Hale dessus, c’est d’la morue, hale dedans, c’est du flétan
Deux ans se sont écoulés depuis la dernière édition du Festival du Chant de Marin de Paimpol. Et voilà qu’arrive déjà l’édition 2011 avec un programme tout aussi alléchant pour tous ceux qui aiment la mer et les marins, les chants de travail, les mazurkas et les passepieds, l’odeur des embruns et celle du hareng fumé. Tous ceux qui aiment aussi les vieux gréements, présents à chaque édition en grand nombre dans les bassins du port de Paimpol. Embarquement pour une nouvelle aventure à laquelle tout le monde est convié du vendredi 12 au dimanche 14 août, y compris les moussaillons et les « poulies coupées »*...
Chants à hisser, chants à virer, chants à haler, chants à ramer, tous les chants de travail de la marine à voile seront interprétés, soit sur l’une des quatre scènes, soit sur le pont de la gabare La fée de l’Aulne, ou bien encore en déambulation sur les quais, par des dizaines de groupes français ou étrangers, le plus souvent avec un accompagnement instrumental, parfois a capella, à l’image des étonnants polonais de Banana Boat ou des incontournables shantymen britanniques de Stormalong John. On entendra des chants de terre-neuvas et de baleiniers, des chants de La Royale (marine de guerre), des chants de clippers, des chants de mariniers, entonnés ici par des formations méconnues, là par des groupes mythiques tels Cabestan et Djiboudjep. Sans oublier le talentueux Michel Tonnerre, dont on écoute toujours avec émotion Mon p’tit garçon, ou Les marins d’Iroise, tout auréolés de la soudaine notoriété nationale que leur vaut leur dernier CD.
Il y aura, dans cette profusion de chants, de la joie, de la mélancolie, de la souffrance, de l’amour évidemment, mais aussi de la tragédie. Une tragédie dont les festivaliers prendront pleinement conscience à 4 kilomètres de Paimpol en découvrant dans le petit cimetière de Ploubazlanec l’émouvant mur des disparus en mer, humble hommage aux 2000 morts de Paimpol et des environs qui ont laissé leur vie dans les eaux glacées des bancs de pêche d’Islande ou de Terre-Neuve.
Distro ar Gelted (le retour des Celtes)
Cette 10e édition du Festival, tout comme ses devancières, ne se limitera toutefois pas à la seule musique des gens de mer mais fera également la part belle aux musiques du monde. Après des incursions dans les cultures d’Amérique, d’Afrique ou d’Asie, Paimpol 2011 se recentrera sur l’Europe avec un éclatant retour des musiques celtes. L’occasion de découvrir ou de revoir avec un immense plaisir les mythiques Irlandais du groupe The Chieftains (BO de Barry Lyndon), le virtuose galicien de la gaïta et de la flûte Carlos Nuñez (il sera associé au Breton Dan ar Braz), la grande dame irlandaise Sinéad O’Connor, le groupe Gaëlic Storm (BO de Titanic), les superbes galiciens de Milladoiro ou les vétérans bretons de Gwendal. Celtes également mais plus orientés pop-rock, les légendaires irlandais de The Waterboys ou les non moins légendaires écossais du groupe Simple Minds.
Toute règle possède une exception. Dans cette programmation à la fois très maritime et très celtique, la séduisante chanteuse... indienne Susheela Raman saura, n’en doutons pas, tirer son épingle du jeu. Elle devra pourtant faire avec une concurrence redoutable, eu égard à la qualité du plateau. La qualité, mais aussi l'humour, symbolisé par Les Goristes (Brest même !) venus du Finistère avec leurs iconoclastes chansons, ou les régionaux du Festival, Les souillés de fond de cale, dont la formation est née à Paimpol lors de la 1ère édition en 1991 ; 20 années de concerts et de tournées qu’ils fêteront avec le Bagad de Plouha.
300 vieux gréements dans le port, une soixantaine de groupes musicaux, des bagadou, des fanfares, des moules-frites, des galettes-saucisse, des harengs fumés ou marinés, de la bière, des rires, de l’émotion, bref une formidable ambiance festive pour petits et grands. Tout cela pour seulement 20 euros la journée (4 euros pour les moins de 14 ans) ou 40 euros les trois jours (8 euros pour les moins de 14 ans). Un véritable prix d’ami pour de la musique sur les quais dès 10 heures du matin et des concerts chaque jour de 14 heures jusqu'à près de 2 heures du matin.
Degemer mat e Gouel Kan ar Vartoloded ! (Bienvenue au Festival du Chant de Marin !)
* « Poulie coupée » était le nom sous lequel était jadis désignée de manière imagée la femme, interdite tant sur les bateaux de pêche que sur les navires de la « Royale », autrement dit de la marine de guerre.
Á déguster sans modération pour tous ceux que les chants de marins intéressent : le site chants-marins.info
Documents joints à cet article
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON