Jack Kirby : une anthologie dorée
Voici une anthologie d’œuvres réalisées par Jack Kirby pour Marvel, collection Marvel Deluxe, éditée chez Panini Marvel France en 2006.
20
histoires réalisées entre 1940 et 1978 par Jack Kirby, parfois dessinateur,
parfois aussi scénariste, et sélectionnées par Greg Theakston, spécialiste des
comics.
Très beau livre, au toucher agréable, qui nous replonge dans les prémisses du Golden age des comics au travers du travail d’un des deux piliers du Marvel Comics Group, Jack Kirby (celui qui, avec Stan Lee, a donné naissance aux super-héros les plus célèbres de la planète). On s’aperçoit ainsi que l’homme est arrivé à force de volonté et de talent, a essuyé des échecs mais a toujours su faire face, jusqu’à ce que la gloire survienne. Si les trois premières histoires (datant de 1940 et 1941) apparaissent bien datées, on y sent, derrière les poses outrées et les visages inexpressifs, cette dynamique extraordinaire que l’artiste allait savoir instiller dans ses cases à l’avenir. Le trait est encore peu affirmé, les personnages assez sveltes avec un graphisme qui rappelle Steve Ditko. On y retrouve tout de même Captain America, dans l’aventure qui l’a vu naître – maintes fois réécrite par la suite.
Puis on saute aux années 1960 pour le gros morceau : Hulk, les Vengeurs, Thor et surtout les Fantastic Four, avec l’incontournable saga du Silver Surfer. Entre 1962 pour les origines de Hulk et 1967 pour la série Thor, avec inévitablement son compère Stan Lee comme scénariste, on y trouve un Kirby aux traits explosifs, aux personnages plus denses, dans une mise en page demeurant classique, mais avec un souci du décor qui explose, grâce au savoir-faire accumulé dans des récits de Strange Tales : il utilisera le moindre prétexte pour laisser libre cours à son goût pour les machines compliquées, les appareillages tortueux et les armes destructrices. Dans le même ordre d’idées, le design de Galactus est symptomatique : en mettre plein la vue tout en donnant cette idée d’infini, d’inconcevable, de définitivement non-humain (ou surhumain). Si on peut désormais sourire devant les discours pompeux des personnages sous la plume d’un Stan Lee inspiré et verbeux, la vision de certaines planches force le respect. Kirby a trouvé son style, qui colle autant aux personnages de soldats ou de lutteurs qu’aux héros virils – sans être disproportionnés, les bras et les cuisses sont massifs, les poses dynamiques, les combats dégageant une vraie impression de puissance. Autant dans la description d’Asgard que dans celle de la machinerie de Galactus, Kirby s’en donne à cœur joie dans la démesure. Seule faiblesse : les personnages féminins qui perdent de leur charme et semblent coulés dans un moule unique – à la différence d’un John Buscema par exemple, plus attaché aux expressions corporelles et attitudes.
La dernière partie nous montre des travaux des années 1970, avec la série des Inhumains ou celle des Eternels, dans laquelle il a réussi à dépeindre avec maestria les Célestes au cœur d’histoires qu’il a lui-même écrites. Cette fois, même les cases se plient à sa volonté de grandeur, et voir une cohorte de Célestes à l’œuvre est un spectacle impressionnant. Parallèlement, sa série sur Captain America prouve combien il est à l’aise dans l’action pure, brutale et la montée du suspense : il n’y a plus le lyrisme cher à Stan Lee, on est dans le thriller nerveux. Ses héros foncent et sont souvent montrés de face, plongeant vers nous, une main tendue prête à sortir du cadre.
Des histoires fortes et des personnages aux destins hors-normes étaient faits pour être illustrées – racontées – par lui. Son influence est énorme et se sent encore aujourd’hui, ne serait-ce que dans le dessin de ces super-vilains colossaux qui défient les lois de l’Univers. Sans lui,
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