qui, à en croire la feuille non moins nationaliste Bretagne hebdo, autre émanation carhaisienne, lors de la dernière manifestation en faveur du breton, n’hésitait pas à parler d’" ethnocide constitutionnel " infligé à la Bretagne par la France - Patrick Malrieu, longtemps président de la section littérature orale de l’Institut culturel de Bretagne et complice de ses pires dérives (réhabilitation de militants bretons collaborateurs des nazis, attribution de subventions à l’édition de textes racistes en breton, attribution du collier de l’hermine à des militants nationalistes au passé douteux).

      Le festival des Vieilles Charrues au service de qui ? En vue de quel projet politique ? Le forum social au service de quoi ? La défense de l’ethnie bretonne ? Le confusionnisme au profit de quel projet de société qui n’oserait pas se montrer à visage découvert ?

      Françoise Morvan

      Agrégée de lettre et docteur d’État, Françoise Morvan a publié, en 2002 chez Actes Sud, le Monde comme si, nationalisme et dérive identitaire en Bretagne, ainsi que des essais sur les fées et les lutins (Librio). Elle a également traduit de nombreuses pièces de théâtre.


      • Manuel Atreide Manuel Atreide 11 juillet 2008 11:50

        @ Jason ...

        De quand date cette prise de position de Françoise Morvan ? pour que cette contribution soit compréhensible par toutes et tous, encore faut-il la replacer dans son contexte !

        Donc, dois-je comprendre que le festival d’Avignon est annulé cette année, une fois encore ? Marrant, rien entendu à ce sujet !

        Ou dois-je comprendre que cette intervention date de plusieurs années , dans ce cas, la pertinence des propos de Mme Morvan est elle encore forte ?

        De plus, quid de l’impact du festival des vieilles charrues sur la vie d’une zone encore fortement enclavée ? Peut-on vraiment faire un parallèle entre une ville comme Avignon, fortement touristique et Carhaix qui est une petite ville au coeur d’une zone rurale peu fréquentée ? les vieilles charrues et le festival d’Avignon, c’est la même chose pour les acteurs du cru, pour ceux qui comptent sur ces manifestations pour trouver un peu de boulot et vivre ?

        J’avais suivi le débat à l’époque. Et si la question pouvait être pertinente, j’ai trouvé que l’analyse était en définitive superficielle et teintée de mauvaise foi. Car il suffit d’aller à Carhaix une seule fois pour se rendre compte que le Coeur Bretagne a besoin des vieilles charrues pour son développement. Alors, précarité pour précarité, celles des intermettents du spectacle est-elle plus digne d’attention que celle des "ploucs" bretons ?

        J’attends vos précisions. Et votre point de vue personnel, débarassé du masque des propos de Mme Morvan.

        Manuel Atréide


      • chmoll chmoll 13 juillet 2008 19:50

        Festival des Vieilles Charrues 

        ginette !! prend ton sac et ton manteau c ta fète

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