L’homme du Béarn
Près de Pau, au pied de Pyrénées, c’est là qu’il vit. Amoureux du Béarn, il y a acheté une vieille ferme et c’est là qu’il veut mourir. À la recherche d’un « middle way of life », il trouve dans ce lieu rustique des valeurs saines qui n’ont rien de commun avec le paraître, l’argent et les frimeurs. En janvier, Il répond à une interview à la Dépêche : "- Les qualités que tu préfères chez un homme ? L’humilité, être capable de reconnaître quand on se trompe. - Et les hommes qui t’insupportent ? Les lèches cul, les frimeurs…"
Et oui, il est comme ça, Murray Head !
Murray Head s’étonne toujours que plus de 30 ans après, son tube planétaire "Say it aint’ so" soit considéré par les Français comme une chanson d’amour alors qu’il a écrit une chanson politique. "Mais bon ce n’est pas grave…", dit-il.
La chanson dit : "Je suis sûr qu’ils nous racontent des mensonges, Joe", "Oh bébés, ne pensez vous pas qu’on va être brûlés", "On va se faire avoir", et le refrain : "dis-moi que ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées". L’artiste reste discret sur le sens à donner à ce texte, et c’est mieux car le sens n’en est que plus général et plus intemporel.
Selon Wikipedia, la chanson retrace l’histoire de Joe Jackson, une star déchue du baseball des années 1920 qui tomba en disgrâce, avec d’autres joueurs des White Sox de Chicago, dans une histoire de parties truquées. La célèbre phrase fut lancée par un jeune admirateur désabusé qui cria avec angoisse « say it ain’t so, Joe ! » (« Dis-moi que c’est pas vrai, Joe ! »).
Mais des internautes donnent une autre version dont une en rapport avec l’affaire du Watergate : "Dis-nous que ce n’est pas vrai Joe ! Dis-le nous que tu n’as pas fait poser des micros dans l’immeuble (qui s’appelait Water Gate) du parti démocrate ! Toi en qui on avait confiance !" Joe serait en réalité Richard Nixon. Un fan du chanteur déclare l’avoir entendu dire que cette chanson était politique en rapport "avec toutes les histoires politiques en Amérique et en Grande-Bretagne à cette époque-là".
On trouve aussi un point de vue qui fait la synthèse des deux histoires. "Sayt it aint’ so Joe" aurait été suscité par un documentaire des années 70 sur Richard Nixon, avant sa démission. Le présentateur demandait à l’éditeur du journal d’une petite ville hors de Washington, comment face à des preuves décisives ses lecteurs pouvaient encore montrer une telle dévotion pour le président qu’ils avaient élu. L’éditeur associa cette situation à un scandale des années 20, quand Joe Jackson, le célèbre joueur de baseball, fut soupçonné d’avoir touché des pots-de-vin pour couler son équipe à la finale du championnat. Ses fans traînaient au stade en fredonnant "Say it ain’t so Joe".
Pour ma part, je pense que l’inspiration initiale est bien celle qui est fournie par Wikipédia : Le Joe du texte serait le Joe Jackson, ce grand joueur de baseball qui aurait accepté en 1919 de perdre la finale pour de l’argent, trahissant son équipe et ses fans. On sait que Murray Head ne tient pas les tricheurs et ceux qui adulent l’argent en haute estime. Quand il a débuté sa carrière, il ignorait qu’on pouvait gagner de l’argent en faisant ce job ! Mais la portée du texte doit bien être entendue dans un sens universel qui s’applique à toutes les affaires truquées ou de corruption.
Le plus français des chanteurs anglo-saxons garde un capital sympathie très grand auprès du public grâce à cette chanson, qui donne encore le frisson à toutes les générations, mais aussi du fait de sa grande simplicité. On aimerait le voir plus souvent à la télévision.
L’homme du Béarn a sorti un album en 2008 - "Rien n’est écrit" - qui montre qu’il ne se résout pas à la fatalité et au défaitisme ambiant.
Dis-nous que tu ne vas pas mourir de sitôt dans ta ferme du Béarn, Murray ! Say it ain’t so Murray !
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